L’Opel GT Roadster, ce mini muscle-car à la ligne de fou
Malgré son look ravageur, son moteur puissant et sa rareté, l’Opel GT reste boudée. Avantage, elle se trouve à des prix très attractifs. Alors, est-ce le moment de s’offrir ce collector au badge allemand mais aux gènes américains, disponible dès 14 000 € ?

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Dans cette époque pas marrante, les voitures plaisir ont un rôle à jouer, plus que jamais. Non, pas de SUV tartignoles mais des roadsters sympas et prodigues en sensations, dont la mission sera de vous faire oublier les affres du quotidien. Et dans cette optique, l'Opel GT Roadster revêt un intérêt particulier, grâce à son concept qui a fait ses preuves, son look charismatique, et son moteur très puissant. Dédié d'abord et avant tout au fun, il ne se soucie guère de praticité, ce qui le rend inutile donc indispensable. Un peu comme un roadster des années 60, les avantages d'une voiture moderne (fiabilité, sécurité, performances) en plus. Enfin, l'Opel propose ses spécificités alléchantes à un prix encore bas, malgré sa rareté : raison de plus pour la préserver.

Les problèmes d'image dont souffre Opel ne datent pas d'hier. Malgré de belles ventes, les voitures au blitz sont perçues comme un peu ringardes dès les années 60. Ce qui a conduit GM à doter son antenne allemande du coupé GT, abordable et aguicheur, en 1968. Avec succès ! Mêmes causes, mêmes effets, Opel relance une GT dans les années 2000.
Mais là, pas question d'une belle carrosserie cachant des dessous banals, GM prévoit une plate-forme spécifique, dénommée Kappa. Evidemment, pour mieux la rentabiliser, elle va l'attribuer à plusieurs de ses blasons, en premier Pontiac (ça donnera la Solstice en 2005), puis Saturn (Skye) et Opel (GT Roadster), ces deux marques proposant un modèle pratiquement identique. Celui-ci se retrouvera aussi chez... Daewoo, qui le nomme G2X.

Oui, c'est du badge engineering, mais la technologie employée peut allécher les passionnés. En effet, la plate-forme comporte un large tunnel central renforcé par deux épais longerons latéraux, s’inspirant de celle de la Corvette C5. La suspension recourt à des doubles triangulations avant/arrière, alors que la transmission s’effectue par les roues arrière : sur le papier, c’est tout bon.
Due à Franz von Holzhausen (dirigeant actuellement le design de Tesla), la carrosserie du duo Saturn/Opel, annoncée par le concept VX Lightning… Vauxhall en 2003, verse dans le spectaculaire, arborant de généreuses courbes et un long capot.

Sous celui-ci, point de V8 mais un bloc bien connu en Europe : le 2,0 l Ecotec turbo, utilisé notamment par l’Astra OPC, ici doté d’une injection directe et d’arbres contrarotatifs qui en adoucissent le fonctionnement.
Développant 264 ch (pour 353 Nm), une belle cavalerie, il emmène l’auto à 230 km/h, et la catapulte à 100 km/h en 5,7 s. Des chiffres de vraie sportive, le poids étant à peu près raisonnable (1 395 kg). Mieux, le train arrière bénéficie d'un différentiel à glissement limité. Que demander de plus ?

L’Opel GT Roadster est présentée, finalisée à 99 %, au salon de Genève 2006, comblant ainsi le vide laissé par l’arrêt de la très radicale Speedster en 2005, une Lotus Elise rhabillée. Fabriquée aux USA, l’Opel est commercialisée près d’un an après, début 2007, au tarif très intéressant de 31 400 € (41 500 € actuels selon l’Insee).
Ce prix suppose un équipement assez riche : clim manuelle, régulateur de vitesse, vitres et rétros électriques, jantes alu, radio avec commandes au volant. On note toutefois que la capote reste manuelle et le cuir optionnel.

Pourtant, malgré son style aguicheur, ses bonnes performances et son tarif attractif, l’Opel ne trouve pas son public : elle s'intègre mal dans la gamme. Plus grave, les finances de GM, vulnérables en 2007, s’effondrent en 2008 à cause de la crise des subprimes. Le groupe, placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites pour éviter la liquidation, ferme en 2009 l’usine de Wilmington où sont fabriquées la Saturn Sky et ses dérivées, dont l’Opel GT.
La fabrication s’arrête donc, sans que l’auto n’ait été modifiée. 7 519 unités en ont été vendues. C'est peu, alors que ses cousines américaines ont connu un succès nettement plus avéré : 65 524 exemplaires pour la Pontiac et 34 415 pour la Saturn. Signe que la GT n'a pas été suffisamment adaptée à l'Europe...

Combien ça coûte ?
Il faut compter un minimum de 14 000 € pour rouler en Opel GT affichant environ 100 000 km. Celle-ci étant vue comme un véhicule de loisirs, elle a souvent été peu utilisée, de sorte que les exemplaires en vente dépassent rarement les 120 000 km. A 16 000 €, on s’offre une auto de 50 000 km environ, et à 20 000 €, on en trouve qui affichent moins de 20 000 km. Un roadster en état neuf pour le prix d'une Dacia Sandero optionnée ? C'est possible !

