Depuis ma journée au Paul Ricard lors des essais officiels GP2, je vois cette discipline tout à fait autrement. Comme souvent en sport auto, il suffit d'assister concrètement à une course pour être contaminé. Et là, j'avoue que ces monoplaces peuvent très légitimement revendiquer le titre d'antichambres de la F1 tant elles sont pointues. Et les puristes trouveront même qu'elles sont plus intéressantes que ces Formule 1 bardées d'électronique, d'antipatinage et autres babioles cachées.
Une GP2 c'est une monocoque carbone habillée d'une peau elle aussi en carbone. Comme sur les F1. La rigidité du matériau est bluffante comme le montre ce "nez écrasé" de la monoplace d'un Andy Soucek (DPR) un peu optimiste. Les ailerons restent par contre une peau de résine recouvrant une aile taillée dans le polystyrène. Le package aéro se rapproche au plus près de ce qui se fait en F1. Idem pour le freins carbone qui permettent de faire un 300-40 km/h en 100m. Comme vous le constatez, ça devient incandescent tout pareil que la F1 en bout de freinage. Dommage que je ne puisse pas vous faire sentir l'odeur en fin de ligne droite!
Notez que cette année, la monoplace arrive au terme de ses 3 ans de développement et sera donc totalement repensée pour 2008. Si le moteur ne doit pas changer, toute la monocoque et le package aéro seront modifiés.
L'auto est équipée d'un V8 4.0l de 600ch grimpant allegrement à 10.000 tr/mn qui passent à la piste grâce à une boite séquentielle robotisée (électro-hydraulique) de 6 rapports. Les changements se font via les palettes au volant (direction non assistée) qui est confectionné en carbone, comme en F1. Nous sommes dans une technologie "fly by wire" qui zappe les cables à l'ancienne, un système anti-calage est d'origine car la monoplace n'a pas de démarreur.
Le moteur est prévu pour être ouvert et reconstruit tous les 4000/4500 km.
Le différentiel reste mécanique et à la différence de la formule reine, les GP2 chaussent des slicks dans des tailles similaires aux roues des F1.
Tout ça propulse joyeusement le pilote de 0 à 100 km/h en 2.95s (mince une Veyron fait mieux...), à 200 km/h en 6.7s (ah là c'est mieux que la Veyron!), et la vitesse maximale s'établit à 320 km/h (là c'est...ah vous savez pardon!)
Par contre, les 3.2G au freinage et les 3.3G en latéral ne sont pas prêts d'être atteints par une auto de route. Quoique la Caparo...
Voilà pour les données techniques qui seront encore plus parlantes lorsque vous saurez qu'aucun antipatinage n'a daigné prendre place sous le pied droit des pilotes, ce qui à mon sens place cette GP2 quasiment au dessus d'une F1 en terme de difficulté de pilotage. Je ne parle pas de compréhension technique mais seulement de pilotage pur.
D'ailleurs il faut les voir allumer les roues à chaque freinage violent, rater des cordes et partir en travers pour se rendre compte de la difficulté de tenir cette auto. Et quand on sait que les 26 pilotes se tiennent en 2 secondes voire moins d'une seconde pour les 15 premiers, vous comprendrez que le GP2 n'accueille pas de manchots ! Rosberg et Hamilton sont là pour le prouver.
Sur un tour, le GP2 est à 8/9 secondes de la pôle de la F1. Ce qui la situe à seulement 3/4 secondes des dernières lignes de grille. Une Champcar est à 6 secondes de la pôle F1.
Bref, vous avez compris qu'en terme pur de pilotage, une GP2 est une référence dans l'échelle des difficultés. Si l'on ne voit plus de passage F3/F1 (Fisichella, Raikkonen, Button) de nos jours, c'est bien parce que les patrons d'écuries ont compris que le GP2 était vraiment capable de leur apporter les enseignements nécessaires pour juger de la valeur d'un pilote.
Petit bonus pour ceux qui ont lu jusqu'ici. Voici la preuve sonore des essais GP2 du Paul Ricard. Si vous écoutez bien, au loin vous entendez les cigales...
Cliquez ici et là et vous aurez un aperçu sonore du chant des GP2. C'est rauque, ça pète, ça hurle, c'est un V8 de 600 ch !
Pour les cigales je déconne.
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