Climat et budget des ménages: le WWF dénonce le "fléau" des SUV
Elle défend d'habitude le monde du vivant, mais elle a décidé cette fois de s'attaquer à l'automobile, ou plus particulièrement aux SUV : l'ONG WWF qualifie cette carrosserie de fléau, aussi bien pour l'environnement que pour le portefeuille des automobilistes.
"Catastrophe climatique et gouffre pour le budget des ménages : il est urgent de faire reculer la vente des SUV". Le très long rapport de la WWF sur les SUV est assez inédit pour une organisation non gouvernementale plutôt habituée à défendre le monde du vivant. Mais elle parvient à trouver un lien entre le SUV et la dégradation du climat : "2ème source de croissance des émissions de CO2 françaises ces dix dernières années derrière le secteur aérien, les SUV ont un impact écrasant sur le climat". La WWF n'y va pas par quatre chemins et préconise à la France de diminuer la part de marché du SUV dans les années à venir, rien que ça. Un document totalement à charge qui va, parfois, dans tous les sens quitte à se perdre.
Le problème CO2
"Dans sa première étude le WWF France a quantifié l’impact des ventes de SUV sur les émissions françaises de CO2 ces dix dernières années et leurs projections selon quatre scénarios à l’horizon 2030 en s’appuyant sur un croisement de données du secteur de l’industrie automobile et d’institutions (Ademe, Aie, Iddri, Pfa, Rte...)." Les conclusions sont claires : (+20% de CO2 par rapport à une voiture standard) (fabrication, utilisation et fin de vie) (1,3 fois plus) et encore plus importante qu’une citadine électrique (5,7 fois plus). Si rien n’est fait pour ralentir et infléchir la courbe des ventes de SUV (scénario tendanciel), la France ne pourra pas tenir ses engagements climatiques pour 2030.A l’inverse, dans le scénario le plus ambitieux (scénario sobriété), la France pourra respecter ses engagements climatiques voire même honorer l’ambition de l’Accord de Paris".
Ces chiffres avaient été effectivement confirmés notamment par l'AIE (Agence internationale de l'énergie). Mais la WWF se focalise sur le SUV et en oublie un autre paramètre important : l'abandon du diesel depuis 2015, et la ruée vers le sans-plomb, y compris sur des gros modèles. Qui aurait acheté un véhicule tel qu'un Peugeot 5008 avec un 1.6 turbo essence de 180 ch en 2005, ou 2010 ? Personne. A cette époque, le diesel était plus adapté (mais aussi un peu trop adopté sur des véhicules plus petits). Désormais, c'est tout pour l'essence en attendant l'électrique, Peugeot ayant par exemple décidé de faire passer le BlueHDI 180 à la trappe. Gros rouleurs, il vous restera donc un 5008 hybride rechargeable ou bien le Puretech 180 essence.
Autre contexte, autre époque : quand les monospaces se vendaient plus que les berlines compactes ou les breaks, personne ne trouvait ça dérangeant, alors que la différence de poids et de consommation était également bien là.
"...si l’on compare les citadines électriques les plus sobres, embarquant 15 kWh de batterie, aux SUV électriques les plus imposants, dotés de 100 kWh de batterie. Un tel dimensionnement est d’autant plus contestable qu’un SUV électrique doté d’une batterie de 100 kWh pourrait faire rouler 6 citadines électriques de 15 kWh. De tels véhicules légers, étant dotés d’une autonomie réelle de 75 à 100 km, pourraient satisfaire les besoins en mobilité quotidienne de plus de 80 % des français". Là encore, la WWF se perd. Aucune citadine ne dispose aujourd'hui de 15 kWh de batteries, et les 100 kWh sont encore très peu répandus, les SUV étant plutôt autour des 80 à 90 kWh pour les plus gros modèles.
En conclusion, la WWF appelle le gouvernement français à agir : "dans ce contexte, le WWF appelle le gouvernement à saisir l'opportunité de la relance pour adapter les outils de décarbonation et orienter durablement le parc automobile vers des véhicules plus légers et moins puissants, compatibles avec les engagements climatiques de la France". Et c'est bien de ça dont il s'agit : le poids, et pas la taille ou la hauteur ! Si le gouvernement doit un jour publiquement déconseiller d'acheter un Audi Q7, doit-il alors orienter ces acheteurs vers une e-tron GT, certes plus basse, mais au moins aussi lourde ?
Le problème budget
Plus cher à l'achat, consommant plus de carburant et de consommables, le SUV serait un vrai problème financier pour les ménages. La WWF estime-t-elle que les consommateurs ne savent pas ce qui est bon ou mauvais pour eux, et qu'il faudrait décider à leur place de l'achat qu'ils doivent faire ?
En fait, l'ONG s'appuie sur un argument sur le papier imparable : "alors que rouler en SUV coûte plus cher, l'arrivée prochaine des SUV sur le marché de l'occasion pèsera demain sur le budget des ménages modestes". En clair, la focalisation du marché du neuf sur le SUV est une épine dans le pied des ménages les plus fragiles qui, demain, n'aura pas d'autre choix que d'opter pour un SUV en occasion, puisqu'il n'y aura rien d'autre.
Globalement, la WWF "n'accable pas le citoyen" moyen mais plutôt le gouvernement qui "par ses choix politiques", et notamment le système du bonus/malus. Sauf que le barème du malus est justement plutôt bien fait : un SUV aura quasiment toujours un malus supérieur à une berline équivalente.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération