Alors que PSA a entériné les 4800 suppressions de postes annoncés il y a quelques semaines, que l'industrie automobile américaine licencie à tour de bras, que les créations de site de production dans les pays d'Asie deviennent quasi-hebdomadaires et que le marché occidental sature toujours, la question de l'industrie automobile en France est plus que jamais d'actualité. Pour un futur gouvernement souhaitant réhabiliter le travail, il faudra faire en sorte que celui-ci reste dans le pays.
L'an dernier et malgré les créations de postes dans les pays en croissance, la perte nette d'emplois dans l'automobile a été chiffrée à 10.000 sur la planète. Comme quoi l'idée que l'automobile continue à créer de l'emploi au niveau mondial est également fausse.
Bref, les lourdes restructurations européennes du secteur sont malheureusement encore à venir.
Chez les anciens "Quinze d'Europe", le marché est en "croissance nulle" depuis 7 ans et les pertes d'emploi depuis 2000 sont estimées à 6% soit 117.000 postes. Les 3 dernières années marquant une nette accélération du phénomène.
Les analystes français montrent que la France en a déjà perdu 21.000 et ils s'attendent à une perte de près de 30.000 supplémentaires dans les 3 ans !
Le chiffre est important mais souvent invisible car avant que des constructeurs décident "d'alléger" leur masse salariale, les équipementiers étroitement liés trinquent les années précédentes. Et là, ça ne fait que très peu de bruit.
Tous ont alors l'obligation de partir dans des pays à la fiscalité et aux coûts de travail faibles pour espérer survivre. En cela, ils ne font qu'anticiper ce qui arrivera à court ou moyen terme à tous les secteurs automobiles, gros constructeurs généralistes historiques compris. Leurs usines tournent pour la plupart à vitesse réduite (on estime la surcapacité à 25/30%) et même des renouvellements de gamme ne semblent pas pouvoir leur redonner l'allant nécessaire pour conserver ces sites rentables. Le scénario américain actuel risque bien d'être décliné également en Europe si le rebond ne se fait pas.
Renault qui attend beaucoup de ses nouveaux modèles Twingo et Laguna est contraint au succès. Comme d'autres dont la vocation généraliste ne leur permet pas de garder des marges économiquement viables.
Selon des analyses diverses, l'avenir le plus "rose" semble laisser aux sites européens, les productions de berlines moyennes et haut de gamme dont on dit que les problèmes liés aux coûts de production sont moindres. Les inquiétudes maintes fois répétées des constructeurs allemands, pourtant en croissance forte, laissent craindre un autre scénario plus noir. Et notamment en France où le haut de gamme local n'a jamais su s'imposer (dans l'hexagone et ailleurs).
D'autres secteurs d'activité ont montré que même la "matière grise" est délocalisable (voire plus facile à délocaliser que l'industrie elle même). Les pays dits émergents comme la Chine ou l'Inde sont peuplés d'ingénieurs et de techniciens de grande qualité. A ce compte, on se demande comment on peut encore envisager un avenir souriant à l'automobile en Europe de l'Ouest où la tension sur les prix reste forte depuis des années?
En attendant les décisions les plus drastiques de délocalisation, il faudra certainement s'attendre à une période de transition où la flexibilité du travail sera de plus en plus large et la vie des ouvriers un peu plus "difficile". C'était tout du moins jusqu'à aujourd'hui une voie prônée par le nouveau Président élu.
Nicolas Sarkozy va se trouver devant des choix difficiles.
Comment relancer le secteur automobile dans le pays pour ne pas connaître ce qu'a connu la sidérurgie dans les années 70 ?
Et si on arrêtait de créer de l'autophobie dans ce pays et qu'on réhabilitait le plaisir Automobile ?
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