Ils sont venus en nombre des 4 coins du monde (50 pays !) pour se réunir sur les hauteurs varoises à proximité du joli village du Castellet sur le circuit Paul Ricard. « Ils », ce sont les participants au Mini United Festival 2012, un événement d’envergure lancé en 2005 et qui se tient tous les 2 ou 3 ans. Cette quatrième édition faisait suite à l’édition 2009 qui célébrait les 50 ans de la marque et qui avait accueilli 25.000 personnes à Silverstone, un record ! La météo clémente, le lieu attirant et le succès grandissant de la marque en même temps que le catalogue a fait que plus de 30.000 personnes ont répondu présentes, certains effectuant même plus de 6500 km pour venir de Russie. En Mini bien évidemment ! Ce record d’affluence s’explique-t-il par la simple communion autour d’une marque automobile, d’un modèle ? C’est ce que nous avons cherché à découvrir en nous immergeant dans la foule, à bord d’un tout nouveau Mini Cooper S Roadster que nous avons par ailleurs pu tester en piste et sur route.
L’auto, pas que du paraître
Pour tout dire, lorsqu’on nous a tendus les clés d’une brillante Mini Cooper S Roadster de couleur verte pour nous rendre au Mini United, Adrien et moi nous sommes regardés … et avons douté. Dans le sud, 2 gars dans une Mini 2 places décapotable verte, ça peut vous coller une réputation ! Il est vrai que malgré tous ses efforts, la Mini n’arrive pas à se départir de l’image d’objet tendance à destination des minets citadins fan de marques connues ou des filles victimes de la mode. Quand on est amateur de voiture de sport qui sent l’essence et la transpiration de son pilote, on est rarement heureux de s’installer dans une auto fashion. Oui, les clichés ont la vie dure et les 3 jours du Mini United vont nous permettre de vérifier si ces préjugés sont basés sur du concret ou pas !
Le look craquant de la première mouture continue de séduire après sa revitalisation par BMW il y a 11 ans. Mieux, les dérivés (dérives ?) comme le Countryman qui s’éloignent de l’esprit originel ne choquent pas les amateurs de la marque qui y voient la chance de pouvoir rester dans le giron de leur marque fétiche. Notre Roadster fait même tourner les têtes et peu de femmes résistent à son attrait, d’autant plus que le coffre est imposant avec ses 240 l. L’habitacle toujours aussi original participe lui aussi au sentiment des propriétaires de posséder un objet tendance remarqué. Certes, le soin apporté au look ne cache pas une finition parfois légère de l’ensemble mais qui s’en soucie vraiment ? Si vous faites la remarque, on vous dira que de toutes façons que c’est toujours mieux qu’une voiture triste à la finition tout aussi légère ! Et puis, si vous critiquez la capote manuelle et non doublée, on vous dira qu’elle est pratique et rapide à manœuvrer, ce qui est vrai !
La Mini originelle était d’une fermeté qui a probablement contribué à l’invention du soutien-gorge à armature métallique ...
La Mini originelle était d’une fermeté qui a probablement contribué à l’invention du soutien-gorge à armature métallique et la version revival made by BMW première du nom était une descendante pas très éloignée de son aïeule sur ce plan là. Les premiers kilomètres en Roadster sont donc positivement surprenants, la Mini n’ayant rien du bout de bois attendu ! Autre déconvenue, la fameuse conduite typée karting lue et relue dans tous les magazines automobiles ne se vérifie qu’à faible allure. Dès que l’on hausse le ton, le Roadster offre des mouvements de caisse tout à fait convenables pour une auto à vocation « dynamique » et on est loin de virer à plat comme on l’entend trop souvent. Une Renault Clio R.S châssis cup est autrement plus ferme, ce qui n’est pas forcément mieux en usage courant. Notre modèle disposait du 4 cylindres 1.6l turbo de 184 ch et 260 Nm de couple équipée d’une boîte automatique qui devait en « manger » une bonne poignée. Pas extrêmement lente mais pas très rapide non plus, nous ne saurions trop vous conseiller de préférer la boîte manuelle si vous avez en tête de vous amuser au volant.
En fait, le plus ennuyeux au début de cette « relation » concerne la direction qui à la réaccélération amène l’auto à suivre le relief de la chaussée et donc le conducteur à corriger en permanence au volant ce qui n’est pas très rassurant en conduite très soutenue. Puis, ma curiosité et ma conscience professionnellem’amènent à passer en mode sport (l’échappement se met alors à crépiter au lever de pied) puis à désactiver le contrôle de traction dynamique DTC qui comprend le blocage électronique de différentiel EDLC puis celui de stabilité DSC (tous en option). C’est alors que l’on retrouve une auto plus cohérente où la relation entre l’accélérateur et le volant redevient naturelle. La conduite se fait alors plus précise et on découvre une auto plutôt intéressante, même pour les vrais amateurs de « pilotage ». Une session de 20 mn sur la partie école du circuit Paul Ricard (une activité ouverte à tous lors du Mini United) nous a même permis de pousser l’auto à la limite et de découvrir avec une certaine surprise un comportement compatible avec la pratique de la piste ! Qui pouvait penser que ce cabriolet fashion au possible possédait un train avant parfaitement directeur même lors des freinages les plus reculés et qu’elle possédait une poupe assez mobile pour la faire entrer dans les épingles comme une vraie pistarde ? Pas moi en tout cas.