Quelle version choisir ?
Il n’y en a qu’une, aussi le choix se fera-t-il sur l’état de la voiture et son suivi.

Les versions collector
Toutes, surtout si on privilégie les facteurs de rareté : faible kilométrage, suivi complet, coloris sortant du commun…

Que surveiller ?
Bonne surprise, il n’y a rien de grave à redouter de l’Opel GT en matière de fiabilité. Bien entretenu et respecté, le moteur Z20NH ne pose pas de problème particulier (la distribution par chaîne facilite la maintenance, même si on en changera les guides avant 100 000 km), non plus que la boîte 5 qui lui est accolée. On relève toutefois des soucis sur la pompe à eau avant 100 000 km, voire les capteurs électriniques du moteur, chose très classique.
Sur les autos fabriquées en 2007, des fuites apparaissent fréquemment sur le différentiel, dont certains ont prématurément cassé (pris en garantie). Dans l’habitacle, la finition n’est guère fameuse : plastiques qui se rayent facilement, poignées de porte fragiles, capteur d’airbag passager défaillant aux alentours de 60 000 km entraînant un allumage du témoin. Rien de grave mais pas mal de petits pépins agaçants. Si les pièces de carrosserie, en plastique, sont parfois difficiles à trouver (mais elles se réparent), la disponibilité des éléments techniques demeure appréciable.

Sur la route
Il n’y a pas à dire, l’Opel GT, comme sa devancière, a une sacrée allure. L’habitacle séduit moins par ses matériaux et surtout sa quasi-absence de rangements, mais enfin, on s’y sent bien installé grâce au volant réglable dans les deux plans et à l’assise au ras du sol. Au moment de démarrer, on se rappelle que l’Opel, dans l’esprit, tient plus de son ancêtre de 1969 que la Speedster, une vraie voiture de sport, elle, 400 kg plus légère. N’empêche !

Le moteur déborde de santé, dès 2 500 tr/min, débordant souvent le train arrière, pourtant doté d’un différentiel à glissement limité. L’ESP (déconnectable) veille heureusement au grain. Le bloc pousse vigoureusement jusqu’à 6 500 tr/min, dans un son assez sympa. Ces performances jouissives (propriétaires de Boxster, attention !) pourraient être encore meilleure si la boîte, au maniement ferme, comptait 6 rapports et non 5, mais reste la question du châssis.
Très équilibré (51 % du poids à l’avant), rigide et fort en grip, il autorise une très belle efficacité dynamique, du moins tant que le bitume est lisse. Sur les aspérités, l’amortissement insuffisant combiné à une suspension trop ferme nuit à la fois à l’efficacité et au confort, alors que la direction manque de feeling. Quant aux freins, on les voudrait plus énergiques.

En clair, les trains roulants manquent de mise au point, ce qu’on doit pouvoir corriger chez des spécialistes. En l’état, l’Opel GT est d’abord et avant tout un engin dédié au fun, aux balades rapides dans les virolos montagneux, les flâneries des soirs d’été voire au trackdays, où s’amusera à la faire drifter allègrement. Pas un roadster polyvalent (le coffre est ridicule, la capote pénible à ranger) à l’image d’une Mazda MX-5, et c’est ça aussi qui a dû lui coûter sa carrière. Ceci explique par ailleurs que les exemplaires dépassent rarement les 120 000 km, et aide à relativiser la consommation, tombant difficilement sous les 9,5 l/100 km.
L’alternative youngtimer
Opel GT (1968 – 1973)

Carrosserie spectaculaire pour l’Opel GT, dont la mission est de rajeunir l’image de son constructeur. Dessinée aux USA, dans la lignée des Corvette C2 et Camaro, elle arbore un look façon bouteille de Coca-Cola qui séduit. Comme cette propulsion est proposée à un prix raisonnable, elle remporte un grand succès, malgré des dessous pas chics, proches de ceux de l’Opel Kadett (essieu arrière rigide), des moteurs standard (1,9 l de 90 ch et 1,1 l de 60 ch) et un manque de praticité, le coffre se passant d’ouverture extérieure.
Heureusement, l'efficacité de l'Opel s'avère très honorable (au prix d’un confort façon bout de bois), alors que les performances se situent dans le haut du panier (185 km/h en pointe). De plus, l’auto, bien fabriquée (en France pour sa caisse, chez Brissoneau et Lotz), profite d’une fiabilité métronomique. La production cesse en 1973, 103 643 unités ayant été écoulées, un très joli score. A partir de 18 000 €.
Opel GT Roadster (2007), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 998 cm3
- Alimentation : injection directe, compresseur
- Suspension : double triangulation, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV et AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, propulsion
- Puissance : 264 ch à 5 300 tr/min
- Couple : 353 Nm à 2 500 tr/min
- Poids : 1 395 kg
- Vitesse maxi : 230 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 5,7 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces d'Opel GT Roadster, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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