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La beauté des laides – Jaguar X-Type : une Ford anoblie ou une Jaguar roturière ?

Dans Rétro / Saga des marques

Michel Holtz

C'est l'histoire d'un malentendu. Celle d'une voiture ni belle ni moche, ni parfaite ni de mauvaise qualité. Mais la Jaguar X -Type a eu le malheur de naître sous le règne de Ford, son propriétaire de l'époque, de prendre la forme d'une traction, d'adopter des moteurs diesels et même de disposer d'une version break. Trop de nouveautés à la fois qui ont fait fuir les puristes et tué la berline anglaise.

La beauté des laides – Jaguar X-Type : une Ford anoblie ou une Jaguar roturière ?

Les temps ont souvent été durs pour Jaguar. Mais au cours des décennies 80 et 90 peut-être un peu plus qu'à l'accoutumée. Merci qui ? Merci Maggie Thatcher qui, en 1984, décide de privatiser les bijoux de la couronne, dont la marque de Coventry. S'ensuivent quelques années d'errements boursiers jusqu'à sa reprise par l'Américain Ford en 1989.

La fin des problèmes ? Pas vraiment. Après avoir géré les affaires courantes, et mis sur la route les projets qui étaient encore dans les cartons, Ford décide, à la toute fin des années quatre-vingt-dix, qu'il faut une berline pour sa filiale britannique, un peu plus courte que  la S-Type, sortie en 1999 et qui est un habile recyclage de la mythique MK2. Une bonne idée, puisque les Mercedes Classe C et BMW Série 3 sont devenues les autos à la mode. Une idée qui doit permettre à Jaguar de produire plus de voitures. À Dearborn, au siège de Ford, les contrôleurs de gestion ont sorti les tableurs Excel : pour être rentable, le félin doit vendre 200 000 autos chaque année. Compliqué vu la flotte, qui comprend alors, hormis la S-Type, une grande berline XJ, et un coupé XK. Alors, il faut descendre en gamme et faire plus de volume.

Damned, une Jaguar en mode traction

Eurêka, chez Ford, la solution se trouve sur le parking de l'entreprise. La Mondeo de première génération va être remplacée et c'est une excellente auto. Autant en faire profiter la famille. La plateforme sera utilisée par l'autre filiale, japonaise celle-là, et se transformera en Mazda 6. Alors pourquoi ne pas l'envoyer également en Angleterre chez Jaguar ? C'est vrai quoi, le vieux constructeur n'a plus que des vieux châssis à coller sous ses voitures, alors que celui de la Mondeo est flambant neuf et particulièrement affûté.

À Coventry on fait la tête, expliquant que c'est une traction, du jamais vu chez Jaguar. Pour calmer les ingénieurs anglais, Ford les autorise à équiper l'auto, qui répond au nom de code de X400, de quatre roues motrices. La première pilule est avalée.

Une Jaguar en traction ? Shocking. Même si sous la pluie anglaise, c'est plus sécurisant.
Une Jaguar en traction ? Shocking. Même si sous la pluie anglaise, c'est plus sécurisant.

Ok pour le 4x4, mais il y a autre chose, une autre dragée à digérer. Car l'objectif de Ford est simple : vendre des voitures. Alors, si les modèles de la future X-Type sont proposés en transmission intégrale, les entrées de gamme, toujours en V6, seule architecture moteur disponible au lancement, mais en plusieurs puissances, seront bel et bien en mode traction. On tope là, on se serre la main et on se met au boulot. Et en 2001, lorsque la "petite" Jaguar paraît, tout le monde est content. Enfin, la presse est contente. Les clients beaucoup moins. Ils ne se précipitent pas. L'objectif de Ford d'en distribuer 100 000 par an se confronte à la réalité : la moitié seulement du chiffre est atteint.

My god, une Jaguar diesel 

Alors, on ne lésine plus. Et Ford décide de frapper plus fort. La Mercedes Classe C existe en quatre cylindres et en diesel en plus. C'est le carburant à la mode. En plus, grâce à une alliance avec PSA, à l'époque le grand spécialiste du moteur à gazole, Ford dispose d'un bloc au top. Les ingénieurs anglais font une mine aussi grise que les fumées qui vont s'échapper de leur auto ? On va leur montrer qui est patron et lorsque les chiffres de vente vont exploser, ils seront reconnaissants à leur suzerain américain. C'est ainsi qu'en 2003 apparaît la X-Type traction diesel.

Un intérieur très Jaguar mais des soubassements plus américains qu'anglais.
Un intérieur très Jaguar mais des soubassements plus américains qu'anglais.

Les ventes frémissent. Elles augmentent un peu, mais restent très loin de l'objectif. Pas grave, dans le Michigan, on est du genre pugnace. Pas question d'abandonner la partie. Le diesel, c'est fait, la traction aussi. Du coup, qu'est-ce que Jaguar n'a jamais essayé ? Un break pardi, suffit de l'appeler Estate et ça va passer crème auprès des clients.

Sauf que ça ne passera pas du tout. En deux ans, les ventes sont même divisées par deux. Ford ne renonce pas pour autant et propose même un restylage en 2008. Mais si l'Américain ne s'avoue pas vaincu, les circonstances vont s'en charger. En septembre commence la plus grosse crise financière depuis 1929. General Motors est en faillite, Chrysler aussi. Les Big three ne sont plus très big et même si Ford est le moins touché des trois, il doit vendre d'urgence ses filiales, dont Jaguar. C'est l'Indien Tata qui rafle la mise et la X Type ne survit pas au transfert.

Une auto qui avait dix ans d'avance

Les purs et durs (et rares) clients de Jaguar de ces années-là ont donc eu la peau de cette X Type. Et pourtant, voilà une auto pas trop mal dessinée, même si elle est un peu anodine et se contente de singer le style Jaguar. Mais elle est bien construite, dispose d'une tenue de route épatante, et d'une fiabilité sans gros défauts.

Finalement, ce qui aura manqué au vilain petit canard de Jaguar, c'est simplement d'être en accord avec l'air du temps. Elle est née au moment où les puristes dictaient les lois du bon goût à ceux qui étaient censés en être dépourvu. Une auto doit être de son époque et c'est Jaguar lui-même qui l'a démontré depuis. Car au cours de la dernière décennie, tout ce à quoi tenaient les adeptes de la vieille maison de Coventry s'en est allé, et de nouveaux clients sont arrivés.

La version break (Estate, pardon) n'a pas sauvé la X-Type.
La version break (Estate, pardon) n'a pas sauvé la X-Type.

Des clients que les nouveautés n'ont pas fait fuir. Au contraire. Voilà donc un constructeur qui ne devait pas partager ses plateformes, selon les dogmatiques. Mais tous ses SUV utilisent aujourd'hui celles du cousin Land Rover. Des SUV d'ailleurs (F Pace et E Pace), en voilà une aberration pour les puristes. Sauf que tous ces changements ont amené de nouveaux acheteurs qui, en plus, ont acheté massivement ces modèles au diesel avant de se tourner vers les hybrides rechargeables essence. Le mazout ? Une aberration encore, aux yeux des gardiens du temple. Comme l'électrique. Et dans ce domaine aussi, Jaguar a été la première marque premium à proposer un tel modèle sur le marché, avec l'I Pace. Alors, avec le recul, on peut se demander si cette X Type maudite et boudée n'est pas simplement arrivée un peu trop tôt.

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