2. Essai - BMW R18 Classic : une ode à la flânerie
Ainsi pourvue, la Classic devient très naturelle, très intuitive, et si son train avant reste bien entendu lourd (ce n’est pas une ballerine non plus…), notamment du fait d’un guidon trop large, très éloigné et légèrement corne de vache, on profite instantanément d’une précision et d’un naturel dont la moto ne se départit jamais, quel que soit le style de tracé. Mieux encore, la roue avant offre un atout supplémentaire par rapport à celle de 19 de la version standard. On y gagne en agrément de manière indéniable. Et ce n’est pas fini : le confort dans la direction est supérieur, tandis que l’on trouve une meilleure capacité à absorber les petits chocs.
Pour ce qui est des bosses et tours de plus grandes amplitudes, pas de différence flagrante : on arrive vite dans le dur des suspensions, qui réservent une fermeté peu compatible en théorie avec l’esprit léger de la balade, mais bien davantage avec celui d’une conduite aussi musclée que peut l’être le moteur. Bien évidemment, le poids de la moto reste présent malgré sa capacité à se faire oublier, mais aussi bien l’inertie mécanique qu’une propulsion par cardan, un important empattement de 1 731 mm et un angle de chasse ouvert, ne laissent aucune illusion quant à l’improvisation permise… Pour autant, le système de freinage à la répartition automatique se montre efficace, malgré un levier droit de grosse dimension et une attaque douce.
Les doubles disques avant profitent de leurs 300 mm pour offrir progressivité et force, bien entendu sans véhémence. Le contrôle est précis, mais réclame un peu plus d’efforts, tout comme l’embrayage, ferme. La commande de boîte est douce, tandis que l’on profite d’une mécanique mi-lente/mi-rapide, mais verrouillant correctement et agréable à utiliser. L’espacement des rapports et leur étagement est agréable, tandis que l’on profite d’une prestation très agréable et d’un caractère moteur mixant les bons points, dont un couple de renversement ne se manifestant que lors de la mise en route de moto : ça vous arrache le guidon de dans les mains et ça vibre copieusement avant de disparaître au premier coup de gaz pour laisser place à un équilibre redoutable.
Le couple omniprésent et très important dès les premiers tours de roue, contraste avec une puissance modérée et largement suffisante pour l’utilisation que l’on souhaite faire de cette moto : rouler et enrouler, se faire plaisir à la moindre occasion et au moindre prétexte. D’autant plus que la R18 Classic dispose de moyens insoupçonnés et de qualités routières indéniables. Rigoureuse, suffisamment précise, il ne reste qu’à surveiller la garde au sol, naturellement limitée par l’architecture "à l’ancienne" de la moto et ses repose-pieds naturellement placés bas. Enfin ses marchepieds, en l’occurrence. Des éléments optionnels apportant à notre sens bien plus de confort que les éléments proposés d’origine, du fait de pieds bien placés et agréablement installés. Reste à gérer la double commande aux pieds, dont la branche arrière entre en conflit avec le talon et ne laisse que peu de place. Par contre, une fois cet accessoire réglé, on gagne en confort d’utilisation et en agrément.
Rapidement, on en vient à limer les limiteurs d’angle, malheureusement trop tendre, au point de pouvoir attaquer la structure même des marchepieds. Ouch. À 155 € le morceau, on trajecte, ce que facilitent une fois de plus l’ensemble de la moto et de son train roulant. Dans les épingles, pourtant peu adaptées en théorie à ce genre d’engin, le moteur est un régal tant il relance aisément et se fixe facilement sur une vitesse et sur un régime. Les relances se font sans attendre, l’injection étant aussi bien calibrée que l’accélérateur sans câble.
Les modes de conduite apportent eux aussi un comportement adaptable, tandis que l’on profite de la force du moteur et de ses gros pistons. Sur le ralenti, on évolue sans souci en laissant pousser le cardan. Qui aurait imaginé autant de souplesse dans un tel moteur ? Le son feutré et puissant, mais toujours discret des nouveaux échappements, enferme dans une bulle vintage tout autant que le superbe réservoir et les culasses chromées que l’on ne quitte jamais réellement du regard.
Une pause à Millau et nous voici à découvrir la confection de la gamme de sac et sacoches de Bleu de Chauffe. Visite de l'usine et tour de l'entreprise nous mettent dans l'ambiance balade inspirée par la R18 Classic. Une pause bénéfique nous permettant de savourer un savoir-faire unique en son genre, local et éco responsable. Bleu de Chauffe - dont le nom vient des vêtements portés par les charbonniers des transports ferroviaires - est connu de par le monde pour ses cuirs et textiles au style "workware" (usine). Nous voici en pleine immersion, au milieu des senteurs de peaux tannées végétalement, des petites mains en tain de découper, ajuster, coudre et poinçonner. Vient ensuite une pause déjeuner bien méritée dans un cadre naturel épatant. Les routes environnantes nous appellent cela dit et l'après-midi sera bien occupé à rallier notre point de départ.
La R18 Classic bien en mains, on trouve son rythme, ses approches de courbes, on savoure les vibrations qu'elle offre, qui sont autant de pulsations d'un cœur aux artères libres. Curieusement, l'échappement se montre assez discret, tandis que l'on profite d'une mécanique bien plus docile que ce que l'on aurait pu imaginer. Reste bien entendu) ne jamais oublier que l'on a affaire à une moto de connaisseurs, d'esthètes et quelque pas d'épicuriens : non seulement on roule avec plaisir, mais aussi avec une certaine modération, bien que l'on puisse choisir de couvrir de plus longues distances.
Sur autoroute, on profitera bien davantage du régulateur de vitesse que de la "protection" de la bulle, laquelle se trouvera dans le champ de vision en cas de buste court. Quant à changer de posture, l'assise ne le permet pas, et à la longue, les marchepieds invitent à changer les petits petons de place, sans réellement le permettre. Faudrait-il en passer par les reposes mollets placés sur les culasses et prochainement en option ? Pourquoi pas… après tout, allonger les jambes fait partie du plaisir d'enrouler.
Cela dit, à "l'attaque", cette R18 Classic profite de bonnes réactions et de son anti patinage. Discret, celui-ci est en mesure de réguler un couple omniprésent sans pénaliser les manœuvres. On l'appréciera principalement sur route humide, et on le désactivera aisément en un clic sur le commodo gauche, afin de profiter du plein potentiel de la R18 Classic.
N'oubliez pas qu'aussi imposante soit la moto, son moteur est bel et bien moderne et surtout performant. Il prodigue de copieuses et coupleuses sensations, tandis que l'on accroche volontiers les allures départementales sur le premier rapport, les allures nationales sur le second (120 km/h) et près de 160 sur le troisième rapport, alors qu'il en reste trois dans la boîte à crabots. La six est cela dit plus une surmultipliée permettant de réduire le régime moteur et de moins consommer tout en apportant une dose supplémentaire de sérénité. On ne rechigne pas à la passer dès que l'on sort d'agglomération. En effet, le Boxer ne se départit jamais de sa force ni de sa souplesse et l'embrayage précis permet des relances à tout régime, sur tout rapport.
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