Le 17 décembre, dans la douce euphorie de la préparation des fêtes de fin d’année, personne n’a vraiment prêté attention à l’incroyable résolution anti-voitures votée par le Conseil de Paris, en catimini, sans concertation ni le moindre effort de communication. Il s’agit pourtant d’un véritable scandale, que résume à lui seul le chiffre de 177 % d’augmentation du tarif de stationnement. Objectif : récupérer de la sorte 55 millions d'euros chaque année, afin de compenser la baisse drastique de la dotation que l'Etat accorde à la ville (-400 millions par an).
Si les automobilistes parisiens ont appris depuis quelques années à composer avec de nouvelles obligations (plan de circulation plus contraignant dans certains quartiers avec multiplication des sens interdits, voies de bus élargies, pistes cyclables parfois à contresens de la circulation automobile, fermeture définitive de voies sur berges, etc.), la pilule passait car le stationnement résidentiel était avantageux : pour 3,25 €, l’on pouvait laisser sa voiture garée dans son quartier une semaine entière. Bref, il y avait de quoi se laisser tenter par les transports en commun ou les « circulations douces ». Las, ce (petit) avantage n’en est plus un : la carte de stationnement résidentiel, gratuite jusqu’ici, est facturée depuis hier 5 janvier 45 € par an (ou 90 € sur trois ans). Et le ticket hebdomadaire passe à 9 €, soit une hausse de 177 % ! Objectif : inciter les parisiens à garer leur voiture dans les parkings, à la grande satisfaction des sociétés gérant ceux-ci, à commencer par Vinci (que l’on cherche peut-être ainsi à amadouer dans la perspective d’une modération « forcée » des prix des péages). Ultime trouvaille de nos édiles, la suppression de la gratuité partielle du stationnement au mois d’août. Bref, tout ceci témoigne du peu de cas que font les élus parisiens des classes moyennes, que l’on préfère ouvertement piétonnes, cyclistes (donc plutôt jeunes et/ou en forme), sans enfants (donc se passant plus facilement de voiture). Bref, ils ne contenteront ici qu’une population écolo-bobo vivant totalement hors sol.
Banlieusards, restez chez vous !
Mais si la situation s’annonce difficile pour les Parisiens, elle le sera encore bien davantage pour les habitants de la petite et de la grande couronne. Déjà pénalisés au quotidien par un réseau de transports en commun au fonctionnement souvent erratique (pannes, grèves, retards, insécurité sur certaines lignes…), les banlieusards (et provinciaux) devront désormais composer avec des stationnements aux montants exorbitants : 4 € par heure dans les arrondissements centraux (du premier au onzième), et 2,40 € par heure dans les autres, du lundi au samedi (journée gratuite jusqu’ici), et ce désormais jusqu’à 20 heures (19 heures jusqu’ici). Le message est clair : si vous voulez polluer les petits poumons roses des parisiens avec vos méchantes voitures, cela vous coûtera cher. Mais il est vrai que l’avis d'« étrangers » ne compte guère, dans la mesure où ils ne votent pas à Paris. Simple calcul électoral. Toutefois, les élections régionales approchent et certains pourraient être tentés d’exprimer leur mécontentement dans les urnes. De plus, l’on peut imaginer que les commerçants installés dans Paris ne voient pas d’un très bon œil ce repoussoir à clientèle : l'automobile, c'est le mouvement, et le mouvement, ce sont les affaires… Ils pourraient donc eux aussi être tentés de le faire savoir. Et, il faut l'espérer, décourager les édiles d'autres grandes villes que l'exemple parisien pourrait tenter.
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