Dans les parkings publics, une minute peut carrément coûter une heure à l'usager. C'est d'ailleurs ce qu'il se passe le plus souvent, relève l'UFC – Que Choisir, dans une nouvelle enquête sur le sujet publiée ce mardi, puisque, sur les 826* parkings étudiés, 54 % pratiquent cette tarification de « toute heure entamée (…) due ». Pour exemple, à Paris au parking Réaumur Saint-Denis, « 1h02 de stationnement ne [coûte] pas moins de 9 € ! », constate l'association de consommateurs. Pour finir par tordre le cou à cette pratique, les sénateurs ont ainsi déposé un amendement visant à imposer la facturation à la minute dans les parkings publics, dans le cadre du projet de loi relatif à la consommation, qui leur est soumis en première lecture à partir de ce 10 septembre.

Un automobiliste qui entreprend de régler après une heure et une minute de stationnement ne devrait pas à avoir à payer « deux heures pleines », déplorent en substance les sénateurs. Dans de nombreux autres domaines, quand le prix de la prestation est déterminé a posteriori, la loi prévoit déjà bien que ce prix soit fixé « au regard de la prestation réellement consommée. C’est par exemple le cas en matière de téléphonie mobile avec la facturation à la seconde ». Pourquoi en serait-il autrement dans les parkings publics payants ?

Des écarts de prix conséquents en France

Mais rien n'est encore gagné ! Déjà lors de l’examen de la loi de protection des consommateurs en décembre 2011 sous le précédent gouvernement, le sénateur (UMP) Philippe Dallier avait tenté de faire adopter un amendement en ce sens. Un amendement qui avait d'ailleurs été adopté à l'unanimité par la haute assemblée, mais cela ne l'avait pas empêché de finir éliminé du texte définitif voté par les parlementaires. Et depuis rien n'a bougé. Une précédente enquête réalisée par une autre association de consommateurs, la CLCV, il y a plus d'un an et demi arrivait déjà au même constat : « la facturation d'une période indivisible est pratiquée dans 79,90 % des parkings étudiés », elle est même « supérieure à 30 minutes dans 67,65 % d'entre eux. »

Sans évolution législative, il parait donc difficile d'imaginer de vrais changements dans les conditions tarifaires proposées sur ce marché juteux, si l'on en croit l'étude de l'UFC. Ainsi, « la France apparaît comme un pays particulièrement rentable pour les opérateurs privés », comme Vinci, le leader mondial du secteur, qui gère plus du tiers des places de parkings en France. Selon l'UFC, si les pouvoirs publics imposaient une tarification au prorata du temps réel de stationnement, « l’économie pour les consommateurs pourrait atteindre au global 16,3 % ». « La réduction du coût du stationnement serait d’autant plus sensible que la durée de stationnement serait courte » : 33 % pour un stationnement de 40 minutes et 12,5 % pour une durée de 3h30.

A noter que selon son enquête, « le prix d’une heure de parking varie énormément d’une ville à l’autre ». En moyenne, il faut compter 1,80 € pour une heure de stationnement. Mais par exemple, le prix moyen à Toulouse est lui de 2,73 €, et « dépasse même 3 € à Paris (3,33 €) ! Ces moyennes cachent ainsi d’importantes disparités : à Paris, une heure de stationnement aux parkings Marceau ou Rivoli Pont Neuf est facturée 5 €, et 4,80 € au parking Clinique Pasteur de Toulouse ».


* Prix relevés du 30.08 au 06.09 2013 sur les sites internet des gestionnaires suivants : Vinci, Q-Park, Effia, Spie Batignolles et SAEMES.