Dakar 2010 : Hugo Payen, déçu, nous explique son abandon
Comme je l'ai expliqué tout à l'heure avec les nouvelles d'André Lenoble, le suivi d'Hugo Payen devait se faire chaque jour ou tous les deux jours, selon les possibilités de leur copain sur place.
Hugo, qui devait finir ce Dakar après deux échecs successifs, n'est pas allé loin, il abandonne à cause de la moto sur l'étape 4, après avoir eu déjà plein de soucis la veille.
Hugo a pu envoyer un message, il explique ce qui s'est passé.
Hugo Payen : Bonjour à tous,
Le moment est venu de sortir de ma coquille pour vous écrire un petit mot. Il n'y a pas de règle, qu'on s'appelle Casteu, Peterhansel, Payen ou Lenoble, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas !!! La frustration est énorme car la moto était prête, nous étions prêts.
Seulement un jour de répit sur ce début de Dakar, le premier.
Tout était parfait : la piste, la moto, moi. J'ai roulé propre et au final 35ème au classement général, le tout sans prendre de risque.
35ème, quand tout le monde est présent sur l'étape cela veut dire que mon objectif sur la durée d'atteindre le top 15-20 est tout à fait atteignable.
Le deuxième jour les ennuis ont commencé, tout d'abord le garde boue avant s'est arraché avec la prise de durite de frein, s'en est suivi la perte du sabot et la réserve d'eau : première séance de mécanique. Le répétiteur de cap s'est arrêté sur cette étape également me faisant perdre un temps précieux en spéciale. Mais bon, tous ces petits soucis font parties de la course, rien est grave tant qu'on est toujours en course.
Les vrais soucis ont débuté le troisième jour, dès le matin. 5H30, je démarre la moto, elle ne lance pas. Scène de démontage, changement de pièces, … Rien y fait. Obligé de la faire tracter par un 4X4 pour la faire démarrer. Elle craque, je pars le peur au ventre.
Et là une vraie étape du Dakar, une de ces étapes dont on se rappelle longtemps et qui forge la réputation de ce rallye : le plus dure du monde.
Essayer de faire rouler une petite moto Majorette dans une bassine de farine et vous aurez une idée de la longue journée de roulage que j'ai passé. Après 80 kms de dunes je tombe sur mon ami Serge Gelebart à l'agonie complet, séché, plus d'eau.
Vu son état, j'accepte de lui passer mon Camel Bag (réserve d'eau) en ayant conscience de l'acte, car du coup je repars sous un cagnard de 50° en plein désert sans eau avec une moto qui cale toutes les 40 bornes.
Il faut que je transvase l'essence de mes réservoirs latéraux dans mon central avec une bouteille de 200 ml. Ce scénario se répétera des dizaines de fois sur 200 Kms. Cette journée là, j'ai réalisé que j'allais vraiment payer de ma personne ce Dakar.
J'arrive à rallier le bivouac, grand soulagement ! On se penche sur le problème d'arrivée d'essence, on ne trouve pas de solution, c'est incompréhensible. Le soir nous décidons de changer le moteur et la pompe à essence. Encore un grand merci à Richard car quand je me suis levé à 4h du mat', il finissait tout juste la moto.
Sur la 4ème étape je pars donc serein, la moto marche nickel, liaison de 400 Kms, ravitaillement Km 220, impeccable.
Km 300 la moto s'arrête et rebelote pour le transvasement incessant d'essence. J'arrive à la spéciale et les réservoirs remarchent, pourquoi ?
Par contre je constate que mes bottes sont maculées d'huile, je refais mon niveau et je pars en spéciale en retard avec un frein arrière plein d'huile, alors méfiance.
Je décide de rouler cool et quelques Km plus loin, repanne. Il suffit que je m'arrête deux minutes et la moto repart pour 10 Kms et ainsi de suite.
Au Km 120 de la spéciale elle ne repartira plus. Le Dakar s'arrête là, à l'endroit que vous voyez sur la vidéo.
Dakar 2010 : Hugo Payen, déçu, nous explique son abandon
Sans être présomptueux, je suis convaincu de mon potentiel, de ma place dans le top 20. Je réfléchis dors et déjà à l'avenir.
J'espère avoir encore la possibilité de vous prouver ma valeur. Mes partenaires vont-ils me suivre l'année prochaine, je comprendrais leur hésitation. Je considère qu'on a fait le travail avec nos moyens, le Dakar amène ses joies mais aussi, et je le vis en ce moment, son lot de désillusion.
Beaucoup de courage à mon ami Dédé qui nous a révélé une personnalité, une volonté et un courage que nous n'imaginions pas.
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