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Affaire Renault : triche ou pas triche ?

Dans Ecologie / Electrique / Santé

Manuel Cailliot

Les affaires tournant autour du diesel et des différents constructeurs européens qui auraient fraudé n'en finissent pas de faire les une des journaux. Et depuis hier, c'est notre constructeur national Renault qui est à nouveau en pleine tourmente. Accusé de triche, il s'en défend. Alors Renault, fraudeur ou pas ?

Affaire Renault : triche ou pas triche ?
  • Tout commence fin 2015. Suite au scandale Volkswagen, le ministère de l'économie décide de lancer des enquêtes. Où ? Chez tous les constructeurs distribuant des voitures en France. Notons donc, déjà, que si aujourd'hui, ce sont essentiellement les marques du groupe Volkswagen et Renault qui sont inquiétées, cela pourrait bientôt s'étendre à pas mal de constructeurs.

 

Car les enquêteurs de la DGCCRF font leur travail. Et en l'occurrence, chez Renault, des soupçons se sont levés. En condition réelle, certains modèles (Espace 5, Captur...) émettent largement plus de polluants (de Nox en particulier) que lors des tests d'homologation. Et la DGCCRF de conclure, avec d'autres éléments, dont des témoignages d'anciens employés, que depuis plus de 25 ans, le constructeur au losange met en place des stratégies frauduleuses concernant les émissions polluantes. Et que donc, le consommateur serait trompé, et la santé de nos concitoyens et celle de tout animal serait mise en danger. Une information judiciaire est donc ouverte. Ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi. Les juges d'instruction disposent de pouvoirs énormes, et peuvent mettre en lumières les stratégies en termes de gestion des émissions polluantes chez les constructeurs, frauduleuses ou pas. 

 

Que dit Renault ? Que jamais ils n'ont triché, et qu'aucun logiciel fraudeur n'est présent dans leurs véhicules. Qu'ils sont tous dûment homologués selon les normes en vigueur. Selon leur communiqué d'hier : "aucun de ses services n’a enfreint les règles, européennes ou nationales, relatives à l’homologation des véhicules" et "les véhicules Renault ne sont pas équipés de logiciels de fraude aux dispositifs de dépollution".

Et on le sait, les normes d'homologation sont strictes (certainement trop d'ailleurs pour les constructeurs, ou du moins il est très coûteux de les respecter), mais les tests réalisés toujours de la même façon, dans des conditions optimales pour les véhicules. Qui peuvent eux-mêmes être optimisés.

 

Logiciel ou pas logiciel ?

Et là est le coeur du problème. Renault a-t-il, comme il est avéré pour Volkswagen, utilisé un logiciel pour truquer les résultats des tests ? Pour détecter le cycle d'homologation et ajuster en fonction le fonctionnement du moteur et des systèmes antipollution ? Ou bien a-t-il simplement profité d'un flou autour des normes, et optimisé à mort pour les conditions des tests ?

Car dans un cas, c'est illégal, dans l'autre... eh bien rien n'est prévu, sauf à considérer que la morale rentre en ligne de compte. Mais la morale fait depuis la nuit des temps mauvais ménage avec le profit... À notre avis, on ne trouvera aucun logiciel. Et voici pourquoi.

 

Dans les faits, Renault a déjà reconnu que ses systèmes de dépollution n'étaient pas les meilleurs, mais qu'ils participaient à la limitation du prix de leurs voitures, et qu'ils suffisaient pour passer les normes. De même, aveu a été fait que les plages de fonctionnement des systèmes utilisés (vanne de recyclage des gaz d'échappement EGR et piège à Nox) étaient assez étroites, et optimales entre 20 et 30 degrés. Justement, les tests se font à 21 degrés stabilisés. D'ailleurs, des mesures d'élargissement de ces plages de fonctionnement sont possibles pour tous les modèles équipés d'un diesel Euro6b. Tout client Renault peut en bénéficier sur demande et Renault a mobilisé 50 millions d'euros pour améliorer l'efficacité de son piège à Nox, et réduire l'écart entre valeur d'homologation et valeur en conduite réelle.

 

Tout cela pour dire que réussir les tests d'homologation sans logiciel de triche est tout à fait possible. En cela, il est fort probable que le constructeur n° 1 en France ne mente ni ne fraude. Par contre il est plus que plausible que les stratégies électroniques de gestion des moteurs diesels soient, par construction et sans logiciel ajouté, étudiées pour rendre la pollution la plus faible possible lorsque les conditions sont celles du test. En dehors, les brides sont lâchées, sous prétexte de "ne pas augmenter le risque d'accident mécanique ou de dommage au moteur". Et ça, ce n'est pas interdit. Condamnable moralement, c'est certain, condamnable légalement, la justice tranchera.

 

Ce qui est certain enfin, c'est qu'à peu près tous les constructeurs, sauf exception, pratiquent l'optimisation. Dans de plus ou moins grandes proportions selon les systèmes de dépollution utilisés. Mais c'est presque de bonne guerre, face à des normes de plus en plus drastiques et face à des clients qui ne veulent pas payer plus cher leur auto. Dans tous les cas, tirer sur Renault plus que sur les autres ne se justifie finalement, pour le moment, qu'à moitié.

 

Sources : Renault, Le Point, Autoactu

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