3. La visite des locaux
Lorsque l'on s'arrête aux détours d'une rue ou d'un parking et que l'on croise une MV-Agusta, une force surnaturelle nous attire vers elle afin de mieux observer chaque détail, de contempler chaque élément qui la compose ou encore de s'imaginer à son guidon. Et comme chaque moto est unique puisque entièrement fabriquée à la main à l'usine de Varèse, cette attirance se reproduit à chaque nouvelle vision d'une MV.
L'usine MV est située au bord d'un lac. Un cadre de travail idéal pour les 130 salariés que comptent l'entreprise actuellement. Lorsque MV fonctionnait bien, il y a avait environ 570 personnes présentes sur le site. On y trouve donc les bureaux administratifs, la fabrication des moteurs et la ligne d'assemblage. Enfin, il y a aussi la partie recherche et développement où des essayeurs et des techniciens travaillent tous les jours pour encore améliorer les produits MV.
L'entreprise dispose aussi d'un service après vente haut de gamme. Là, votre MV sera étudiée par les meilleurs techniciens de la marque. Ce service après vente permet aussi la formation des futurs ou actuels concessionnaires afin d'assurer un entretien digne de la qualité MV-Agusta.
Le début de la visite commence par une rencontre avec M. Castiglioni. L'actuel président de MV-Agusta a rassuré les membres du club MV Agusta Club de France suite au rachat de MV par Harley-Davidson. Une rencontre qui fût de courte durée mais qui restera longtemps gravée. Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre une telle personnalité, qui a tant fait pour la moto.
Puis Claudio nous emmène vers l'unité de fabrication et d'assemblage des moteurs. Tout commence par l'usinage des différentes pièces qui composent le moteur. Les carters, les cylindres ou encore les culasses sortent des commandes numériques avant d'être contrôlés par la personne qui l'a fabriqué. Chaque opérateur a un Master qu'il appose sur les pièces qu'il a fabriqué afin de pouvoir identifier chaque pièce. "Chez MV-Agusta, nous fabriquons des motos de courses homologuées sur la route" explique Claudio. "Nos pièces sont ainsi fabriquées au micron près. C'est pour cela que nous contrôlons chaque pièce une par une."
Mais le contrôle visuel ne suffit plus lorsqu'une telle précision est requise. Pour cela, chaque pièce va également passer sur un bloc de marbre de 30 cm d'épaisseur afin d'être vérifiée au laser. "Ce sont des moteurs qui peuvent tourner à près de 17.000 tours donc les microns ont une importance capitale. Ici, été comme hiver, nous travaillons à la même température pour être très précis dans la fabrication des pièces." Et Claudio insiste sur le fait "qu'il n'y a pas une pièce qui rate cette étape de contrôle. C'est très important pour nous."
D'autant que ce moteur contient des pièces très difficiles à fabriquer. C'est le cas par exemple de la culasse où les soupapes sont à montage radial. Valério, ingénieur motoriste, explique que "les soupapes sont disposées dans un plan sphérique. Elles ont un angle de 2° en latéral et en longitudinale." Il ajoute que "cela permet une meilleure combustion. Le gain serait plus important sur un mono-cylindre car nous avons plus de place mais cela apporte un petit plus sur le 4 cylindres."
Une fois contrôlés, les éléments sont assemblés à la main. Et les hommes qui travaillent ici ne sont pas des saisonniers. Car il en faut de l'expérience pour emboîter les pièces les unes dans les autres ou pour serrer les écrous comme il faut. "Et dès qu'une pause arrive, les moteurs sont recouverts avec une couverture car il ne faut pas qu'une poussière entre et vienne enrayer cette mécanique de précision" explique Claudio.
"Il y a une chose que je voudrais dire et que tout le monde le comprenne bien" continue Claudio. "Quand les gens achètent une ligne complète ou qu'ils veulent changer les cartos, il faut qu'ils arrêtent d'acheter des Eprom à bas coût sur Internet par exemple. Nous concevons des moteurs de très haute technicité qui sont prévus pour fonctionner avec notre électronique donc si l'on installe une électronique de mauvaise qualité telle qu'on le trouve sur internet, et bien, on s'expose a des soucis sur la machine."
Une fois l'assemblage du moteur terminé, ils sont rangés et bâchés 4 par 4. Ils sont ensuite transférés dans un autre bâtiment afin de passer au banc. "Tous les moteurs, il n'y en pas un qui passe à l'as," vont y subir leur premier démarrage, puis des montées et des descentes en régime pendant 12 minutes 30. Claudio explique que "le moteur démarre en 3e, c'est un détail technique, puis il tourne pendant 2 minutes à 2.000 tours. Ensuite il monte dans les paliers. Puis il monte il reste à 12.700 tours pendant 3 minutes. Enfin, le régime moteur redescend et le moteur remonte de la 1ère à la 6e pendant 3 ou 4 essais et jusqu'à plein régime."
