Audi S6 (2006-2011) : une limousine au moteur de Lamborghini, dès 10 000 €
Avec un V10 Lambo sous le capot, la S6 concilie prestige, performance et polyvalence, tout en se montrant très abordable en occasion. Une bien belle machine à abattre des kilomètres autoroutiers, mais à acheter précautionneusement.
Dans son irrésistible ascension, Audi a racheté Lamborghini en 1998. Ça a été une chance pour la marque de Sant’Agatha, qui a vu son avenir sécurisé, mais aussi pour le constructeur allemand, qui a pu s’en servir comme machine à « premiumiser ». Outre que ça lui a permis d’ajouter à sa gamme la supercar R8, une Gallardo à la sauce Ingolstadt, ça a donné un label extrêmement prestigieux au V10 qu’il a développé pour le taureau italien. Audi a ajouté deux cylindres à son V8 4,2 l, et ça a donné le V10 5,0 l de la super-GT, en réduisant quelque peu son alésage et sa course pour en limiter le poids. Ce bloc, il l’a ensuite récupéré pour l’installer en version 5,2 l (avec les cotes du V8 4,2 l donc) dans ses propres modèles, dont la berline A6 de génération C6 qui, ainsi gréée, devient S6.
Un V10, qui plus est à injection directe, dans cette catégorie, voilà qui est inédit, du moins chez Audi. Sur la S6, qui l’a récupéré quelques mois après la plus grande S8, il développe 435 ch, contre 450 ch sur la limousine, question de prestige voyez-vous. Mais la S6 conserve l’avantage côté couple, non par la valeur (540 Nm sur les deux) mais parce que son maximum est obtenu 500 tr/mn plus bas. BMW a déjà adopté une telle architecture dans sa M5 E60. La S6 en est-elle une rivale ? Pas vraiment. En effet, elle reste nettement moins puissante, et adopte une transmission intégrale plus typée sécurité que performance. Celle-ci s’équipe tout de même d’un différentiel central Torsen, envoyant par défaut 60 % du couple à l’arrière.
Pour sa part, la boîte de vitesses, obligatoirement automatique, compte six rapports : c’est l’excellente ZF 6HP26, rebaptisée ici Tiptronic et dotée d’une commande séquentielle. Le choix effectué en matière de trains roulants est plus surprenant. Évidemment, on retrouve ceux de l’A6 standard (double triangulation avant, multibras à l’arrière) mais les ressorts demeurent métalliques (pas de système pneumatique) et l’amortissement passif. Tout a été abaissé et affermi, mais on peut s’étonner de cette économie. Surtout quand on voit le prix de 89 800 €, soit près de 105 000 € actuels selon l’Insee. Un break Avant est aussi proposé, à 92 200 €. Heureusement, l’équipement, très complet, inclut les sièges Recaro en cuir-Alcantara à réglages électriques, le GPS, la clim automatique, les projecteurs bi-xénon, le Bluetooth…
Néanmoins, les ventes de S6 seront faibles, surtout qu’en 2008 apparaît la terrible RS6, dotée elle aussi d’un V6 mais gavé par deux turbos et offrant quelque 580 ch ! En général, la clientèle de ce genre d’auto veut le top du top.
La RS6 inaugure le restylage dont profite la gamme A6, touchant aux projecteurs, aux feux arrière (agrandis), à certains moteurs et aux boucliers. Mais la S6 gardera tel quel son V10, donc se contente de modifications minimes. Elle termine sa carrière en 2011, ce qui marquera la fin des V10 dans les berlines Audi.
Combien ça coûte ?
Les berlines, fussent-elles sportives, connaissent une décote vertigineuse et la S6 ne fait pas exception à la règle. On en trouve dès 10 000 €, en cherchant un peu. À ce prix, le kilométrage passera la barre des 200 000. À 13 000 €, on déniche des exemplaires totalisant environ 150 000 km, alors qu’il faut tabler sur 20 000 € pour une S6 affichant moins de 100 000 km. Les breaks, un peu plus prisés que les berlines, ont une valeur légèrement supérieure.
Quelle version choisir ?
Entre S6 et S6, le choix est large… Les différences en phases I et II étant faibles, la question sera surtout de trouver le plus bel exemplaire au meilleur prix. Si on pense à la revente, un break semble préférable.
Les versions collector
Ce seront les plus faiblement kilométrées et les mieux optionnées. Une très belle auto affichant moins de 50 000 km peut dépasser les 30 000 €. Elle ne les perdra pas si on roule très peu.
Que surveiller ?
