Le journal "La Presse Canadienne" a révélé que d'après des documents du ministère fédéral de l'Environnement canadien, les émissions de gaz à effet de serre engendrées par la production de sables bitumineux (assurant l'approvisionnement en pétrole) augmenteront de 68% d'ici 2020, passant de 29 à 49 mégatonnes par an, même si Ottawa a lancé le Plan vert présenté comme l'une des réglementations les plus sévères au monde. Ces émissions de GES issues des sables bitumineux représenteront 17% de l'ensemble des émissions industrielles du Canada en 2020 par rapport à 8% en 2006.
Les écologistes mettent en avant qu'Ottawa s'est plié devant l'industrie des sables bitumineux. Matthew Bramley, porte-parole de l'Institut Pembina, affirme : "Déjà, en 2007, on voyait que le cadre réglementaire était très laxiste à l'endroit des pétrolières. Encore plus de concessions sont accordées à l'industrie cette année. La hausse considérable des émissions provenant des sables bitumineux va à l'encontre des recommandations des scientifiques. On en est arrivé au consensus que les pays industrialisés doivent réduire leurs émissions de 25 à 40% d'ici 2020 pour que la hausse des températures ne dépasse pas 2°C. Et cette baisse, elle doit se faire par rapport aux émissions de 1990, non pas celles de 2006." Le cabinet du ministre de l'Environnement, John Baird, répond ainsi : "Notre plan impose la réglementation la plus sévère de l'histoire à l'endroit des sables bitumineux. Sans cela, les émissions quadrupleraient d'ici 2020, ce qui serait inacceptable."
Ces documents d'Environnement Canada indiquent aussi que le pétrole bitumineux occupera une place de plus en plus importante dans l'Ouest canadien : les chiffres soulignent une réduction des émissions provenant de l'extraction pétrolière et gazière classique (de 94 à 57 mégatonnes d'ici 2020) mais une augmentation de celles provenant des sables bitumineux. L'industrie prévoit d'ailleurs de multiplier par 4 la production de pétrole non conventionnelle au cours des prochaines décennies... Malgré son Plan vert, Ottawa affirme même que les sables bitumineux représentent un facteur économique non négligeable pour le Canada. Garry Keller, porte-parole du cabinet du ministre de l'Environnement, explique : "Notre plan se base sur une approche équilibrée, ce qui permet à l'industrie de continuer à créer des emplois dans un contexte de croissance responsable d'un point de vue environnemental."
L'Institut Pembina précise que le Canada ne doit pas interdire la production de pétrole bitumineux, le gouvernement Harper pouvant plutôt favoriser l'échange de crédits de carbone et accélérer la mise en place d'usines de captage et de séquestration du CO2. Il ajoute : "Nos études montrent que pour quelques dollars par baril, l'industrie pourrait réduire à zéro ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. Cela ne serait pas beaucoup demander à une époque où les pétrolières engrangent des profits faramineux." Business versus écologie...
(Source : La Presse Canadienne Photo : Tod Korol)
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