En résumé :
- Une voiture de plus de 10 ans a encore une valeur.
- La décote mathématique est indicative.
- Ajuster le prix selon la notoriété du modèle, son kilométrage, l'entretien et les réparations effectuées, l'état global.
- Toujours ajuster ensuite selon les prix de marché relevés sur les sites d'annonce, sous peine de mettre trop de temps à vendre ou de vendre trop peu cher.
- Si vous n'avez pas de demande d'essai ou que vous ne vendez pas, c'est que le prix est trop haut.
Globalement, on dit qu'une voiture n'est plus cotée lorsqu'elle a plus de 10 ans. Cela ne veut pas dire qu'elle ne vaut plus rien, au contraire. Une auto de forte valeur lorsqu'elle était neuve, peut encore valoir des milliers, voire plus d'une dizaine de milliers d'euros, même après sa décade de bons et loyaux services. Et nous ne parlons là que des véhicules dits "classiques", pas des véhicules de collection, qui sont une catégorie bien à part. Même une voiture abordable en neuf garde une certaine valeur.
Avant toute chose, il faut savoir que la cote d'une voiture d'occasion dépend de nombreux facteurs. Il y a bien sûr la dépréciation mathématique. Mais pas seulement, il faut aussi tenir compte bien sûr du kilométrage, du succès du modèle sur le marché, ou son insuccès. Et également des entretiens et remplacements de pièces qui ont été effectués de façon récente.
Il existe plusieurs sites internet de cotation (Lacentrale.fr, Largus.fr, Autoplus.fr, Coteautogratuite.com, Caradisiac, etc.). Beaucoup sont gratuits, d'autres payants. Et certains s'arrêtent à 10 ans de cotations quand d'autres vont plus loin. Cela peut aider il est vrai, mais on trouve des différences notables entre les cotations. Certaines sont manifestement surévaluées, d'autres clairement trop faibles (L'Argus).
La décote mathématique : une simple indication
Traditionnellement, on considère qu'en moyenne, une voiture décote de 25 % la première année, puis de 18 % la deuxième, 15 % la troisième et 12 % la quatrième. Ensuite, on considère qu'elle va perdre 10 % supplémentaires chaque année. À ce rythme, si l'on compte bien, une voiture de 10 ans aura perdu 75,5 % de sa valeur. En terme concret, une voiture coûtant 20 000 € neuve aura une valeur résiduelle de 5 000 €. À 15 ans, elle vaudra 2 900 € environ.
Le kilométrage moyen retenu (celui qui n'influence pas la cote) est différent selon les organismes. Mais nous conseillons de retenir pour notre part 10 000 km annuels pour les citadines essence (15 000 pour les diesels), 13 000 km pour les compactes, monospaces compacts, SUV compacts essence (17 000 km pour les diesels) et 16 000 km pour les familiales, grands monospaces, gros SUV et grands breaks essence (20 000 km pour les diesels).
Cette décote mathématique est influencée par l'image de marque du constructeur, ou du modèle. Ainsi, une BMW ou une Audi va décoter plus lentement, quand une grande routière française ou italienne va se déprécier bien plus vite encore. À l’époque de la Vel Satis, on observait pour cette dernière une chute de plus de 30 % la première année, 20 % la deuxième et la troisième, par exemple. Avec des voitures qui au bout de 10 ans, ne valent plus que 10 à 15 % de leur prix neuf, si ce n'est moins. Pareil pour une Citroën C6 ou une Alfa Romeo 166…
Par contre une BMW Série 3, une Mini ou une Mercedes Classe E vont plutôt voir leur prix fondre de – 18 % la première année (et encore…), - 15 % la deuxième et la troisième, puis – 12 %, etc. Avec une valeur résiduelle au bout de 10 ans de plus de 30 % pour certaines. A ne pas généraliser toutefois. C'est au cas par cas.
On voit donc que l'image de marque joue pour beaucoup dans le prix d'une voiture de plus de 10 ans, et qu'on ne peut se baser sur la simple décote mathématique. C'est presque enfoncer une porte ouverte.
Ce qui influence la valeur passé 10 ans (mais aussi avant !)
Le kilométrage :
évidemment valable quelque soit l'âge, c'est l'aspect le moins oublié, tant il semble évident qu'un même modèle ne vaudra pas la même chose selon qu'il affiche 100 000 km ou 200 000 km au compteur. Par rapport aux kilométrages précédemment cités, on considère qu'il faut ajouter 15 € par millier de kilomètres en moins, mais qu'il faut ajouter 30 € lorsqu'il est excédentaire.
Par exemple, une compacte diesel de 10 ans, qui théoriquement devrait afficher 170 000 km, et qui mettons cote 3 000 € sera valorisée 3 300 € si elle affiche 150 000 km, mais 2 400 € si elle affiche 190 000 km.
La notoriété du modèle :
vous l'aurez compris, un modèle à la forte cote d'amour décote plus lentement. On peut parfois, même passés 10 ans, ajouter 20 à 25 % à la cote calculée mathématiquement. Ainsi un véhicule qui théoriquement coterait 5 000 € pourrait se revendre 6 000 à 6 300 €.