Je me rappellerai probablement toute ma vie de ce « racer » italien bouchonnant dans sa Mini JCW rabaissée et stickée course détourner le regard alors qu’il se faisait passer à l’extérieur par un cabriolet vert d’origine ! Ou encore, à la fin de la session, l’extrême discrétion de ce propriétaire en mitaines rouge assorties à sa Mini qui est venu nous intimer l’ordre de le laisser partir devant car « il ne supportait pas d’être gêné par des lents qu’il n’hésiterait pas à pousser s’ils ne s’écartaient pas ». Mais n’allez pas croire que tous les propriétaires de Mini ressemblent à cela, nous avons enquêté !
Le Mini United Festival, la meilleure pub qui soit
L’évènement n’a rien d’un simple pique-nique en rase campagne, c’est un parc d’attractions (toutes les énumérer serait trop long) éphémère de 3 jours qui tournent autour du thème de la Mini. Chez Disney, c’est Mickey et ses copains, au Mini United, c’est la Mini et ses sœurs ! Si beaucoup de spectateurs arrivent effectivement en Mini et bénéficient de réductions, l’auto est plus le prétexte à venir vivre une expérience formidable qu’une réunion de geeks fanatiques admirant leur fétiche. Certes, vous trouverez quelques exemplaires de ce type de personnage dans la partie réservée aux clubs (24 au total) mais dans l’ensemble, même ces jusqu'au-boutistes tiennent un discours plutôt raisonné puisque certains avouent qu’une Citroën DS3 est plutôt sympa avant de préciser tout de suite après qu’il lui manque une chose essentielle à leurs yeux : une histoire ! Au gré des stands, vous découvrez un club italien dont les membres semblent s’intéresser surtout à la quantité de chevaux qu’ils peuvent faire entrer sous ce capot avec force turbos et compresseurs puis vous tombez sur des amateurs qui voient dans la Mini un moyen de transport (en gros, ils se foutent de la voiture mais adore le look et l’ambiance autour), vous avez aussi quelques fous de Mini depuis 1959, des filles qui adorent personnaliser leur auto au pinceau, des mères de famille, des grand-mères, des bouffons, des familles, des couples, des discrets, des exubérants, bref une pléiade de gens que l’on peut ranger dans toutes les tranches d’âge possible : tout ceci tendrait à confirmer quelque chose qui se murmure et qu'on n'a du mal à croire tant qu'on n'a pas dépassé les 35 ans : la jeunesse est moins dans le corps que dans la tête !
On se surprend aussi à découvrir des gens qui aiment l’ambiance mais pas forcément la voiture car le Mini United est avant tout une énorme fête où l’on s’amuse toute la journée, où l’on découvre des expositions d’autos étonnantes, des œuvres d’art où l’on assiste à des courses, où l’on mange, on boit, on dépense et se dépense, on dort, on tente des challenges ridicules mais surtout où l'on danse sur de la bonne musique puisque les concerts nocturnes étaient assurés par quelques inconnus du calibre de Gossip, Martin Solveig, Iggy Pop ou Charlie Winston. Entre autres. Au final, on comprend qu’après une petite période de maturation, toutes les personnes présentes qui n’ont pas encore basculé dans l’univers Mini pourraient bien inclure la marque dans leur shopping list à venir sans même y réfléchir, par simple réflexe inconscient en souvenir des bons moments passés sur ce type d’évènement où vous avez sincèrement l’impression d’appartenir à une famille. Les autres déjà plus ou moins piqué reprennent une dose pour les 10 années à venir ! Et à notre époque, ce sentiment d'appartenance à une communauté est d'une importance si grande pour certains qu'il conduit souvent à ne pas regarder de trop près le montant que vous inscrivez sur le chèque lorsque vous entrez au club. C’est ça le succès de Mini.
Cette opération de communication géante à prix tirés (45 euros les 3 jours, c'est donné) qui demande quand même une santé de fer pour être suivie dans son intégralité accepte à bras ouverts tous ceux qui veulent bien venir et, au final, l’esprit qui y règne est le meilleur slogan possible pour une marque qui ratisse beaucoup plus large que ce que l’on pense. On peut critiquer l’objet, le trouver too much, estimer son prix peu en rapport avec les prestations offertes, il n’en reste pas moins que c’est un produit qui attise la passion pour l’automobile. Alors que notre époque voit croître une autophobie démagogique détestable, personne n'a le droit de critiquer la démarche de Mini, encore moins les amateurs de sportive qui se plaisent souvent à railler les propriétaires de Mini. Et ce d’autant plus que sur la route voire même sur la piste, une Mini est loin, très loin d’être soporifique. Tout comme le Mini United Festival d’ailleurs !
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération