Juste avant de partir pour les vacances, nos dirigeants ont ressorti de leur chapeau, pour le coup changé en chaussette de Noël, une conjoncture défavorable pour une automobile déjà à terre : la pollution engendrée par la circulation, délétère pour notre santé. A l'emporte-pièce, pour tenir le terrain médiatico-politique, les mêmes ont évoqué un flux alterné pour les vilaines voitures, rythmé par le chiffre pair ou impair de leur plaque. Une vision qui en dit long sur la qualité du regard de nos pontes sur l'auto, au moins aussi dégradée que celle de l'air ambiant.
Une mentalité binaire et arbitraire qui fait fi des salutaires progrès accomplis par les constructeurs, qui foule au pied la nécessité de circuler pour les automobilistes les plus modestes, sans oublier une étonnante amnésie sur les réflexions passées, mais pourtant pas si lointaines sur le sujet, d'un Comité interministériel de la qualité de l'air. Dit CIQA.
Avant d'aller plus loin, on rappellera que la circulation alternée en fonction du numéro pair ou impair des plaques a déjà été appliquée. C'était en 1997, exactement au 1er octobre, jour d'un pic de pollution. Il en avait résulté une baisse de 22% des émissions liées au trafic. Le CIQA, lui, voit plus large. Il a examiné la possibilité de classer les véhicules selon leur âge et leur degré d’émissions de polluants.
Une démarche objective qui prend en compte le fait que les véhicules neufs font l’objet de réglementations de plus en plus sévères, avec les différentes normes dites Euro. Ainsi, mise en service au 1er janvier 2011, la norme Euro 5 impose ainsi aux constructeurs des abattements de 80% des particules fines et de 20% (pour le diesel) à 25% (pour l’essence) des oxydes d’azote par rapport à la norme Euro4 précédente édictée en 2006.
Les constructeurs préparent déjà les véhicules Euro 6 en vigueur à partir de 1er septembre 2014. Les véhicules diesel devront encore abaisser leurs émissions de NOx de 50%. Autant de restrictions qui permettent cette conclusion : 20% des véhicules les plus anciens émettent 80% de la pollution.
Le CIQA a étudié la possibilité de classer les voitures en trois catégories. Les catégories 1 et 2 les plus polluantes représentent 20,5% du parc roulant actuellement, la catégorie 3, 17,5% et les 4 et 5 les moins émissifs et les plus récents 62,2% du parc. Au final, il ne s’agira pas seulement d’apposer une étiquette de couleur sur le pare-brise mais bien d’interdire l’accès des catégories 1 et 2 aux centres.
En Europe, certaines grandes villes ont adopté la démarche en dessinant des « low emission zone ». Des LEZ qui seraient baptisées ZAPA dans notre verte contrée, ceci pour "Zone d’action prioritaire sur l’air". Maintenant, en 2012, huit agglomérations devaient tester la faisabilité de ces zones, mais avaient renoncé devant de nombreux obstacles réglementaires. L’association Airparif avait même élaboré près de 400 scénarios pour Paris et sa proche couronne. On le voit, ce qui est possible à Berlin ou encore à Londres est plus compliqué à orchestrer dans nos cités gauloises.
C'est pourtant par ce biais que l'on arrivera à taillé à peu près une cote sur un sujet qui est également fiscalement intéressant puisque le principe n'est pas qu'incitatif. Au travers d'amendes salées, il est aussi coercitif. Quant à celles et ceux qui ne peuvent se payer une voiture dernier cri, ils n'ont pas la côte et restent avec leurs haillons dans ce bras de fer entre circulation et pollution.
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