Ce jour où j’ai essayé une trottinette électrique…
Lorsque vous entendez "trottinette électrique", en tant qu’automobiliste, vous pensez certainement à ces jouets pour adultes gâtés, en libre-service, qui pullulent dans les villes, encombrent les trottoirs, parfois les routes, et polluent la planète. Pourtant, elle peut grandement améliorer le quotidien et faire gagner un temps précieux. J’ai franchi le pas il y a 5 ans…
Nous étions en 2015 et je cherchais un moyen de gagner du temps. Habitant en banlieue, je cumulais environ 2h à 2h30 de temps de trajet quotidien, ce qui finissait par peser tant sur ma santé que sur ma vie privée. C’est alors que j’ai découvert les trottinettes électriques, celles capables d’assumer des déplacements journaliers.
L’hiver était précoce. Je terminais une semaine longue et épuisante durant laquelle j’avais enchaîné les problèmes de transports en commun. Un samedi soir, je suis tombé sur une promotion pour une trottinette électrique. Pneus pleins, moteur de 250 W, 30 km/h en pointe pour environ 500 €. Je me suis lancé. Une semaine plus tard, elle était là. J’ai forcément voulu faire quelques tours de roues. À la différence d’un vélo ou d’une gyroroue, la préhension d’une trottinette est immédiate. En quelques secondes à peine, je me suis retrouvé à rouler, crâne au vent, à une allure parfaite, ni trop rapide, ni trop lente.
Le lendemain j’étais en route pour le bureau. 20 minutes à pied me séparaient de chez moi à la gare RER et encore vingt minutes de la gare RER au bureau. La loi EDMP limitant les trottinettes à 25 km/h n’était pas encore passée donc ma trottinette pouvant atteindre 30 km/h n’était pas encore illégale.
J’avais parfaitement ma place en agglomération, ce qui ne m’empêchait pas de me faire frôler et klaxonner régulièrement. Les trottinettes électriques n’étaient pas courantes. Pour les automobilistes et autres scooters, je n’avais ma place que sur le trottoir ou les quelques rares pistes cyclables. Je me suis rapidement mis à porter un casque.
Chaque jour, la trottinette me faisait gagner 30 minutes minimum. Mis bout à bout, cela représentait 5 jours par an et si ce gain n’est pas cumulable pour en profiter d’un coup, il l’est pour la santé. Un retour en métro, RER ou bus de plus d’une heure assomme. Les derniers kilomètres à parcourir à pied deviennent fatigants.
À cette époque, car chaque année est une époque à l’échelle des batteries électriques, la recharge complète durait cinq heures pour environ 20 km d’autonomie. Je partais le matin avec une batterie chargée à 100 % et je chargeais ma trottinette au bureau pour assurer le retour. Aujourd’hui, une charge complète prend 4 heures et permet de parcourir deux fois plus de distance.
L’autre avantage considérable de la trottinette est de rendre moins dépendant des transports en commun. Être en retard en annonçant l’heure à laquelle on sera là passe toujours mieux qu’un : « j’arriverai quand je pourrai ». Je l’ai concrètement réalisé un jour de semaine ordinaire. Le RER s’était arrêté à Nation, grosse artère parisienne de transports en commun. Un problème de voyageur. En temps normal, j’aurais cherché une alternative, pris un détour, un métro, tassé dans une foule orientée comme un troupeau vers la seule issue possible. Mais j’avais ma fameuse trottinette électrique. J’ai prévenu que je serais sûrement en retard d’au moins un quart d’heure. Je suis sorti, j’ai lancé mon GPS sur mon smartphone fixé sur son support et j’ai tenté de rejoindre l’Avenue des Champs-Elysées. Je suis arrivé pile à l’heure et à partir de ce jour-là, j’ai commencé à réduire mon trajet en RER pour augmenter celui en trottinette jusqu’à n’utiliser qu’elle. Jour après jour, j’appréciais le confort de son utilisation, simple, sans contraintes.
Elle ne demandait rien d’autre qu’un nettoyage de temps en temps et une vérification régulière de la pression des pneus. Elle est aussi facile à utiliser qu’à entretenir, à porter ou à ranger. On la plie et on la glisse dans son caddie par exemple, alors qu’un vélo s’attache avec le risque de vol. Elle trouve sa place dans un coin du lieu de travail, ou d’un placard dans la maison.
Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à l’arrivée des trottinettes en libre-service en juin 2018. Les start-up ont abusé de l’approche facile à la portée de tous et les médias qui, comme pour la voiture, ont diabolisé l’outil en omettant que la majorité des utilisateurs n’en font pas mauvais usage.
Cela a sérieusement changé la vision des piétons, cyclistes et automobilistes à mon égard, m’obligeant à plus de vigilance pour éviter les mauvais coups. Il fallait remettre un peu d’ordre et c’est finalement ce qu’a fait la loi EDPM le 25 octobre 2019 en fixant la vitesse maximum à 25 km/h et en limitant l’usage à la route et aux pistes cyclables.
Aujourd’hui je possède une Ninebot G30 Max qui atteint 25 km/h pour 30 km d’autonomie. Elle possède des pneus 10 pouces tubeless (sans chambre à air), une construction solide et étanche, une excellente stabilité et se recharge en 3h30. Elle complète parfaitement mon vélo non électrique. Elle a coûté 799 € et, en dehors de pneus que je changerai plus tard, ne nécessite aucun entretien. La batterie à ce rythme durera 3 à 4 ans avant de montrer des signes de faiblesse et d’être changée assez facilement. Ainsi, je circule avec un véhicule qui, à défaut d’être totalement écologique, est économique, ludique et simple à utiliser. Elle m’évite d’utiliser ma voiture pour les courtes distances et les trajets embouteillés, et je n’ai que plus de plaisir à la retrouver le week-end, pour une balade à la campagne ou un week-end en bord de mer.
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