General Motors est placé sous le régime du Chapitre 11 depuis le 1er juin pour lui permettre d'opérer sa mue en toute sécurité. Un mois après, pour sortir de son statut d'entreprise mourante, les responsables vont, comme ceux de Chrysler, solliciter les juges du tribunal des faillites pour qu'il leur autorise l'éclosion d'un New GM. Pour cela, le juge doit permettre aux chefs du General Motors historique d'achever les membres de la famille jugés inutiles, d'amputer l'arbre généalogique de ses branches pourries, une sorte de purge intestine de grande ampleur, une saignée qui doit permettre la résurrection. Et comme dans les grandes sagas holywoodiennes, le patriarche, l'arme à la main, a dit au juge : "Laissez-nous faire, ou nous mourrons tous". Chantage à la Cour pourrait-être le titre du film.
Fritz Henderson est devenu le président de General Motors après que Rick Wagoner fut démissionné par la US Auto Task Force créée par l'administration Obama. Celui-ci est entièrement à l'écoute du département du Trésor qui perfuse et fait vivre GM depuis plusieurs mois déjà. Notre homme est donc allé devant les juges du tribunal des faillites pour leur expliquer que faute de feu vert à son projet (et celui du gouvernement), General Motors serait liquidé d'ici le 10 juillet. Ce projet consiste simplement en la vente des actifs intéressants du GM "ancien" (Chrysler, Cadillac ...) à la nouvelle entité baptisée "New GM" et à la liquidation du reliquat dont font tout de même partie Pontiac, Saab, Hummer, Opel ... etc.
Les juges qui avaient autorisé Chrysler à effectuer la même opération mais à une échelle forcément moins grande ne devraient pas aller à l'encontre de cette demande particulière sauf à se braquer devant cette méthode qui frise le chantage et qui consiste quand même à leur forcer la main. En effet, qui peut endosser la responsabilité de la liquidation d'un empire tel que celui de GM et des ses conséquences ?
Sûrement pas l'Etat américain qui injectera 60 milliards de $ dans le nouveau groupe. N'ayant pas trouvé d'investisseurs désireux de placer ses dollars dans ce New GM, ce sera donc le Trésor américain qui permettra de réaliser l'opération et qui deviendra de fait le propriétaire du groupe avec 61% des parts. Le syndicat UAW aura 17%,le Canada 12% et les créanciers 10%.
En fait, les responsables de GM entrevoient une rapide sortie de crise après ce régime plus que sévère qui devrait lui permettre de redevenir très vite compétitif. Les derniers résultats sur le marché chinois poussent en ce sens puisqu'on apprenait hier que les ventes de la Joint Venture de General Motors en Chine ont fait un bond spectaculaire de 38% au premier semestre 2009, permettant au groupe américain d'écouler 814.442 voitures, un record pour un constructeur étranger.
Mais ce n'est pas en Chine que le challenge le plus dur attend GM, c'est bien aux USA où il leur faudra regagner la confiance des clients et les parts de marché envolées. Et pour cela, sachez que pour obtenir le feu vert des juges, les responsables de GM n'ont pas seulement oser ce "chantage" de bonne guerre (aidez-nous, sinon on meurt) mais ils ont également consenti à ce que New GM soit potentiellement tenue responsable des défauts constatés sur les véhicules antérieurs à la création de ce nouveau groupe.
Une nécessité pour les clients, anciens et à venir.
Bref, quand le maître-chanteur est tenu de faire des concessions, ce n'est plus du chantage mais bien une négociation. New GM devrait pouvoir exister. Réponse imminente
Via Les Echos et Automotive News
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