Souvenez-vous, en mars dernier, le 17 exactement, un dépassement des seuils de pollution a poussé les autorités à décréter pour la première fois depuis 1997 la circulation alternée, en interdisant de circulation les véhicules dotés de plaques d'immatriculation paires. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'Airparif communique sur les résultats concrets de la mesure. Pour résumer : c'est bien mais pas top…

En ce 17 mars 2014, ce sont 23 villes, en l'occurrence Paris et ses 22 communes limitrophes qui sont soumises à la circulation alternée. Une décision qui intervient après un long épisode de pollution aux particules fines, d'une dizaine de jours.

Et il aura fallu attendre près de 2 mois pour que Airparif, l'organisme chargé de surveiller la qualité de l'air en Île de France, communique sur les résultats concrets de cette mesure.

Bilan : des effets sensibles, observables, mais décevants. Et pour l'organisme, le système retenu de circulation alternée par plaques paires ou impaires n'est pas pertinent, et le moment pour lancer l'opération doit être mieux choisi.


Réduire la circulation c'est bien et ça a un impact, dit Airparif. Mais la circulation alternée n'est pas la meilleure solution, et il faut mieux cibler le moment d'arrivée de la mesure.

La comparaison s'est faite avec un lundi de circulation "normale", en l'occurrence le lundi 10 mars.

Très concrètement, le 17 mars, Airparif a observé une baisse des particules fines (PM10) supérieure à 6 % sur toute la durée de l'opération (de 5h30 à minuit). Certaines heures ont vu la concentration baisser plus fortement (- 10 %) notamment à l'heure de pointe du soir avec des baisses moyennes de plus de 10 % sur l'ensemble du boulevard périphérique.

Concernant le dioxyde d'azote (qui n'est pas le polluant ayant déclenché la mesure de circulation alternée), la baisse est plus sensible encore avec une moyenne journalière de baisse de plus de 10 %. Des baisses ponctuelles de plus de 30 % ont été atteintes à l'heure de pointe du soir (20h).


En s'éloignant des axes à forte fréquentation, l'impact diminue drastiquement. L'amélioration n'est plus que de 2 % pour les PM10 e moyenne sur la journée.


Il faut corréler cela avec la baisse de trafic observée, soit – 18 % à Paris (et pas moins 50 %, il faut croire que les travailleurs ont réussi à dénicher beaucoup de voitures en plaques impaires…), - 13 % en petite couronne et – 9 % en grande couronne (sources Mairie de Paris).


On l'aura compris c'est donc à proximité du trafic que l'impact de la circulation alternée est le plus fort, notamment pour le Boulevard périphérique.


Mais Airparif pointe du doigt la météo et affirme que des conditions différentes (anticyclone, peu de vent, forte inversion de température), une amélioration plus forte aurait pu être observée.

Ensuite, il pose de façon logique le souci concernant le principe même de circulation alternée, qui pourrait être amélioré. "Elle ne permet pas de cibler de façon sélective les véhicules les plus polluants. Des véhicules très émetteurs, de plaques impaires, ont circulé ce jour".


Conclusion de l'observatoire : la circulation alternée a eu "un impact quantifiable et visible" mais pas aussi fort qu'escompté du fait des conditions météo et du principe même de la circulation alternée. Et il faut "une action pérenne et de grande envergure sur le trafic" pour s'attaquer à la pollution chronique, et pas seulement aux pics.