Hier, le ministre de l'environnement polonais Jan Szyszko et le commissaire européen à l'environnement Stavros Dimas, réunis à Bruxelles, ne sont pas parvenus à débloquer les négociations sur un projet controversé : la construction d'un tronçon d'autoroute de 40 kilomètres qui menace l'équilibre écologique de la vallée de la Rospuda. Cette zone marécageuse protégée du nord-est de la Pologne, à la frontière lituanienne, abrite des espèces rares d'oiseaux comme le grand tétras. Varsovie souhaite continuer les travaux mais Bruxelles n'entend pas se laisser faire : "Nous prévoyons d'envoyer, ces prochains jours, un second avertissement à la Pologne, et de saisir la Cour européenne de justice pour demander une suspension des travaux, avant que des dommages irréversibles ne soient effectués", a mis en garde Stavros Dimas. Depuis des années, ce projet de construction de la rocade est au coeur des discussions et il a été entériné en 2003, un an avant l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne.
Le 9 février 2007, les autorités polonaises ont donné le feu vert au lancement des travaux malgré les avertissements répétés de la Commission pour le non-respect des règles européennes en matière de protection de l'environnement. Actuellement, seuls des géomètres ont commencé à effectuer des relevés sur le terrain. En Podlasie, les habitants, favorables à la construction de la rocade, commencent à perdre patience. Dimanche 25 février, dans la ville d'Augustow, des protestataires ont voulu prendre d'assaut le campement que des écologistes ont improvisé, depuis début février, sur le sol gelé de la forêt de Rospuda pour empêcher l'entrée des bulldozers. "Partez d'ici !, nous voulons que la construction de la route commence au plus vite", ont-ils crié. Les manifestants brandissaient des croix en mémoire des victimes de la route causées par l'incessant va-et-vient de poids lourds qui traversent le centre-ville d'Augustow. 4 000 semi-remorques empruntent quotidiennement cet axe routier qui relie la Finlande et les Etats baltes à l'Europe de l'Ouest.
Pour faire face à la colère des habitants et des militants de Greenpeace, le premier ministre polonais, Jaroslaw Kaczynski, a proposé le 23 février que la construction de l'autoroute soit soumise à un référendum local et a précisé que la décision des urnes sera définitive. "Un référendum local ne peut en aucun cas décider de la construction d'une route nationale. Il ne dédouanerait pas non plus la Pologne de respecter la législation européenne.", a protesté le juriste Michal Kulesza. La Pologne et Bruxelles ne sont pas sortis de l'auberge pour cette autoroute !
Source : Le Monde
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