Être propriétaire d’un Hummer est de nos jours une entreprise risquée. En ces temps de croissance verte et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Hummer fait en effet figure de catalyseur et concentre sur lui toute la haine des défenseurs de l’environnement ; conducteurs de Hummer, sachez-le : personne ne vous aime. On vous reproche vos émissions de CO2, votre moteur bruyant, votre goût pour le bling-bling, votre pare buffle dangereux et il paraît même que votre véhicule ne sert à rien dans les grandes villes (la vérité, c’est qu’il est très utile pour impressionner les grands-mères imprudentes et les cyclistes récalcitrants).
Alors, pourquoi d’irréductibles propriétaires de Hummer s’acharnent-ils encore à parader fièrement au volant d’un objet si négativement connoté ? Le patriotisme, mes amis, le patriotisme ! C’est en tout cas ce que révèle une étude menée aux Etats-Unis (bien sûr) et publiée ce mois-ci dans la revue Journal of Consumer Research. Marius Luedicke, Craig Thompson, et Markus Giesler, les trois chercheurs à l’origine de l’étude, ont en effet souhaité comprendre les motivations qui poussaient les propriétaires de Hummer à s’exposer ainsi à la haine des défenseurs de l’environnement. Résultat : les conducteurs de 4x4 surdimensionnés cherchent tout simplement à exprimer ainsi l’amour de leur pays et des valeurs qui le définissent. Évidemment ! « Notre analyse du discours identitaire américain a révélé qu’être sujet aux critiques morales était une caractéristique historique du statut d’Américain », expliquent les auteurs. « La critique moraliste de leurs choix de consommation a aussitôt incité les propriétaires de Hummer à adopter le rôle de celui qui défend les idéaux nationaux américains ». Une idéologie également très intimement liée aux valeurs conservatrices qui tendent à nier l’existence du réchauffement climatique et l’importance de la diminution des ressources naturelles ; l’Amérique, terre d’abondance choisie par Dieu et donc par nature privilégiée, se placerait ainsi au-dessus de ces considérations environnementales. Qu’il est beau, le rêve américain !
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