Et si on taxait un peu le poids des voitures ?
Les immenses efforts faits par les constructeurs depuis 20 ans pour réduire les émissions de CO2 ont été quelque peu effacés par le poids en constante augmentation des voitures. Et si, on instaurait un malus sur le poids des voitures ? L'idée est lancée.
France Stratégie, l'institution rattachée au Premier ministre, a publié un rapport préconisant de ne pas se limiter au simple rejet de CO2 à l'échappement. En effet, depuis quelque temps fleurissent des véhicules électriques avec des batteries de plus 60, 70 voire 80 kWh. Des batteries très lourdes, qui s'inscrivent dans une tendance de l'automobile depuis des années : faire des voitures toujours plus grandes, et lourdes.
France Stratégie explique : "les constructeurs ont déjà beaucoup travaillé ces dix dernières années sur l’amélioration des rendements des moteurs thermiques, sur l’aérodynamisme et l’allègement des voitures. Les deux leviers les plus prometteurs sont aujourd’hui la réduction de la taille des voitures et leur électrification.
Pour atteindre ces objectifs, un bonus-malus indexé sur le poids et sur l’utilisation en mode électrique des voitures pourrait être mis en place au niveau européen. L’instauration d’une norme limitant l’empreinte carbone associée à la production de ces voitures permettrait aussi de s’assurer que les voitures à faibles émissions et leurs batteries soient fabriquées avec une électricité peu carbonée. On l’aura compris : pour l’Union européenne, l’enjeu n’est pas seulement environnemental mais aussi économique et social".
Taxer le poids en plus du CO2, une idée, comme ça
Si l'idée pourrait faire grincer des dents, elle a au moins un intérêt : pointer du doigt un problème récurrent et rarement soulevé par les pouvoirs publics, à savoir le poids des véhicules. Malheureusement, les constructeurs sont en partie "forcés" à alourdir les autos : les normes environnementales, les impératifs de sécurité imposées pour passer les crash-tests (présence obligatoire d'aides à la conduite et d'équipements de plus en plus nombreux) et surtout les éléments de confort toujours plus présents pèsent "lourd".
France Stratégie annonce d'ailleurs que les deux tiers de "la baisse de CO2 depuis 2001 sont factices". L'institution s'appuie pour cela sur les chiffres de consommation réels des véhicules, et pas ceux relevés jusqu'en 2018 sur le cycle NEDC (remplacé par WLTP).
Des "tanks"
"Une telle mesure inciterait les constructeurs automobiles à développer des voitures plus légères et plus sobres en énergie, bénéficiant au plus grand nombre, et mettrait fin au développement exponentiel des SUV, y compris ces « tanks » électriques de plus de 2 tonnes au gain environnemental plus que limité. Comme le rappelait récemment l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), une voiture électrique pour un gain environnemental d’autant plus important que son usage est intensif et que la taille de sa batterie est contenue et adaptée à un usage au quotidien, c’est-à-dire moins de 60 km par jour pour 80 % des Français (voir encadré 2 page suivante)."
France Stratégie va assez loin en qualifiant les autos de tanks, mais il est vrai que les récentes sorties de voitures électriques ne font pas dans la retenue : Audi e-tron, Jaguar I-Pace, Tesla (Model X, S et 3) et Mercedes EQC sont presque toutes à plus de deux tonnes.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération