Le précurseur des SUV de course entre en collection : le Mercedes ML 55 AMG
Premier SUV moderne à tendance sportive, le Mercedes ML a changé les règles du jeu, ce qui en fait un véhicule historiquement important. Il n’est pas encore cher à l’achat : dès 10 000 €. A vous d’être plus malin que les autres.
Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Mercedes-Benz ML type W163, premier de la lignée, occupe une place particulière non seulement chez Mercedes mais aussi dans l'Histoire automobile. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit du premier grand SUV technologiquement moderne, surtout par ses trains roulants qui lui conféraient une vocation surtout routière : il a inspiré tout le monde, de BMW à Porsche en passant par Audi ou encore Lexus. De plus, dans sa version AMG, le ML a fait entrer les grands 4x4 dans un nouveau monde de performances, réalisant une intéressante quadrature du cercle : un véhicule familial aux chronos sportifs, confortable, spacieux, luxueux et en même pratique.
Au début des années 90, l’Europe ne se soucie guère des grands 4x4 puissants. Il faut dire qu’à part le vieillissant Range Rover, le Jeep Grand Cherokee V8 et, dans une moindre mesure, le Toyota Land Cruiser HDJ80, elle n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Il en va différemment aux USA où ces engins s’équipent souvent de gros V8, mais leur technologie demeure très rustique, faisant encore la part belle aux essieux rigides.
Chez Mercedes, on se dit qu’il y a un coup à jouer en proposant un concurrent à la technologie moderne, digne de l’étoile. Après un début de collaboration raté avec Mitsubishi, Mercedes se lance seul dans l’étude du véhicule début 1993. Et pour limiter les coûts de fabrication, on décide presque aussitôt de construire une usine dédiée aux USA, en Alabama à Tuscaloosa. Un concept AAV est dévoilé en 1996, qui annonce le modèle final, dû aux designers dirigés par Bruno Sacco et Peter Pfeiffer.
Après un châssis roulant exposé au salon de Detroit 1997, le modèle définitif apparaît en mai 1997 et arbore un nouveau sigle : ML. Il n’a rien à voir avec le 4x4 historique de la marque allemande, le Classe G initialement conçu pour l’armée. Si ce n’est l’idée d’une structure à châssis séparé.
Hormis ceci, le ML bénéficie de trains roulants très sophistiqués, composés de doubles triangles aux quatre roues, alliés à des barres de torsion à l’avant et des ressorts hélicoïdaux à l’arrière. Une transmission intégrale permanente à gestion électronique est également prévue, qui s’équipe d’une boîte de transfert : le ML conserve des ambitions en tout-terrain, d’autant qu’il s’équipe de pneus mixtes.
Mercedes veut en faire un véhicule aussi polyvalent que possible, aussi le ML bénéficie-t-il de toutes aides électroniques de l’époque mais aussi d’un fort volume utile (2 m3 de chargement), dans une longueur bien moindre que celle d’un break traditionnel (4,58 m seulement). Tous les attributs du SUV sont là ! Destiné en priorité aux USA, le ML est d’abord commercialisé là-bas, en 320, doté d’un V6. Son succès est immense : Mercedes a vu juste ! Puis, la gamme se développe, et il débarque en Europe en 1998.
En 1999, la fabrication des modèles vendus en Europe est transférée en Autriche, à Graz, puis, au salon de Francfort, le diesel arrive, accompagné d’une variante un peu folle, bien dans la tradition Mercedes depuis la mythique 300 SEL 6.3 : la 55 AMG.
Sous le capot de celle-ci, singularisé par un double dôme, trône un gros V8, le M113 doté de trois soupapes par cylindre et d’un double allumage. Poussé à 5,4 l, il bénéficie d’améliorations pour l’occasion, touchant à la lubrification, au vilebrequin et aux arbres à cames.
Développant 367 ch pour 510 Nm de couple, ce bloc, allié à une boîte auto à 5 rapports, emmène les 2 230 kg de l’engin à 232 km/h, les 100 km/h étant franchis en 6,9 s. C’est bien simple, à l’époque, c’est le SUV le plus rapide du monde.
La suspension affermie a été adaptée, de même que les freins, dotés d’étriers à quatre pistons à l’avant. A bord, c’est le grand luxe : ESP, cuir de buffle, clim, sièges chauffants électriques, sono… Le prix ? 490 900 F, soit 112 300 € actuels selon l’Insee. Monstrueux !
Néanmoins, seul sur son marché, le ML 55 AMG trouve son public et se vend correctement. Fin 2001, il bénéficie d’une mise à niveau : boucliers et rétros redessinés, projecteurs à glace lisse, finition améliorée, mais le moteur n’évolue pour ainsi dire pas.