Très bien fabriquée, la S6 passe les années sans vieillir visuellement : attention donc aux compteurs trafiqués sur les autos en provenance par exemple d’Allemagne. Qu’elle ait 100 000 km ou 250 000 km, la voiture aura la même apparence. Il en va différemment du point de vue de la mécanique. Quelques blocs sont affectés d’un problème de chemisage (comme chez Porsche, tiens, tiens), et nécessitent d’être changés, ce qui avoisine les 20 000 € ! Cela se signale d’abord par un ralenti instable et un voyant moteur allumé, ensuite par des cliquetis et des fumées bleues à chaud. À bien vérifier avant achat, même si les cas sont très rares.
Par ailleurs, l’entretien coûte assez cher, surtout quand ça touche à l’allumage. Ce ne sont que quelques bougies et bobines à changer vers 100 000 km me direz-vous. Oui, mais il y en a 10 de chaque ! On surveillera aussi les tendeurs de chaîne de distribution et les déphaseurs, parfois fatigués vers les 130-140 000 km. Enfin, ne pas oublier de vidanger boîte et différentiels en temps et en heure.
Moyennant quoi, on a une auto qui peut rester fringante après plusieurs centaines de milliers de kilomètres.
Au volant
Malgré sa puissance, la S6 reste très discrète, se signalant principalement par ses jantes de 19 et ses rétroviseurs couleur argent. Dans l’habitacle, on observe la finition Audi à son meilleur niveau, jamais égalé depuis. C’est impressionnant, tant par la qualité des matériaux que la précision de leurs ajustages. Je ne suis pas fan des cadrans ressemblant à des montres molles de Dali, mais au moins sont-ils lisibles sans qu’on ait à trifouiller pour choisir l’affichage qu’on préfère…
Les sièges Recaro d’origine sont vraiment agréables, et la position de conduite frise la perfection. Au démarrage, le moteur sonne… comme deux 5-cylindres ! C’est raffiné, original mais très étouffé. Mais ça marche fort ! Il y a de la puissance tout le temps, ce bloc bien plein poussant jusqu’à près de 7 000 tr/mn sans rechigner. Il donne une saveur toute particulière à la S6, sans qu’on ait à rouler vite et ça, c’est inestimable en France. Pour sa part, la boîte est parfois un peu lente mais toujours douce.
L’amortissement est assez ferme : amateurs de pullman, passez votre chemin. Cela dit, il garantit un maintien de caisse assez efficace, et le confort demeure respectable : on peut rouler vite sans être secoué comme un prunier ni voir l’auto se désunir. Du moins en ligne droite… Car en virage, pas de miracle : le poids du V10 entraîne irrémédiablement l’Audi vers l’extérieur, même si la transmission envoie majoritairement le couple à l’arrière. En clair, si on la brusque dans le sinueux, la S6 sous-vire comme une vache sur des patins à roulettes.
Son truc, c’est l’autobahn à haute vitesse, où elle file droite comme un I, insensible au vent ou à la pluie, le système Quattro offrant une motricité optimale. Spacieuse et silencieuse, elle ravira également la famille par son équipement complet et son excellente sono Bose (de série). Quant à la consommation, elle tourne autour de 13 l/100 km en moyenne.
L’alternative youngtimer
Audi 200 Turbo (1983 – 1991)
À sa sortie en 1982, l’Audi 100 C3 a surpris par son Cx alors exceptionnel de 0,30, garant d’une belle vitesse maxi. En 1983, sa version haut de gamme 200 reçoit un 5-cylindres turbo de 182 ch qui la fait pointer à 230 km/h, vitesse alors rarement atteinte par une berline ! Elle défie sans vergogne les BMW 528i et Mercedes 280E, qu’elle dépose immanquablement sur autobahn. En sus, grâce à sa légèreté (1 330 kg pour 4,80 m, ça laisse rêveur), elle accélère fort même si son train avant souffre de la puissance. Ce modèle commence à asseoir la crédibilité d’Audi en haut de gamme, surtout quand l’année suivante, il reçoit la fameuse transmission Quattro. Il est aussi éligible à la carrosserie Avant, aux allures de break de chasse.
En 1988 intervient un restylage qui apporte un tableau de bord plus cossu et une cavalerie poussée à 200 ch, tandis que fin 1989, une évolution plus importante arrive. Le moteur adopte une culasse à 20 soupapes, se soldant par un total de 220 ch ! Cette version qui se signale par ses gros pare-chocs US dépasse les 240 km/h et ouvre la voie à la fameuse V8. En tout, la 200 Turbo/Turbo 20v sera produite à une trentaine de milliers d’exemplaires. À partir de 3 500 € en bon état.
Audi S6 (2006) la fiche technique
- Moteur : V10, 5 204 cm3
- Alimentation : injection directe
- Suspension : jambes McPherson, doubles triangles, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV), multibras, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 automatique, 4 roues motrices
- Puissance : 435 ch à 6 800 tr/mn
- Couple : 540 Nm à 3 000 tr/mn
- Poids : 1 910 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 5,2 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Audi S6, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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