Les 80 km/h : de la sécurité routière à la gestion des territoires
C’est un thème de sécurité routière qui semblait pourtant bien ficelé et sans le moindre risque politique pour un gouvernement en place. Car le refrain était connu : stigmatiser la vitesse sous couvert de sauver des vies tout en se donnant l’opportunité d’élargir le spectre de la sanction et des amendes l’illustrant. Les tenants et les opposants habituels allaient s’affronter en vain et la réforme allait passer comme une lettre à la Poste. Seulement voilà, un nouveau front s’est ouvert, inattendu, mais qui montre bien, aussi, que le seuil de tolérance des usagers de la route est à présent atteint.
Pour faire baisser la macabre statistique regrettant 3 456 décès en France métropolitaine en 2017 à la suite d’un accident mortel de la circulation, nos gouvernants ont décidé de baisser la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires à double sens de 90 à 80 km/h. De quoi provoquer un tollé chez les défenseurs des automobilistes et autres motards alors que, de l’autre côté du sujet, les associations ayant développé le concept de la violence routière, la satisfaction n’est pas feinte.
Un environnement maîtrisé et une sémantique connue de la part des protagonistes, un ronronnement qui n’avait pas de quoi ébranler les dirigeants. Sauf que, depuis quelque temps, on est passé de la sécurité routière à la gestion des territoires. Et là, ce n’est plus la même limonade…
Car cette fois, ce sont les élus qui montent au créneau contre cette réforme qui s’appliquera le 1er juillet. « En circonscription, on nous parle que des 80 km/h ! s’agace un député LREM de province. Que les techniciens des ministères aillent se promener sur les marchés de nos villages, ils verront monter la grogne ». Jacques Mézard, le ministre de la Cohésion des territoires et ancien élu du Cantal, aurait exprimé ses doutes lors d’un Comité interministériel de la sécurité routière. En février sur France Inter il a rappelé « qu’il faut tenir compte de la réalité des territoires », sans aller jusqu’à s’exprimer clairement contre.
De son côté, Christophe Jerretie député de Corrèze ne se cache pas derrière son petit doigt. Il a cosigné une lettre ouverte à Emmanuel Macron, pour lui demander de revenir sur la limitation à 80 km/h. « L’Élysée nous a répondu qu’il ne changerait pas de cap, rapporte l’élu. Je suis déçu, quand comprendra-t-on que quand on s’attaque à la gestion des territoires il faut consulter ceux qui connaissent leur fonctionnement ? » Un état des lieux résumé dans les colonnes du Parisien tandis que ce jeudi, Emmanuel Macron interviendra au journal de 13 heures de Jean-Pierre Pernaut sur TF1. Le sujet sera-t-il abordé ?
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