La calandre rétroéclairée, nouvel élément distinctif de design automobile
BMW, Rolls-Royce, Volkswagen, Skoda... ces marques ont un point en commun : une calandre qui peut s'illuminer sur certains modèles, et en option. Mais cette nouvelle manière de s'exprimer pour les designers pose des problèmes.
Il n'y avait jusqu'ici qu'un seul moyen de démontrer l'identité d'une marque sur l'avant d'un véhicule : le travail sur les lignes. Les évolutions sur les calandres ces dernières années ont été impressionnantes et rendues possibles par des outils de conception et des méthodes de fabrication de plus en plus précises.
Moules injectés, CAO (Conception assistée par ordinateur) toujours plus "facile" et puissante, possibilités plus grandes avec le travail du polyéthylène (plastique), et surtout apparition des LEDs pour les feux, les constructeurs rivalisent d'imagination. Quitte, parfois, à créer la discorde parmi les acheteurs et communautés : la grande grille BMW, les nouveaux logos qui pullulent ces derniers temps, le design de la nouvelle Citroën C4, il y a des choix tranchants qui amènent de vifs débats.
Mais le simple design d'une face avant n'est désormais plus suffisant. Les constructeurs automobiles ont trouvé une nouvelle voie pour affirmer la signature visuelle de la marque : le rétroéclairage.
Et la lumière fut
La signature lumineuse des feux (de jour, comme de nuit) a déjà permis à la plupart des marques automobiles de franchir un cap. S'il était bien compliqué de reconnaître un modèle de voiture dans les années 80 de nuit (la plupart des feux étaient rectangulaires), désormais, chaque auto a son "regard" nocturne. Et souvent, un regard agressif, les sourcils bien froncés, comme pour affirmer sa puissance, à défaut, souvent, d'avoir le plumage qui va avec.
Le problème, là encore, c'est que les constructeurs commencent à tourner en rond avec les signatures lumineuses. Toutes les faces avant, à quelques exceptions près (Mini, Fiat...) suivent la même idée : des feux de plus en plus effilés et étirés, qui "plongent" en forme de V vers une grille parfois très imposante.
Ainsi, plusieurs constructeurs ont trouvé une méthode pour se démarquer. La sacro-sainte LED, qui a déjà transformé certains habitacles en véritables boîtes de nuit. Les discothèques sont fermées ? Qu'importe, les centaines de Watts de mon installation Bang&Olufsen, Bose ou encore Focal et l'ambiance néon font l'affaire. Et le chemin de la LED ne s'arrête pas là : le groupe BMW, par exemple, a développé des grilles de calandre rétroéclairées la nuit.
Rolls-Royce s'était emparé du sujet en créant une grille à LED qui s'est montrée beaucoup trop intense au moment de la conception. De crainte de rendre les autres automobilistes aveugles (et de se voir interdire, surtout, une homologation), les ingénieurs anglais ont dû revoir leur copie. Une grille rétroéclairée qui a fait son chemin chez BMW sur plusieurs modèles. Le groupe munichois n'en finit plus de tout éclairer : grille, mais aussi logos de sièges baquets !
La face avant entièrement illuminée n'est pas l'apanage du haut de gamme. Il est possible d'avoir un bandeau lumineux reliant les deux feux sur la Volkswagen Golf 8. Un "simple" rajout de LED qui permet de reconnaître la compacte entre mille la nuit. Chez Skoda, le SUV électrique Enyaq aura lui aussi droit à une calandre rétroéclairée en option. L'argumentation du géant de Mlada Boleslav est facile : il s'agit de rendre hommage à la tradition tchèque du cristal. L'Enyaq aura ainsi l'éclat d'un verre du précieux matériau.
Le problème du coût et les limites de la loi
La multiplication des LEDs à l'extérieur du véhicule amène inévitablement la problématique de la règlementation. Récemment, c'est Rolls-Royce qui a dû rappeler certains véhicules pour un emblème Spirit of Ecstasy éclairé, jugé non conforme par l'Europe. La raison est simple : pollution lumineuse.
De nombreux ophtalmologues ont déjà pointé du doigt le rôle de la LED dans la dégénérescence de la rétine de l'oeil humain. Seront-ils entendus un jour par la Commission européenne ? Comme souvent avec des "innovations", il y a un moment où les pouvoirs politiques se réveillent et tentent d'éviter les abus (souvent lorsqu'il est déjà trop tard), en posant des lois, des normes.
Il y a ensuite un second problème à la multiplication des LED. En cas d'accident, et même de simple accrochage sur un parking, les factures de réparation pour des boucliers avant bardés de capteurs et maintenant de LED explosent. Et avec elles, les primes d'assurance qui suivent la même courbe ascendante. N'oublions pas, non plus, que la durée de vie des LED dans l'automobile fait débat, et serait, selon l'ADAC, bien moins importante que ce que l'on nous vend. Et lorsqu'une LED sur un bloc est défaillante, c'est tout le bloc qu'il faut remplacer...
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération