L'armée allemande recrute chez Ford et Volkswagen, en difficulté, et ça passe mal...

Le constructeur américain Ford, ainsi que le régional de l'étape Volkswagen ont tous deux annoncé, récemment, des milliers de suppressions d'emplois en Allemagne. Chez Ford, ce sont 5 000 départs volontaires qui sont encouragés, dans le cadre d'un plan social européen. Chez Volkswagen, ce sont entre 3 000 et 5 000 suppressions nettes qui sont envisagées.

La "fuite" de salariés qualifiés qui se profile semble du coup intéresser l'armée allemande, la Bundeswehr. Selon un porte-parole de l'armée, son institution offre "une multitude de carrières (...) et cela pourrait être une perspective méconnue justement pour du personnel technique". Nos confrères de l'AFP ont recueilli le même type de discours : "Nous voulons nous présenter comme alternative pour les personnes concernées par les suppressions d'emploi..."

Soit, le discours se tient sur le fond. Mais dans la forme, Ford et Volkswagen, via leur représentation syndicale, ont tiqué sur une campagne de recrutement qu'ils qualifient de "sans respect" et qui "manque de niveau".

En effet, hier jeudi, la Bundeswehr a mené, jusque devant les portails des usines des constructeurs, une campagne de recrutement qui ne les a pas fait rire. Des affiches diffusées dans la presse mais aussi placées directement sur des camions de l'armée positionnés devant les usines (Cologne pour Ford, Wolfsburg pour Volkswagen) incitaient les ouvriers intéressés à postuler, dans des termes certes quelque peu provocants.

Une campagne provocante mais non dénuée d'humour

Pour Ford, on peut y lire "Job Fort ? Mach, was wirklich zälth." Ce qui signifie : "Tu n'as plus de job ? Fais quelque chose de vraiment utile"... Sur l'affiche, le mot "Fort" reprend la police et le style du logo Ford. Provocation ?

Chez Volkswagen, le slogan est différent : "Jetz job fürs volk wagen", ce qui signifie "Maintenant, osez le travail pour le peuple", paraphrasant ainsi le nom même de la marque Volkswagen qui signifie "voiture du peuple".

Cette campagne, qui doit durer 3 jours sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram, mais n'a eu lieu qu'hier physiquement devant les usines.

Les constructeurs concernés ont vivement réagi hier. Surtout Ford, par la voix de son comité d'entreprise qui, sur sa page facebook, a estimé que cette campagne "manquait de respect et de niveau", ajoutant que "la Bundeswehr joue ses intérêts sans respect pour la situation difficile dans laquelle se trouve notre entreprise". Ford a même essayé d'empêcher la campagne, sans succès, le ministère de la défense "ne voulant pas en discuter".

Concrètement, cette campagne est en effet un peu provocante, mais non dénuée d'humour. Elle marque les esprits. Et les constructeurs ont beau jeu de dire que cela "manque de respect", l'armée, quoi qu'on en pense, propose tout de même du boulot à des personnes que l'on pousse dehors.