Comment détecter une occasion au compteur trafiqué, ce fléau en expansion ?
C'est un véritable fléau qui touche, selon les sources, entre 6 et 13 % des véhicules de seconde main : la fraude au compteur kilométrique. Une récente étude de Carly pointe un "rajeunissement" moyen de 38 213 km. Mais il existe des moyens pour repérer les incohérences. Quels sont-ils ? Caradisiac vous donne les meilleures astuces.
Si l'on se base sur les estimations les plus pessimistes, jusqu'à 750 000 voitures par an seraient concernées en France par de la fraude au compteur kilométrique. Soit entre 6 et 15 % des véhicules échangés sur le marché de la seconde main. Et même en prenant une moyenne, on tournerait autour de 10 %, soit presque 600 000 autos "rajeunies" par an. C'est énorme. Un véritable fléau, qui représente des centaines de millions d'euros, qui tombent dans les poches de vendeurs malintentionnés, et sont soutirées de celles d'acheteurs floués.
Le principe est simple : la fraude au compteur kilométrique consiste à enlever des kilomètres par rapport au kilométrage réellement parcouru par l'auto, dans le but de la revendre plus cher sur le marché de l'occasion. Les moyens sont divers, mais c'est le plus souvent de façon électronique aujourd'hui, en branchant une valise ou un appareil électronique dédié à la voiture, et en modifiant l'affichage au compteur, voire dans les boîtiers électroniques de l'auto. Plus rarement, sur les autos plus anciennes, on fera "tourner à l'envers" l'odomètre mécanique.
La dernière étude menée par l'entreprise Carly, qui commercialise des boîtiers de diagnostic électronique à brancher sur le port OBD (On board diagnostic) de l'auto, révèle, après analyse de cinq millions de rapports de diagnostic effectués en 2022 et 2023, que le phénomène est en croissance, parfois rapide, selon les régions.
Et selon cette étude, le rajeunissement moyen des compteurs est de 38 213 km. Pas si énorme, mais pas du tout négligeable non plus !
Ainsi, c'est la région Grand-Est qui est la plus touchée par le phénomène. Pas étonnant vu sa proximité avec l'Allemagne, et sachant que les occasions importées de ce pays sont régulièrement "retouchés". Les villes de Metz, Mulhouse, Strasbourg et Nancy ont vu les cas de fraude passer entre 2022 et 2023 respectivement de 12 à 15 %, 10 à 12 %, rester stable à 13 % et de 7 à 10 %.
Ailleurs, Paris, tout comme Lille, passent de 6 à 10 % de cas détectés par les diagnostics réalisés. Une augmentation de + 67 % !
Il est donc important de sensibiliser et de donner des clés aux acheteurs pour détecter le pot aux roses. Car pour l'acheteur malheureux, une fois qu'il est découvert, c'est la douche froide. Il se retrouve avec une auto au kilométrage plus élevé que ce qui lui a été annoncé, et donc à la valeur forcément moindre. Se retourner contre le vendeur est toujours possible, mais compliqué, et long.
Il vaut mieux, évidemment, arriver à déjouer toute tentative d'arnaque, avant l'achat. Mais justement, quels sont les moyens pour repérer une occasion au compteur trafiqué ? Est-ce invisible ? Ou facilement décelable. Voici quelques astuces de sioux, que nous vous donnions déjà en 2022, et qui sont toujours valables aujourd'hui, pour éviter le loup.
Les moyens physiques
Une voiture s'use en même temps qu'elle prend des kilomètres. C'est logique. Passés les 100 000 au compteur, on constate que les pédales sont râpées, le volant patiné, les tapis de sol un peu élimés, par exemple. Il faut donc s'assurer de la cohérence entre tout cela. Si une voiture affiche 80 000 km mais que les caoutchoucs de pédale sont usés jusqu'au métal, ou le volant lisse comme un oeuf, il y a anguille sous roche. Car ce sont des caractéristiques de voitures de plus de 200 000 km. A contrario, pour le même kilométrage, si les caoutchoucs de pédale sont parfaitement neufs, il y a maldonne. Ils auront été remplacés pour masquer le kilométrage élevé.
Sous le capot, on peut observer les étiquettes de vidange, si elles sont restées en place, pour s'assurer que le dernier kilométrage indiqué n'est pas supérieur, bizarrement, à celui de l'auto. Pareil pour le remplacement de la courroie de distribution. S'il y a une étiquette sur le carter de celle-ci, ou des indices laissant croire à son remplacement (une date inscrite au marqueur blanc, c'est courant), c'est que l'auto a déjà des kilomètres derrière elle (sauf si l'échéance temps a été atteinte, renseignez-vous).
Les moyens électroniques
Certaines auto, comme chez BMW par exemple, gardent des informations kilométriques dans la mémoire des calculateurs de l'auto, mais aussi parfois dans la clé de contact. En vous rendant chez un concessionnaire de la marque, il pourra, moyennant une lecture des informations de la clé, ou un passage à la valise de diagnostic (attention, c'est payant), vous dire si des informations ont été modifiées. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas, certains malfrats font bien les choses et modifient les valeurs partout, quand ce ne sont pas les autos elles-mêmes qui ne retiennent pas en mémoire les modifications. Ces dernières peuvent donc s'avérer invisibles...
Les factures et CT
Normalement, un arnaqueur soigneux évitera cet écueil. Mais un étourdi pourra laisser, dans la pile de factures transmise à l'achat, une qui mentionne un kilométrage incohérent. C'est ballot ! Donc épluchez aussi bien toutes les factures, ainsi que les contrôles techniques. Si un kilométrage indiqué est au-dessus du kilométrage au compteur, fuyez.
De même, si les factures (sans kilométrage affiché par exemple), mentionnent le remplacement d'un embrayage, d'une boîte de vitesses, d'un turbo, des amortisseurs, etc. Alors qu'elle est censée n'avoir que 50 000 km, il faut se méfier. Car en moyenne, ces opérations sont réalisées à des kilométrages bien plus élevés, il faut demander des explications.
On peut aussi tenter de contacter la ou les concessions qui ont effectué l'entretien de l'auto (coordonnées sur les factures). Certaines ont accès à l'historique d'entretien, et pourront vous donner les kilométrages des dernières révisions ou réparations.
Les vérifications administratives
En demandant un rapport "Histovec" au vendeur (nous en avons déjà parlé dans cet article), vous pourrez avoir accès au nombre de propriétaires précédent, et aux relevés de kilométrages lors des contrôles techniques récents, expertises passées, transactions sur des sites de petites annonces, par exemple. C'est simple et rapide avec les informations présentes sur la carte grise. Et cela permet aussi de relever des incohérences dans la courbe de progression kilométrique. Bien sûr, si le vendeur s'oppose à cette demande, c'est qu'il a quelque chose à cacher. Alors fuyez.
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