Le 55 AMG termine sa carrière avec les autres ML type W163 en 2004, produit à 11 058 unités. Son successeur W164 tournera le dos au châssis séparé et aux vitesses courtes, n’ayant strictement plus rien d’un franchisseur. Le W163 a quelque chose d’un chaînon manquant dans l’évolution des SUV.
Combien ça coûte ?
Une fraction du prix initial. En très bon état, un ML 55 AMG de 250 000 km et plus se vendra 10 000 €. A 200 000 km, on comptera plutôt 12 000 €, et à 150 000 km, on passe les 15 000 €, pour approcher les 20 000 € à moins de 100 000 km, quand on en trouve. On peut en dégotter de moins chers en Allemagne ou en Espagne, si on s'en sent le courage. A noter qu'on trouve plus de ML 55 AMG à vendre en Bulgarie qu'en Allemagne...
Quelle version choisir ?
Les phases II, un peu mieux finies, peuvent être préférables. Surtout, optez pour le véhicule dans le meilleur état possible. Les pièces sont chères !
Les versions collector
Toutes, si elles sont en parfait état. Evidemment, pour un meilleur placement, privilégiez la rareté : très faible kilométrage, historique complet, options rares, couleurs originales…
Que surveiller ?
Le ML a subi bien des critiques sur sa finition, et c’est vrai que les exemplaires américains ne sont pas au niveau. Les AMG, tous européens, sont mieux lotis et vieillissent mieux, surtout en phase 2. Côté moteur, c'est du solide. Extrêmement fiable, le V8 demande un entretien suivi, passant par exemple par un changement périodique des 16 bougies, ce qui coûte cher en main d’œuvre.
De la même manière, la boîte se révèle très robuste (on parle de plusieurs centaines de milliers de km) si elle a été vidangée tous les 60 000 km. On changera aussi l’huile des autres éléments de transmission (différentiels, boîte de transfert) avant 100 000 km. A inspecter de près, les silentblocs de suspension, qui souffrent du poids de la voiture, tout comme les freins et les pneus, des 285/50x18, ce qui représente un bon budget.
Dans l’habitacle, si les pépins électriques ne sont pas rares, vieux multiplexage oblige, on les résout en les passant à la valise, mais gare au système GPS, cher si on tient à le réparer. On apprécie le fait que le ML rouille beaucoup moins que les Classe C et E contemporaines !
Sur la route
A bord, le ML a vieilli mais dégage un certain charme, entre les gros boutons, les boiseries, les cadrans et la bonne vieille commande de boîte qui se déplace en escalier. Bien installé dans le siège confortable, on domine la route, et on démarre le V8. Quelle sonorité géniale ! Ce bloc constitue l’attrait majeur du ML 55 AMG, par sa musique certes mais aussi son caractère.
Il adore prendre des tours et administre de sacrées reprises, même si la boîte auto, très douce, le bride quelque peu en accélération de par sa relative lenteur. Dynamiquement, le châssis avoue son âge par ses prises de roulis un peu marquées et la précision moyenne de la direction, mais l’ensemble est sain et l’ESP veille au grain. De toute façon, les pneus pas typés sport limitent le grip, donc on n’attaquera pas avec ce gros ML qui sous-vire assez tôt.
D’un autre côté, il se défend encore honorablement en tout-terrain. Tolérante, la suspension assure un confort très convenable, renforcé par une habitacle géant et une insonorisation bien gérée. En somme, un youngtimer incassable qui pousse très gentiment… et avale au minimum 15 l/100 km en roulant tranquillement. Tout de même !
L’alternative newtimer*
Mercedes-Benz ML 63 AMG (2006 – 2011)
Pour sa deuxième génération, codée W164, le ML change tout. Cette fois, il recourt à une structure monocoque et se passe de rapports courts. Quant à la version AMG, apparue en 2006, elle adopte un V8 totalement différent, le fameux M156, attelé à une boîte auto 7G-Tronic à 7 rapports. Développant 510 ch, ce 6,2 l emmène le ML 63 AMG à 250 km/h et lui fait franchir les 100 km/h en 5,0 s : on est dans un autre monde.
D’autant que les trains roulants, bien plus affûtés que ceux du ML 55, garantissent une précision bien supérieure. Revers de la médaille, le ML63, autrement complexe techniquement, n’offre pas la même fiabilité. Et, rançon de son poids tout aussi élevé, il consomme autant. Restylé légèrement en 2008, il quitte la scène en 2011. A partir de 16 000 €.
Mercedes-Benz ML55 AMG (2001), la fiche technique
- Moteur : 8 cylindres en V, 5 439 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : barres de torsion, double triangulation, barre antiroulis (AV), double triangulation, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 automatique, 4 roues motrices
- Puissance : 347 ch à 5 500 tr/min
- Couple : 510 Nm à 2 800 tr/min
- Poids : 2 230 kg
- Vitesse maxi : 232 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 6,9 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Mercedes-Benz ML55 AMG, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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