Adieu radars fixes, bonjour radars mobiles
En ces temps incertains, faut-il réparer ou remplacer les radars fixes ? Détestés et vulnérables, ont-ils encore un avenir en dehors des villes ? La réponse est dans la question… Et aussi dans l'avènement du contrôle mobile.
J'ai lu que 65 % des radars fixes ont été détruits ou neutralisés. D'après mes petits comptages et pour ce que j'en ai vu en deux mois et pas loin de 4 000 km, on approche plutôt des 90 % calcinés, peints, repeints, déracinés ou plus gentiment emballés. J'ai même arrêté de les compter pour ne plus dénombrer que ceux qui fonctionnent encore : en gros ceux des grandes villes et parfois de leurs rocades.
Les radars automatiques, c'était le bon temps !
Je vais les regretter ces gros machins gris que mon téléphone ou mon GPS m'annonçait d'un bip, au cas où je n'aurais pas vu le panneau les précédant. C'était donc ça les outils infaillibles de la féroce répression policière, les cruels percepteurs de ce que certains s'amusent à nommer "sécurité rentière" ? Personnellement, à 20 000 ou 25 000 kilomètres par an et par la grâce du délai de six mois pour récupérer un point, ils ne m'ont jamais coûté plus d'un point par an et n'ont jamais rétréci mon carton rose sous les dix points.
Pardon si je suis obtus, mais je n'ai jamais compris comment l'on pouvait s'y prendre pour perdre son permis, ou même pour le voir sérieusement menacé par ces grosses ou fines cabines. Encore moins sur les trajets du quotidien où, à force de les voir, on les appelle par leurs prénoms.
Et sur des routes inconnues, il fallait vraiment avoir le champ visuel rétréci par la vitesse pour ne pas les voir à temps. Ou avoir l'esprit ailleurs, et dans ce cas, on s'abstient de rouler vite.
La "mitraillette", un gentil surnom
Dans dix ans, on se dira "ah, les radars automatiques, c'était le bon temps !".
Car vous aussi, vous allez les regretter ces grosses tirelires, quand elles seront remplacées par des centaines de voitures radars banalisées. Indétectables et capables de verbaliser sans flasher à la fois qui les croise et qui les dépasse, elles officieront 16 ou 24 heures par jour, conduites par des salariés du secteur privé. La "mitraillette", c'est le gentil et éloquent surnom que lui ont donné ses premiers utilisateurs en Normandie où elle est expérimentée.
Certes, il faudra bien encore deux ou trois ans pour qu'elle sévisse à haute fréquence partout en France, mais il est certain qu'elle remplacera bientôt les radars automatiques fixes. Et vraisemblablement aussi les contrôles à la jumelle opérés par des forces de l'ordre que l'on considérera mieux occupées à d'autres missions plus "régaliennes".
C'est est donc fini de ces cabines. Le gouvernement pourra bien renoncer au 80 km/h, le pli est pris: tous ceux qu'elles gênent ou qui les considèrent comme le symbole de l'Etat honni savent maintenant qu'il ne coûte rien de leur enfiler un sac-poubelle et qu'il n'y a pas grand risque à y mettre le feu. Des tabous ont sauté et le massacre des radars n'en est qu'un épiphénomène.
Au point qu'il faudra se poser la question de la sécurité des conducteurs privés pilotant les "mitraillettes" et peut-être leur substituer gendarmes et policiers.
Quel sera le bilan de décembre et janvier ?
En attendant, on peut déjà déposer le bilan des radars fixes.
A tous ceux qui pensent que ces machines ne sont pour rien dans l'effondrement du nombre de tués qui a suivi leur annonce fin 2002 puis leur installation fin 2003, demandez-vous si l'airbag, l'ABS, l'ESP, les progrès du Samu... peuvent expliquer un brusque gain de 2 500 vies en 18 mois alors que la pente du nombre de tués tendait depuis cinq ans à se remettre à l'horizontale…
A tous ceux qui les ont détruits, tagués ou emballés, guettez les bilans de mortalité routière de décembre et de janvier. Je mets ma main au feu qu'ils seront en hausse. Comme sont en nette hausse les vitesses pratiquées partout sur la route : on peut à nouveau rouler à 100-110 sur les départementales de plaine, sans avoir grand-chose à craindre pour son permis ni grand monde à dépasser.
A tous ceux qui s'en félicitent - dont parfois l'auteur de ces lignes, égoïstement, je le confesse - à quel plaisir ou quelle urgence accepterions-nous collectivement de sacrifier quelques dizaines ou centaines de vies par an ?
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