Le démarrage en 3e est prévu afin de faire un démarrage dans les tours pas trop rapides parce que l'huile étant en bas, il faut le temps d'hydrater la mécanique. Démarrer en 3e permet un démarrage tranquille afin d'assurer une mise en place de toutes les pièces. Ensuite, le moteur est descendu du banc puis il est vidangé et nettoyé. Le filtre à huile est changé avant que le moteur aille vers la ligne d'assemblage.
Une fois la visite terminée, notre guide nous invite à la cantine de l'usine. Cela peut paraître anodin mais Claudio insiste sur le fait que les employés de MV-Agusta ont a leur disposition une cantine où un chef cuisine des produits frais tous les jours et ce, pour la modique somme de 0.70 cts. "Les salaires en Italie ne sont pas très élevés mais il y a des choses qui peuvent compenser. Une cantine avec un cuisinier qui travaille des produits frais tous les jours pour une somme symbolique, il me semble que c'est un gros plus. Et ce n'est pas une volonté de l'Italie mais de chaque entreprise. Notre président, Claudio Castiglioni mériterait d'être mieux raconté parce qu'il n'a pas seulement fait des choses extraordinaires dans le monde de la moto mais il a toujours traité ses collaborateurs avec le même égart que ses motos." Et je peux vous assurer que les personnes qui travaillent chez MV-Agusta ont droit à d'excellents repas.
La visite continue par la présentation de la ligne d'assemblage. Au début de celle-ci, on retrouve les moteurs mais aussi un chariot où toutes les pièces sont disposées et qui suivra la moto tout au long de l'assemblage. Ainsi, on retrouve le châssis qui est d'une beauté et d'une qualité sans faille. "Pour les châssis, nous recevons des tubes que nous découpons au laser afin de les souder nous même. Nous avons 8 soudeurs qui sont d'une extrême précision. Même en robotique, nous ne pourrions atteindre ce résultat." Celui-ci va être assemblé sur le moteur puis les monteurs vont fixer le bras oscillant.
A écouter Claudio, on en viendrait à rêver : "Ce bras oscillant, comme le châssis, ce sont des oeuvres d'art. Chaque moto MV, si on pouvait la démonter, on aurait pleins de pièces d'orfèvreries. " Car il est vrai que le mono-bras est une pièce superbe. Au fur et à mesure de l'avancement de la ligne de montage, la F4 1078 prend forme. Mais cela prend du temps. Car la ligne avance très lentement. Ce sont les opérateurs qui se déplacent autour des motos et non pas l'inverse. Ceci permet de prendre son temps et de ne rien oublier.
En fin de ligne, et après 3 h de montage, sans compter le temps passé à monter les fourches, les bras oscillant etc…, le serrage de chaque vis est contrôlée à la clé dynamométrique par un technicien qui note l'avancé du travail sur papier afin de ne rien oublier. Les carénages sont mis en place en dernier et la moto est descendue de la chaîne afin de passer au banc. "Les carénages, nous les faisons fabriquer chez un sous-traitant que nous connaissons depuis très longtemps. La fabrication des plastiques répond à une alchimie très compliquée donc nous sous-traitons cette partie. Pour la peinture, nous le faisions nous-même mais maintenant on sous-traite aussi la peinture."
Car avant l'expédition des motos, chaque machine repasse au banc. Nouveau démarrage, contrôle du faisceau électrique, des différents commodos etc. Ensuite, la machine passe sur les rouleau pendant 7 minutes afin de subir des freinages, des accélérations pour vérifier une nouvelle fois que tout est en place. Et je peux vous assurer que les opérateurs chargés de cette étape, (ont de la chance NDLR) ne font pas dans la demi-mesure au niveau de la poignée de gaz. C'est l'occasion d'entendre le 4 cylindre vrombir, c'est un vrai plaisir.
Lorsque l'on se retrouve au bout de la chaîne et que l'on voit toutes ses 1078 F4 alignées, on a qu'une envie, c'est de signer un bon de commande. Mais le prix allume rapidement la case banquier-en-colère et nous rappelle à l'ordre. Mais une fois que l'on en sait un peu plus sur les entrailles de la bête, cela donne beaucoup plus d'arguments pour qui voudrait aller voir son banquier. Car une MV restera une MV et comme se plait à dire Claudio : "Que l'on regarde et admire son MV pour première fois ou pour la 500e fois, on a toujours l'impression qu'il s'agit de la 1ère fois." Une nouvelle bonne raison pour signer le chèque.
Et rien que pour le plaisir, voici une petite symphonie en F4 majeur
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