Toujours d’après le même rapport d’Hervé Mariton, rapporteur spécial du budget des Transports à l’Assemblée Nationale, dont on avait déjà parlé la semaine dernière à propos des prévisions en hausse de 23% en 2009 pour les radars, la barre des 3000 tués sur la route que le gouvernement prévoyait d’atteindre d’ici 2012 ne peut être franchi en ne se reposant que sur la seule augmentation du nombre de radars.
Les radars automatiques ont commencé à pousser comme des champignons sur le bord des routes françaises à partir de 2002. En 2008, le nombre de tués sur les routes atteint 4274, soit une diminution de 43%. Devant une telle efficacité attribuée entièrement aux radars, Nicolas Sarkozy décide donc de faire installer d'augmenter le parc de radars jusqu'à 4500 unités avec comme objectif de descendre sous les 3000 tués en 2012. Mais alors qu’il reste encore 3 années, Hervé Mariton estime très peu probable d‘y parvenir de cette façon.
Car les deux années depuis la mise en place de cet objectif permettent déjà de déterminer la tendance. Et surtout d’en finir avec l’idée reçue selon laquelle « plus de radars = moins de morts ». Hervé Mariton est lui plus partisan du « moins de circulation = morts de morts », une lapalissade qui, une fois énoncée et appuyée par des statistiques, prend tout son sens. Par exemple, les 600 radars de plus ajoutés entre 2006 et 2007 auraient permis de réduire les victimes de la route de seulement 1,9%. Mais les 200 radars installés en plus entre 2005 et 2006 auraient diminué le nombre de tués de 11,5%. Les radars 2005/2006 seraient-ils 18 fois plus efficaces que ceux de 2006/2007 ? Non, car selon Hervé Mariton, ces évolutions sont principalement dues au trafic, la contre-performance de 2006/2007 viendrait d’une augmentation de 0,8% de la circulation et les chiffres encourageants de 2005/2006 par sa diminution. Une théorie confirmée par les chiffres de 2008, où la baisse du nombre de tués de 7,5% serait à mettre sur le compte d’un recul du trafic de 1,5%... Et le député de conclure qu’à ce rythme, les 3000 morts ne seront pas atteints en 2012.
Pas la peine cependant de rêver, cela signifie pas que le raz de marée de radars soit sur le point de se tarir pour autant. Pour Hervé Mariton, il n’y a pas « trop » de radars, c’est juste qu’ils sont mal utilisés et donc pas assez efficaces. S’en suivent quelques suggestions dans leurs implantations, certaines intéressantes, d’autres inquiétantes. Commençons par les mauvaises nouvelles : la disparition des panneaux signalant l’imminence d’un radar fixe au profit d’annonces plus floues, signalant par exemple "portion de route de 10 km avec radar", et l’augmentation du nombre de radars embarqués, plus efficaces que les fixes car imparables. Mais d’autres suggestions du député sont à accueillir avec joie : finies les longues lignes droites au trafic léger parsemées de radar, Hervé Mariton souhaitent qu'ils ne soient plus implantés là où les automobilistes ont les conditions idéales pour rouler plus vite que les limitations, mais là où la dangerosité est la plus grande. Une véritable révolution, justifiée par quatre chiffres : 43% des radars sont sur des autoroutes et des nationales sur lesquelles la proportion des tués est de 15,3%, tandis que sur les communales et les périphériques où 3,8% des radars se sont faits une place, le nombre de tués passe à 21%. A se demander pourquoi cela n’a pas été fait de cette façon dès le départ.
Source : AutoActu
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