À l’inverse, un modèle boudé peut voir sa valeur divisée par 2, car personne n'en veut. Dans notre exemple, il trouverait preneur à 2 500 €. Impossible de citer de façon exhaustive les modèles concernés, mais entre autres exemples, on peut citer les Renault Vel Satis ou Laguna 2, la Citroën C5 première génération, les Fiat Multipla et Croma 2, la Nissan Almera 2, les modèles SsangYong, etc. Mais aussi tous les modèles à gros moteur essence V6 et V8 (y compris les allemandes !), gourmands et plus dans l'air du temps.
La fiabilité :
la notoriété en terme de fiabilité peut aussi tuer la valeur d'une auto (jusqu'à 50 % de décote supplémentaire). Le meilleur exemple est la Renault Laguna 2. Un modèle dCi 120 de 2002 par exemple, en bon état et au kilométrage normal pourrait théoriquement valoir 5 000 €. On en trouve à moins de 2 500 €. À l’inverse une réputation positive dans ce domaine peut soutenir la valeur de plus d'une dizaine de %… Mais attention, cette notoriété peut parfois être usurpée (Golf 4, Mercedes Classe C et E des années 2000 à 2003, Toyota Rav-4 D-4D 2e génération, etc.)
La qualité de l'entretien et les réparations effectuées :
ces deux items peuvent également grandement faire varier la cote d'un véhicule âgé. Une auto de 10 ans, cotant théoriquement 3 000 €, impeccablement entretenue, avec carnet tamponné, courroie remplacée, disposant d'un embrayage, d'un silencieux et de suspensions neufs, vaudra le double (4 000 €) de la même, négligée, sans carnet d'entretien et dont les remplacements de courroie, pneumatiques, batterie, alternateur sont à prévoir (2 000 €). Plus l'âge avance, plus l'effet "absence du carnet d'entretien tamponné" s'estompe, mais cela jouera toujours un peu.
Évidemment la bonne présentation esthétique de la voiture joue également sur la valeur du véhicule, même si quelques pocs et rayures sont acceptables sur un exemplaire qui a déjà bien vadrouillé. Un sale état ouvre la porte à une négociation du prix, tandis qu'une présentation impeccable la ferme. C'est toutefois difficile à chiffrer en terme de pourcentage d'appréciation ou de dépréciation.
Dans tous les cas, ce n'est pas parce que l'on aura eu 1 500 € de factures récentes qu'on pourra augmenter le prix de 1 500 €. En effet, certaines opérations font juste partie de l'entretien normal. Mais nous estimons que pour de grosses opérations type courroie de distribution, embrayage, amortisseurs, etc., on peut récupérer 50 % de la somme, en plaçant le prix plus haut et en coupant court, avec cet argument, à une négociation sur le tarif...
Le juge de paix : le prix de marché
Voici tant attendu le moment ou vous aller nous détester, puisque c'est celui où nous allons vous dire que tout ce qui a été dit jusqu'ici peut complètement être contrecarré. Enfin, pas tant que cela, puisque tous les facteurs que nous avons évoqués jusqu'ici influent sur ce fameux "prix de marché".
Pour faire simple, le marché de l'occasion fonctionne aussi, comme tous les autres, selon la loi de l'offre et de la demande, qui régule les prix.
Ainsi, après avoir consciencieusement calculé sa décote mathématique, rajouté un peu parce que le kilométrage est inférieur à la moyenne, retiré 10 % parce que le modèle est pas top recherché et ajouté 500 € après 1 000 € de factures, on va se rendre compte que les annonces concernant un modèle similaire sont (bonne surprise) toutes 20 % plus chères ou (mauvaise surprise), toutes 20 % moins chères... Sans jeter un œil aux prix du marché, on peut se retrouver à patienter des mois avant un coup de fil parce qu'on est trop cher, ou perdre de l'argent parce qu'on aurait pu annoncer un prix supérieur.
C'est pourquoi, après avoir appliqué toutes nos recettes, il faut vérifier si l'on est en phase avec le marché. Un tour sur les plus gros sites d'annonce, tels Lacentrale, Leboncoin, Largus, en mettant en critères de recherche ceux correspondant à votre propre auto, vous donnera une idée de la tendance. À noter que les prix de vente réels enregistrés par le site Lacentrale sont d'ailleurs pris en compte dans l'algorithme de calcul de leur argus auto.
Vous aviez défini 3 000 € et aucune annonce n'est à moins de 4 500 € ? Tant mieux, vous avez sous-estimé la notoriété de votre modèle. Au contraire, rien au dessus de 2 500 €, il va falloir se ranger à la majorité sous peine de garder votre auto autour du cou.
Pour les occasions de plus de 10 ans, au-delà de la décote théorique, c'est donc surtout le prix du marché que vous opposeront vos acheteurs, ce dernier se fixant tout seul selon les critères évoqués dans cet article. CQFD.
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