Sébastien Ogier, malgré une fin de saison compliquée en WRC, a su finir l’année sur une bonne note avec une 5e place au Rallye du Var. Le Français affirme n’avoir pas perdu confiance, et ne pas nourrir de regret d’avoir terminé 4e du championnat.



AUTOhebdo.fr : Sébastien, vous terminez cinquième du Rallye du Var, malgré des conditions difficiles. Comment jugez-vous votre performance ?

Sébastien Ogier : Ce n’était pas un Rallye du Var comme les autres à cause des conditions météo… mais ça fait deux ans que je viens et ça a souvent été comme ça, avec beaucoup de pluie et des conditions difficiles. Dans ce contexte, je trouve que nous avons réalisé une belle performance. Finir premier du groupe R et cinquième au scratch avec la Citroën DS3 R3, on ne pouvait pas espérer beaucoup mieux. On a été en bagarre avec Manu (Guigou, Renault Clio R3) tout le week-end, souvent proche de lui. Il est une référence dans cette catégorie, il connaissait très bien le rallye et sa voiture. De notre côté, on découvrait les deux, d’autant que quelques soucis nous ont fait perdre du temps. Dans l’ensemble, on a bien roulé.


Vous ne vous êtes pas agacé de voir Manu Guigou toujours devant, même quand vous mettiez le maximum ?

Non car, quand la voiture fonctionnait bien et qu’on avait bien roulé, on était devant lui. Mais c’est vrai qu’il nous a fallu un peu de temps pour se mettre dans le bon rythme, nous adapter à la voiture. Les soucis de frein sont aussi allés dans le bon sens, ce qui nous a permis de pouvoir mettre le maximum en fin de rallye. Quand on a pu donner le maximum, on était souvent dans le bon rythme.


Vous avez évoqué régulièrement des problèmes de freins qui chauffaient trop. Avez-vous adapté votre pilotage ou une correction mécanique vous a aidé ?

Il faut reconnaître que ce sont les conditions climatiques qui nous ont aidé, l’eau ayant permis un meilleur refroidissement des freins le dernier jour. Mais l’équipe va travailler là dessus. C’est tout de même un point positif car, même avec le temps que l’on a perdu ce week-end à cause de ça, on a réussi à rester en bagarre avec Manu. Le jour où ce problème sera réglé, la voiture sera vraiment bien.


A l’issue de ce dernier rallye de l’année, quel bilan faites-vous de votre saison 2010 ?

C’est une très belle saison. C’est vrai que l’on a terminé moins bien que prévu la saison du WRC (trois fautes successives en France, Espagne et Grande-Bretagne). Malgré tout, ça reste une très belle saison. C’est l’année qui nous a permis d’exploser au plus haut niveau. On est maintenant capables de se battre aux avant-postes sur des rallyes mondiaux ; le bilan de cette année est très bon. On est maintenant impatients de commencer la prochaine, avec une grosse remise en question, notamment au niveau de la nouvelle voiture. On a la chance d’arriver pour rouler avec cette nouvelle voiture et de participer à son développement. Ca ne peut être que positif.


Vous avez terminé la saison de WRC par trois rallyes difficiles, comme vous venez de le rappeler. Pensez-vous qu’il vous manque quelque chose pour vous battre pour le titre de Champion du Monde ?

De toutes façons, pour battre quelqu’un comme Sébastien Loeb, il faut faire une saison exceptionnelle. Cette année, il prend le départ de 13 courses, pour 12 podiums et huit victoires, et toujours dans les points. C’est un bilan exceptionnel et pour battre quelqu’un comme ça, ce sera très, très dur. Mais nous n’en faisons pas une obsession. Nous allons essayer de faire la meilleure saison 2011 possible mais nous savons qu’il nous reste quelques années devant nous, normalement, pour le faire. Si nous ne le faisons pas l’année prochaine, ce ne sera pas très grave. Il ne faudrait surtout que l’on essaie de le faire dès l’année prochaine et que l’on se grille à cause de ça. Mais c’est certain qu’avec quelqu’un comme lui en face de nous, ce ne sera pas facile.


Ne craignez-vous pas d’assister à un énorme duel entre les deux pilotes Citroën ?

Ce serait une bonne chose pour moi ! Il sera forcément dans le coup donc, s’il y a un gros duel, ce sera bon signe pour moi, je serai dans le coup aussi. Il faut avant tout continuer à faire gagner Citroën, car c’est aussi pour ça que l’équipe continue en Championnat du Monde. D’avoir Seb avec nous, ça nous tirera forcément vers le haut.


Dans l’équipe Ford, quel pilote sera votre plus redoutable adversaire ?

Je pense que Latvala sera le plus dangereux. Il a la meilleure pointe de vitesse et il commence à être de plus en plus régulier. Il est jeune et c’est un concurrent que je risque de retrouver durant toute ma carrière.


Comment expliquer que Mikko Hirvonen ait passé la saison en retrait, lui qui a failli être Champion du Monde en 2009 ?

C’est difficile à dire. Il a très bien commencé en Suède puis il a commencé à faire des erreurs. Il a fait ensuite une grosse sortie en Finlande, qui l’a bien refroidi. Depuis, on ne l’a plus jamais revu faire un temps.


La perte de confiance, quand on ne fait plus de résultats, peut conduire à ne plus aller chercher les limites ?

Ce n’est jamais facile de sortir des périodes de doute, quand les résultats ne sont pas là. C’est compliqué pour tous les pilotes. Mais je trouve qu’Hirvonen n’a jamais été autant performant que Latvala, Loeb ou Solberg. L’année dernière, il avait fait une saison exceptionnelle de régularité mais, en performance pure, il est un ton en dessous des autres.


Vous concernant, ce Rallye du Var sans accroc peut vous rassurer après vos sorties en WRC ?

C’est toujours bien d’être à l’arrivée d’un rallye avec un bon résultat, même si ça n’a rien à voir avec la voiture que l’on pilote en mondial. Mais je n’ai pas perdu la confiance suite à mes trois mauvais résultats de fin de saison. Je ne regrette rien. J’ai essayé de faire des choses sur asphalte (France et Espagne). Je me suis fait piéger en Grande-Bretagne, comme tous les autres, mais un peu plus fort que les autres me concernant. C’est un rallye compliqué où c’est facile de faire des erreurs. C’est dommage d’avoir terminé comme ça mais je ne regrette pas. De toutes façons, dans six mois, on aura oublié le nom de celui qui a fini deuxième ou quatrième du championnat 2010. Il n’y a que la victoire finale qui compte.



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Ogier : « Seule la victoire finale compte »