Chez Toyota, le grand soir électrique c’est peut-être pour très vite
Le premier constructeur mondial pourrait bien virer de bord. Et les réticences de son ex-patron, qui va quitter son fauteuil dans un mois, pourraient bien céder la place à l’enthousiasme de la nouvelle direction pour les autos à batteries.
C’est, et depuis longtemps, le plus réticent parmi les grands. Toyota, encore et toujours premier constructeur mondial a, depuis des lustres, affiché sa défiance pour les voitures électriques à batteries. Et pour son patron Akio Toyoda, petit fils du fondateur, « l’électrique n’est pas la solution à tout », comme il le martèle depuis plusieurs années. Mais l’héritier va passer la main dans un mois, et la politique de la maison, axée sur l’hybride et sur un futur à l’hydrogène, pourrait bien évoluer après son départ.
L'électrique non merci ?
Évidemment, au Japon plus qu’ailleurs peut-être, les révolutions de palais se font de manière feutrée et, officiellement, le départ de Toyoda ne chamboule pas la stratégie qu’il a mise en place. Le directeur du département R&D a encore réaffirmé il y a une quinzaine de jours que l’hybride était plus vertueux que l’électrique à 100%. Sauf que Gill Pratt, c’est son nom, ne détient pas les clés des législations européennes et même américaines, deux continents qui comptent en matière de bons de commande automobiles, et deux continents qui poussent fort pour un basculement vers l’électrique.
Du coup, en bon gestionnaire prévisionniste, le conseil d’administration, et Koji Sato, le nouveau patron qui va entrer en fonction dans quelques semaines, s’interrogent sur la voie à suivre, et elle pourrait devenir de plus en plus électrique. Une réflexion, et un amour naissant pour les watts qui a d’ailleurs très certainement poussé le réticent Akio Toyoda vers une semi retraite, puisqu’il reste président du conseil de surveillance. L’avenir de Toyota pourrait donc s’électrifier plus qu’on ne le croit, et plus que son ex-patron, et l'actuel boss de la R&D ne le souhaitent.
La Tesla Model Y, une "œuvre d'art"
Plusieurs indices pourraient accréditer cette thèse. En premier lieu, cette petite info récoltée par Automotive News. Selon le média spécialisé, les Japonais seraient tombés en extase devant une Tesla Model Y entièrement démontée par leurs soins, une pratique courante entre constructeurs qui examinent systématiquement, et de près, les produits rivaux. L’un des cadres japonais présents lors de l’opération aurait carrément évoqué une œuvre d’art en parlant de la voiture américaine, non pas dans sa ligne, mais dans son ingénierie.
Pour autant, l’instant d’extase d’un cadre n’est pas suffisant pour faire virer de bord une multinationale. Mais si elle laisse l’anecdote fuiter dans la presse, c’est qu’elle souhaite envoyer un signal qui pourrait bien émaner du nouveau boss : Koji Sato. Avant même d’occuper le fauteuil de pdg, il égrène quelques objectifs, comme celui, ambitieux, de vendre 1 million de voitures électriques d’ici 2030. Ambitieux ? Pour le moins, puisque Toyota n’a vendu que 22 000 zéro émissions l’an passé. Et pour y parvenir, il va falloir révolutionner le plan produit actuel qui n’aurait pas du tout les faveurs de la nouvelle direction.
Le coupable s’appelle BZ, et pas seulement le BZ4, le premier SUV électrique Toyota, mais l’ensemble du programme et des déclinaisons prévues sur la plateforme e-TNGA. Elle devrait être remplacée dès 2026, comme les batteries actuelles seront remplacées par des modèles LFP, plus fines mais moins résistantes au froid que les modèles actuels. Une techno que privilégie également Ford et Stellantis.
Visiblement, Toyota s’apprête donc lui aussi à rentrer dans la bagarre de l’électrification, comme la quasi-intégralité des constructeurs. Et même s’il est l’un des derniers à s’y engager, l’énorme poids qu’il pèse dans le game automobile pourrait bien inquiéter quelques-uns de ses futurs rivaux.
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