C'est un euphémisme : le rallye n'a pas le vent en poupe chez nous. Malgré la présence d'un authentique phénomène portant les couleurs françaises au sommet de la discipline depuis 4 ans, le rallye est loin d'avoir l'écho qu'il mérite dans les médias. Pourtant, il est et reste un sport populaire majeur. Malheureusement, les filières d'accès au plus haut niveau se résument à l'importance du porte-feuille du pilote ambitieux.
Comme si le talent se mesurait à la seule capacité de séduire des sponsors et pas à aborder un double gauche à fond sur un chemin forestier finlandais !
Malgré cela, le talent de certains arrive à s'exprimer tout de même à force de passion et de sacrifices. Malheureusement, il faut avoir l'œil aux aguets pour distinguer une performance "anormalement talentueuse" d'un rallye simplement maitrisé grâce à un bon coup de volant et un matériel de pointe.
Cela méritait d'être mis en lumière : Thomas Privé, tout juste 20 ans, vient de signer 2 grosses perfs lors du championnat de France des rallye sur terre. Rencontre.
Pilote précoce
Malgré son jeune âge, on ne peut pas dire que le garçon débute. Dès 14 ans, il s'initie au pilotage sur des Crosscar Fouquet dans quelques épreuves de la Coupe de France de Kartcross. À 16 ans, il prend sa licence Rallye Tout-terrain et à 17 ans, il arsouille parfois au volant d'un buggy Fouquet de 280 ch.
Pour poursuivre dans les épreuves exotiques, Thomas Privé s'engage aussi au Trophée Andros où il fait quelques courses, notamment grâce à la famille Stievenard.
Mais voilà, la majorité approche et Thomas Privé en homme pressé qu'il est ne va pas attendre longtemps avant de passer aux choses sérieuses. À 18 ans et 1 mois, permis en poche, il s'engage au Rallye d'Antibes dans la Coupe 206. Nous sommes fin 2005. En 2006, il fait une partie de la Coupe 206 Mixte et le Terre de Vaucluse au volant d'une Mitsubishi GrN.
Précisons tout de suite que Thomas est loin d'être suivi par une ribambelle de mécènes aux bourses pleines. La famille tient une concession Mitsubishi et c'est tout. Il est comme des centaines de gars avant lui, un passionné qui se débrouille. Si son choix va aux épreuves sur terre, c'est que les rallyes de ce championnat ne dure que 2 jours, ce qui permet de ne pas amputer la semaine de boulot (En 'asphalte', ça débute le jeudi ou le vendredi).
Le championnat de France des rallyes sur terre
En 2007, Thomas se lance dans le championnat de France des rallyes sur terre au volant d'une Mitsubishi Evo 6 gr N. L'auto n'est pas fiable et sur 7 courses, il abandonne 3 fois sur problèmes techniques. Au Terre de Vaucluse, il réussit tout de même à finir 7eme au général.
En 2008, c'est décidé, il investit avec ses quelques sponsors locaux dans l'achat d'une Mitsubishi Evo 9 Gr N achetée en Lettonie et se lance à nouveau dans le championnat de France des rallyes sur terre. La Mitsu est préparée chez SM SPORT de Jacky Marché et son co-pilote est Patrice Zurro.
Et là, c'est la révélation. L'auto est facile et tout en assurant un pilotage propre et pas risque-tout, Thomas arrive tout de même à prendre la tête du premier rallye, leTerre de Provence, devant des WRC et des Groupe A. Au final, il termine troisième derrière la Subaru Impreza WRX GrA de Stephane Chambon et la Skoda Octavia WRC de Yoan Bonato.
Deuxième rallye avec l'Auxerrois et rebelote pour la performance. Thomas Privé associé à Patrice Zurro portent rapidement leur Mitsu en tête du rallye mais ne peuvent résister au retour de la Skoda WRC de Bonato. Ils terminent second avec leur Mitsu GrN et sont co-leader du championnat.
Et après ...
Mais le problème est que son budget ne prévoit pas de participer à toutes les épreuves. Ainsi, l'équipage devrait être au Diois le week-end prochain et après, qui sait ...
Une course revient à environ 10.000 euros (sans casse bien sûr) et l'espoir de Thomas est de trouver un complément pour continuer à défendre sa position.
Mais si l'on porte le regard plus loin, quels débouchés offrent une bonne place en championnat de France de rallye sur terre ? Bien peu.
Thomas aimerait mixer Asphalte et Terre en 2009. Le mieux serait de courir en Production-WRC ou en IRC mais les budgets que réclament ces championnats sont hallucinants. Pour faire la manche IRC du Portugal, Thomas a calculé : en ayant déjà la voiture, la course revenait quand même à 40.000 euros ! Infaisable.
Bref, la seule issue de Thomas Privé est de continuer à aligner les résultats cette année pour espérer séduire un manager capable de financer la suite. Contrairement à certaines époques où l'espoir n'existait même pas, il semble qu'en ce moment une fenêtre s'ouvre :
Citroën lui ayant "subtilisé" Sébastien Ogier, un certain Dominique Heinz, découvreur et "porteur" de Sébastien Loeb vers les sommets, chercherait actuellement la prochaine perle sur laquelle miser.
Les performances de Thomas Privé pourraient alors ne pas être sans suite. Cela suffit à donner de l'espoir à un gamin de 20 ans.
Longue route à lui.
Un grand Merci à Daniel Perrin de Graficland pour les photos. .
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