Il est vingt-deux heures et ce soir je n’ai que cette magnifique citation, remarquablement traduite, à vous proposer…
« Maintenant, c’est une déesse honorée, partout célébrée par le peuple
Vêtu de lin ; maintenant, Epaphus, né, croit-on, de la semence
Du grand Jupiter, a dans maintes villes des temples élevés
Près de ceux de sa mère. Il a l’âge et le caractère du fils du Soleil,
Phaéton ; un jour que celui-ci parlait abondamment
Sans vouloir lui céder, tout fier de son père Phœbus, le petit-fils
D’Inachus ne le supporta pas et lui dit : « Tu est fou de croire tout
Ce que dit ta mère et te gonfler d’orgueil pour un père d’emprunt ! »
Phaéton rougit, de honte refoula sa colère et rapporta
A Clymené sa mère l’invective d’Epaphus :
« Et pour ajouter à ta peine, ma mère, lui dit-il, moi, si libre,
Si impulsif, je me suis tu ; j’ai honte qu’un tel affront ait pu
Nous être adressé sans que j’aie pu trouver de réplique.
Mais s’il est vrai que je suis de naissance divine, donne-moi,
Toi, une preuve d’une telle origine et montre que je suis du ciel. »
Sur ces mots, il entoura de ses bras le cou de sa mère
Et la pria de lui dire, en jurant sur sa vie, sur celle de Mérops
Et sur le mariage de ses sœurs, l’entière vérité sur son père.
On ne sait si Clyméné fut ébranlée par les prières de Phaéton
Ou plutôt furieuse de se voir accusée ; elle tendit ses deux bras
Vers le ciel et, contemplant l’éclat du soleil, elle dit :
« Par cette extraordinaire splendeur qui darde ses rayons,
Mon fils, par celui qui nous entend et qui nous voit, celui
Que tu contemples, celui qui règle l’univers, tu es bien, je te le jure,
Issu du Soleil. Si je mens, qu’il décide lui-même que je ne le verrai plus
Et que sa lumière soit à mes yeux la dernière.
Tu peux du reste, sans trop de difficulté, connaître tes aïeux paternels :
Le lieu où ton père se lève est voisin de notre pays :
Si le cœur t’en dit, va donc l’interroger directement. »
Aussitôt, tout heureux des paroles de sa mère, Phaéton
Bondit et se voit déjà dans l’éther ;
Il traverse ses terres d’Ethiopie et les terres indiennes sous le feu
Des étoiles, et se dirige en toute hâte vers l’orient paternel. »
Ainsi se termine le livre premier des Métamorphose d’Ovide, dans la traduction du latin par Danièle Robert publié dans la collection Thesaurus des éditions Actes Sud (2001, 736 pages, 25 €).
Bonne nuit, bonjour, à demain.
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