L'industrie auto anglaise voudrait fonctionner "comme avant", malgré le Brexit
La Grande-Bretagne a fait un choix en juin 2016, celui de sortir de l'Europe. Mais l'industrie automobile s'inquiète et se bat pour que pour elle, rien ne change... Avec une chance que ça aboutisse ?
Mardi dernier avait lieu le dîner annuel de l'Association des Constructeurs et vendeurs automobiles britannique, la SMMT (Society of Motor Manufacturers ans Traders). Et son patron, Tony Walker, lors de son discours, s'est montré fort clair. Pour résumer, l'industrie britannique automobile, qui se remet seulement depuis quelques années d'une grave crise, n'a pas besoin de nouvelles barrières et de nouveaux obstacles à surmonter.
Et il demande que la période de transition, déjà actée par Theresa May, la première ministre, aide à fonctionner de la même façon qu'auparavant, et surtout, qu'elle soit illimitée dans le temps. Ou comment avoir le beurre et l'argent du beurre...
Il faut dire que ce sont chaque jour, selon les chiffres de l'association, 1100 camions qui traversent la Manche en direction de l'île, pour fournir en pièces les usines et équipementiers sur place. Quotidiennement, ce sont 6 600 voitures et 9 800 moteurs qui sont manufacturés sur place, dont respectivement 5 200 et 5 500 repartent ensuite dans l'autre sens. En 2016, 1,72 million de voitures ont été fabriquées en Grande-Bretagne.
L'association craint que la mise en place abrupte de droits de douane mette à genoux une industrie qui se relève à peine et qui "a fait beaucoup d'efforts pour s'en sortir". D'autant que les scandales actuels et les incertitudes liées au Brexit fragilisent déjà les ventes de voiture, qui ont baissé ces derniers mois, mais pas encore l'industrie elle-même.
Tony Walker souhaite donc que la transition se fasse "selon les termes actuels" et "ne soit pas limitée dans le temps", afin de permettre aux différents acteurs de s'ajuster et de pouvoir "prendre des décisions d'investissement sur le long terme de façon sécurisée".
Le risque ne vient pas seulement selon lui des frais ajoutés par l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), qui représenteraient un surcoût annuel global de 4,5 milliards de livres pour toute l'industrie, mais aussi des droits de douane et des vérifications sur les produits entrants, qui circulent aujourd'hui librement.
Faire "comme avant"
Vous l'aurez compris, la SMMT voudrait que dans un cadre différent, les choses fonctionnent comme actuellement, sans limitation de durée...
Mais est-ce possible ? Theresa May, nous l'avons dit, s'est déjà engagée sur une période de transition de 2 ans à partir de la sortie effective de l'UE de la Grande-Bretagne, une date fixée au 29 mars 2019 à 23h (oui, on connaît même l'heure). Période durant laquelle les relations entre les industries automobiles et l'Union Européenne ne seraient pas modifiées. Donc, pas de droits de douane, pas de contrôles aux frontières pour les importations de pièces automobiles.
Mais ensuite ? Le gouvernement britannique ne pourra pas continuer de fonctionner comme s'il faisait partie de l'UE, sans en faire partie, ad vitam aeternam ! Une situation qui ferait râler les industriels européens. Ou pas d'ailleurs, mais qui posera souci aux instances européennes.
Renault (via Nissan et ses usines UK) et PSA (via Vauxhall et son usine d'Ellesmere Port), surveille cela de près en tout cas, car la direction prise pourra remettre en cause ou pas des investissements sur l'île, en les rendant plus coûteux, donc inutiles...
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