Le covoiturage et l’autopartage B2B boostés par la crise
On aurait pu croire, au vu des contraintes sanitaires liées à la distanciation sociale, à une désaffection profonde du covoiturage et de l’autopartage d’entreprise suite à la première vague de Covid-19. Or, la reprise aurait montré au contraire un engouement réitéré voire plus fort pour ces solutions de mobilité alternatives.
Alors que les transports en commun restent encore largement boudés depuis la levée du confinement, surtout dans les grandes métropoles où la baisse de fréquentation a atteint des records (par exemple, - 40 % de passagers fin juillet en Ile-de-France, selon la RATP), le vélo est devenu pour beaucoup de citadins une nouvelle norme pour se rendre au bureau.
Parallèlement, depuis la mi-mai, les pratiques de covoiturage et d’autopartage, soutenues il faut le dire par le gouvernement, semblent redevenir des solutions indispensables pour les travailleurs, en particulier lorsqu’ils habitent en périphérie des villes ou à la campagne.
Le covoiturage retrouve son rythme dans le respect des règles sanitaires
Le covoiturage est un mode de déplacement alternatif à la voiture individuelle et aux transports en commun que Julien Honnart considère comme « sûr » en cette période de crise sanitaire. « Avec les gestes barrières et notamment le port du masque, le covoiturage est un moyen de transport particulièrement sécurisé. Il permet de minimiser les contacts à son seul équipage et d'éviter les regroupements ou lieux d'affluence », poursuit le fondateur de Klaxit, l’une des applications leaders du covoiturage domicile-travail en France. Il note que « depuis le déconfinement, les trajets ont repris progressivement, avec un retour quasi à la normale depuis le 21 juin. Depuis cette date, deux passagers sont admis sur chaque rangée de sièges, permettant de covoiturer jusqu'à 3 passagers, un à l'avant et deux à l'arrière. »
Quant aux perspectives pour les mois à venir, elles s’annoncent plutôt favorables pour Klaxit. « Nous accélérons notre déploiement partout en France à la rentrée. Du côté des entreprises, l'adoption du Forfait mobilités durables* va nous permettre d'élargir les incitations financières au covoiturage à tous les salariés bénéficiant du service Klaxit. »
Favoriser le retour au bureau, l’une des ambitions de la clientèle professionnelle
Le retour à la normale, et même déjà plus, c’est le sentiment qui anime également les dirigeants de Karos. « Plus de 65 % de nos utilisateurs, passagers et conducteurs, indiquent vouloir covoiturer au moins autant voire plus qu’avant le confinement », révèle d’emblée Olivier Binet, co-fondateur de cette autre enseigne et application française spécialisée dans le covoiturage domicile-travail. La start-up fondée en 2014 constate d’ailleurs sur le terrain que « les covoiturages semblent redémarrer plus rapidement que les déplacements domicile-travail en général. Cela signifie que le covoiturage, en tout cas chez Karos, est en train de capter une part modale probablement un peu plus importante qu’avant la crise sanitaire du Covid-19 », estime Olivier Binet.
Ce dernier se réjouit de fidéliser ses clients et d’en accompagner de nouveaux dès septembre, notamment des entreprises désireuses de répondre à plusieurs objectifs : « pallier la faible accessibilité de certains de leurs sites, mettre en place le Forfait mobilité durable, et favoriser le retour au bureau de leurs collaborateurs. »
Mobility Tech Green, expert en autopartage, évoque une « prise de conscience bénéfique »
Sur le segment de la mobilité durable, le covoiturage proposé par Klaxit, Karos, BlaBlaLines ou encore Weepil n’est pas le seul recours à l’usage de la voiture individuelle. Les entreprises et les collectivités territoriales en effet, au même titre que les particuliers, peuvent également faire appel à d’autres services, tels que l’autopartage.
Mobility Tech Green est l’un des acteurs qui comptent sur ce marché, à la fois en France et en Europe. Pour la PME rennaise comme pour ses homologues experts du covoiturage, l’épidémie de Covid-19 et la période de confinement ont eu davantage un effet dynamisant sur l’activité. « Il semblerait que la crise sanitaire ait déclenché une prise de conscience collective bénéfique pour nous en plaçant l'écologie au centre des intérêts économiques ! », s’enthousiasme Alexandre Fournier, Directeur Marketing & Communication de la marque. « Nous espérons maintenant que cette prise de conscience soit durable et qu’elle permette enfin de pouvoir redonner du sens aux déplacements », insiste-t-il, précisant que beaucoup d'ETI (entreprises de taille intermédiaire) ont d’ores-et-déjà « enclenché leur démarche d'autopartage en nous contactant suite au déconfinement. »
Depuis juillet, les artisans peuvent profiter d’utilitaires partagés
Visiblement, l’adhésion croissante pour l’autopartage B2B ces dernières années ne s’est pas grippée plus que cela avec l’épidémie de Covid-19. Beaucoup de projets en cours avant la crise se concrétisent d’ailleurs comme prévu, avec souvent pour seul changement organisationnel le rappel aux usagers des gestes barrières et la fourniture de kits de nettoyage dans les véhicules. L’occasion de constater que le phénomène ne se caractérise plus seulement par la mise à disposition de voitures au service des salariés.
Exemple à Paris où, depuis le 6 juillet, les artisans et commerçants (les particuliers également) peuvent réserver des utilitaires légers électriques pour réaliser leurs missions quotidiennes. Une cinquantaine de véhicules ont déjà pris leurs quartiers sur d’anciennes bornes Autolib. Une solution d’autopartage que coordonne la société Clem’, opérateur de services d’écomobilité. À terme, l’entreprise présidée par Bruno Flinois prévoit d’installer quelque 200 autres VUL à travers 17 arrondissements de la capitale.
* Dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités (loi LOM) adoptée en décembre dernier, les employeurs du secteur privé ont la possibilité de contribuer aux frais de déplacements de leurs salariés venant au travail en covoiturage ou à vélo (mais aussi utilisant l’autopartage de véhicules à faibles émissions) dans la limite de 400 euros/an. Cette somme est exonérée d’impôts et de cotisations sociales.
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