3. Et nous motards, sommes-nous prêts pour la moto électrique ?
La préparation de ce dossier nous a permis de balayer de nombreux avis sur la question de la moto électrique. Parmi les principales réserves, le manque de bruit et de vibrations sont celles qui revenaient le plus souvent dans la bouche et les mots des motards interrogés. Bien avant l’évocation du prix qui reste souvent élevé.
Pour faire un tour d'horizon, nous avons directement posé la question à Jacques Bolle, président de la Fédération Française de Motocyclisme, qui s'est livré à nous avec sincérité : " La fin du thermique ? Cela n’est pas demain la veille ! Aujourd’hui, les véhicules électriques ont toujours un gros problème de stockage de l’énergie. À poids d’énergie stockée comparable (essence vs batterie), vous pouvez toujours parcourir beaucoup plus de distance avec un véhicule thermique qu’avec un véhicule électrique. Pourtant, en effet, le 2 roues électrique est peut-être une alternative en ville. Il faut toutefois ne pas être naïf, on sait très bien qu’avec les véhicules électriques, on ne fait que déplacer la pollution. Je reste ainsi réservé sur l’utilisation des motos électriques, en revanche, hors agglomération, pourquoi pas ? "
Un avis tranché que ne partage qu’à moitié la première association de France de motards, la Fédération Française des Motards en Colères. Pour Didier Renoux (charge de mission communication) ; " L’électrique ne conviendra pas forcément à tout le monde mais constitue un moyen de déplacement sur deux ou trois roues, parmi les autres. Quant à l’avenir, il est très incertain concernant les dates de fin du thermique (avancées surtout par des gouvernements) mais aussi concernant le succès de l’électrique. "
Du côté de la Fédération des Motards de France et de son vice-président Baptise le Bot, on partage ces doutes : " Je ne suis pas favorable à la moto électrique et je souhaite garder la moto thermique. Pour moi ce n’est pas du tout ce que j'aimerais avoir, le bruit n'est pas du tout celui d'une moto. Pour moi une moto silencieuse n'est plus une moto. Je ne retrouve aucunement le plaisir du bruit que procure une véritable moto thermique. "
Des avis divers qui apportent un éclairage sur la vision des usagers sur la moto électrique et qui ancre la différence entre la mobilité électrique urbaine et une utilisation hors agglomération. En caricaturant un peu, l’usager du scooter (mobilité urbaine majoritaire) est dans le pratique, le fonctionnel, alors que le motard est dans le ressenti, dans l’émotion. Le motard attend de sa moto qu’elle lui procure des sensations, qu’elle vive. La pratique de la moto reste encore aujourd’hui majoritairement une question de passion, ce qui se trouve à l’opposé du côté souvent purement fonctionnel de celle du scooter.
Le débat est ainsi porté, plus que sur une considération écologique ou mécanique, sur un plan philosophique. Vous penserez peut-être que l’on s’égare, mais c’est au contraire un point qui semble essentiel pour comprendre cette défiance des motards traditionnels envers une moto électrique. La moto électrique ne peut pas, et ne doit pas être comparée à une moto thermique. La moto électrique est une nouvelle forme de mobilité à deux-roues, une proposition inédite. Elle ne sent pas l’essence, ne fait pas le même bruit qu’une moto thermique, ne vibre pas. La moto électrique doit être envisagée en dehors de ces considérations.
Si de nombreux motards interrogés y sont défavorables, très (très) peu d’entre eux avouent avoir personnellement testé une moto électrique. Ce qui reste hautement paradoxal. L’évolution des mentalités, l’ouverture d’esprit dont sauront faire preuve les motards et les progrès technologiques à venir décideront de l’avenir des motos électriques. En attendant, le sujet continue d’alimenter les débats.
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