La situation de Tesla est-elle vraiment préoccupante ?
L’INFO DU JOUR - Pour la première fois en six ans, Tesla a failli perdre de l’argent sur le premier trimestre de l’année 2025. Elon Musk va revenir « plus sérieusement » aux commandes de l’entreprise et les livraisons des variantes les plus importantes du nouveau Model Y restylé doivent théoriquement sauver l’année 2025. Et après ?

Tesla n’a plus perdu d’argent dans ses bilans financiers depuis 2019. A cette époque-là, la jeune marque automobile américaine démarrait à peine la production de son SUV Model Y et capitalisait enfin sur les gros volumes de vente de sa Model 3. Ces deux modèles ont permis au constructeur de sortir enfin de la zone rouge et même de devenir l’une des marques automobiles les plus en vue de la planète, faisant rêver tout le monde avec ses belles marges et sa capitalisation boursière délirante.
Mais dans le bilan financier du premier trimestre 2025 que vient de publier la marque, les bénéfices ont fondu. Et sans les près de 600 millions de dollars engrangés par le constructeur américain au titre des « crédits carbone » qu’il vend aux autres marques afin qu’elles puissent respecter leurs objectifs de CO2, Tesla aurait même perdu près de 200 millions de dollars sur les trois premiers mois de l’année !
Des ventes en baisse de 13%
Tesla a écoulé 336 681 voitures neuves sur ce premier trimestre 2025 (dont seulement 12 881 Model S, Model Y et Cybertruck), ce qui représente une baisse de 13% par rapport au premier trimestre 2024 déjà en retrait par rapport à celui de 2023. Ce repli a fait chuter le bénéfice net de Tesla de 71% à 409 millions de dollars, « sauvé » par les crédits carbone.
On ignore à quel point les actions et prises de parole très contestées d’Elon Musk, aux commandes de l’administration américaine depuis le début de l’année, ont joué dans cette chute des ventes. Le patron de Tesla l’admet lui-même : « l’impact négatif des actes de vandalisme sur nos produits et la haine gratuite contre notre marque et ses employés a un impact sur certains marchés », a-t-il déclaré. Elon Musk va d’ailleurs s’investir davantage dans Tesla à partir du mois de mai, a-t-il précisé, en abandonnant progressivement ses fonctions dans l'administration américaine.
Un nouveau Model Y dont les livraisons tardent
Mais le facteur principal de cette baisse des ventes de Tesla reste évidemment le démarrage industriel du Model Y restylé, qui doit venir combler le « trou » laissé depuis plusieurs mois par la fin de la fabrication de la précédente mouture et le gros phénomène d’attente de la clientèle.
En Chine, les retours du mois de mars ont été très positifs à ce sujet puisque les livraisons semblent revenir à un très bon niveau. Mais en Europe, ce n’était toujours pas le cas : le Model Y a vu ses immatriculations baisser de 43% sur le Vieux continent sur ce dernier mois. La stabilisation des ventes de la Model 3 (+1% ou même +5,4% d'après Data Force) serait d’ailleurs de nature à nous laisser penser que les phénomènes de rejet de Tesla à cause du comportement d’Elon Musk sont limités. Notons tout de même que cette Model 3 est à -14% sur le premier trimestre 2025 d'après JATO et à -12% d'après Dataforce.
Chez nous en tout cas, les livraisons du Model Y restylé ont débuté par la version de lancement très chère et doivent se poursuivre par celles de la version Grande Autonomie Transmission Intégrale. Sachant que ce sont surtout les variantes Propulsion et Grande Autonomie Propulsion qui portent les ventes du véhicule, il faudra attendre que ces dernières arrivent avant de voir où en est vraiment le SUV électrique sur notre marché. Or, ces deux versions-là ne doivent être livrées qu’à partir de mai et juin d’après Tesla France. Si d’ici l’été les ventes du Model Y ne redécollent pas en Europe, c’est bien là qu'il faudra s'inquiéter chez Tesla.
Et après ?
Une fois la montée en cadence des livraisons du Model Y restylé, la marque Tesla sera-t-elle sauvée ? Avec l’amélioration constante de la concurrence et même si la Model 3 en particulier reste à ce jour très attrayante techniquement par rapport à ses rares rivales, ces véhicules risquent de voir leurs ventes baisser progressivement de façon naturelle.
Si Tesla veut rester sur sa très belle dynamique de la première moitié de la décennie, il lui faudra impérativement des nouveautés produits aussi déterminantes que les Model 3 et Y à leur époque. On sait que Tesla prépare des versions dépouillées et moins chères de ces deux véhicules d’ici l’année prochaine, et que le Cybercab à conduite autonome doit arriver en théorie avant 2027 (ce qui n’a rien de sûr quand on connaît les retards chroniques de Tesla et les incertitudes liées à la conduite entièrement autonome et son cadre légal). Mais alors que le Cybertruck ressemble de plus en plus à un échec commercial et que le futur Roadster ne devrait pas permettre de générer de gros bénéfices (s’il arrive un jour), Tesla semble ainsi condamné à trouver le moyen de reproduire les réussites extraordinaires de ses Model 3 et Y. C’était il y a déjà cinq ans, tout ça…
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération