Cupra pourrait-il devenir la bouée de sauvetage de Seat ?
Au royaume d’Espagne ou Seat est à la baisse, Cupra est à la hausse. Mais si la jeune filiale du constructeur de Martorell ne parvient pas encore à compenser les pertes de sa maison mère, elle entend bien le faire dans les prochaines années.
Hécatombe en termes de ventes, l’année automobile européenne 2021 n’a pas toujours été une bérézina en termes de profits. Et si nombre de constructeurs se tirent relativement bien du guêpier post-covid, et de la pénurie de semi-conducteurs en matière de bénéfices, d’autres mordent la poussière, à l’instar de Seat qui accuse une perte de 371 millions d’euros.
Seat qui pleure, Cupra qui rit
Pourtant, à y regarder d’un peu plus près, si les voyants ne sont pas au vert, ils sont moins rouges qu’en 2020. Les pertes ? Elles diminuent, baissant de 47 millions, puisqu’elles s’établissaient à 418 millions il y a deux ans. Quant aux ventes de voitures, elles ont augmenté de plus de 10 % l’an passé. Une hausse, ou plutôt une baisse amoindrie, qui doit beaucoup à la seconde marque du constructeur espagnol : Cupra.
Car la petite marque née en 2018 sous la houlette de Luca De Meo qui dirigeait alors la maison de Martorell, a littéralement explosé ses scores l’an passé. Qu’on en juge : en 2021 les ventes de la filiale sportive ont augmenté de 189 %. 79 327 Cupra ont été vendues et le chiffre d’affaires a, logiquement, bondit lui aussi, passant de 932 millions d’euros en 2020, à 2,2 milliards l’année suivante.
On rétorquera, avec raison, qu’une marque naissante réalise toujours des scores spectaculaires et que, lorsqu’il se vend un seul nouveau produit la première année, il suffit d’en vendre deux l’année suivante pour réaliser 100 % de hausse. Mais la progression de Cupra depuis sa naissance est constante. Le pari (risqué) de De Meo est donc réussi : transformer une variante sportive de Leon et d’Ibiza en marque à part entière.
Du coup, Cupra se sent pousser des ailes et ses géniteurs sont bien tentés de transformer la jeune marque en cash machine. C’est qu’en ces temps mauvais pour l’automobile, il faut apprendre à vendre moins, pour vendre plus cher, et le succès (financier) d’une marque comme Peugeot l’atteste. Comme Seat n’a visiblement pas le droit de jouer la montée en gamme dans le groupe Volkswagen auquel il appartient, ce rôle est joué par sa filiale Cupra.
La cash machine se sent pousser des ailes
Du coup, cette marque qui se veut un porte-étendard de l’automobile espagnole, n'’est pas seulement une vitrine, mais peut-être la bouée qui pourrait sauver Seat, puisqu’un Formentor vendu affiche la même rentabilité que quatre Seat Ibiza distribuées. "La pérennité de notre entreprise repose sur la croissance de Cupra » a expliqué Wayne Griffiths le patron de Seat. Et ce n’est pas du tout un hasard si c’est lui, l’ex boss de Cupra, qui a remplacé Luca De Meo à la tête des deux marques. Mais si la nouvelle marque doit payer les pots cassés de Seat, et tenir le navire à flots, comment peut-il procéder ? En se fixant des objectifs ambitieux et en partant à la conquête de nouveaux marchés, avec de nouveaux modèles.
L’ambition de Cupra est un rêve d’Amérique ou le petit Espagnol compte bien débarquer avec un grand SUV. Trois autres nouvelles autos seront présentés d’ici trois ans, plus ou moins électrisés. Un programme qui s’accompagne d’un cadeau de la maison mère qui investit 7 milliards d’euros en Espagne pour ses deux marques ibériques. Un pécule qu’il va falloir faire fructifier et rien que pour cette année 2022, l’objectif fixé à Cupra depuis l’Allemagne est clair : doubler son chiffre d’affaires en 2022 et le porter à 5 milliards. Si tous ces rêves se réalisent, on ne dira plus que Cupra est la petite filiale de Seat, mais l’inverse.
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