Les assurances indemnisent rarement le mouse jacking
Au moment où les statistiques sortent pour mieux identifier quelles sont les voitures les plus volées dans l’hexagone, il est un autre indicateur qui nous apprend beaucoup sur la manière dont les délinquants accomplissent leur larcin. Si, autrefois, l’effraction et la violence physique étaient l’avers et le revers du vol, il suffit à présent d’une souris pour être fait comme un rat.
Comment peut-on en arriver là ? Vous donnez votre langue au chat ? Sacher que le vol à la souris, le plus souvent identifié sous l’anglicisme de « mouse jacking » est devenu un des modes opératoires les plus prisés des voleurs de voiture. Marc Verdet, fondateur de Traqueur, spécialisé dans les solutions de géolocalisation de véhicules disparus explique : « en cinq ans, la part des vols sous la menace d'une arme, par effraction au domicile ou dans le garage est passée dans nos statistiques de 50% à moins de 20% ». Pendant ce temps, les vols dits à la ruse grimpent en flèche, passant de 30% à plus de 70%. Et le vol à la souris entre dans cette catégorie.
Ces vols sans effraction sont commis en hackant les systèmes électroniques des voitures. Les hackeurs s'introduisent dans les voitures grâce à un ordinateur ou à un équipement électronique portable qui permet de pirater les clés électroniques d'ouverture de porte ou les circuits internes des véhicules. Le vol parfait. Mais pour la victime, c’est la garantie d’une double peine.
En plus de s’être fait dépouiller, le volé n’aura le plus souvent que ses yeux pour pleurer en allant voir son assurance. Dans la grande majorité des cas, celle-ci n’indemnisera rien sans la preuve d’une effraction. Ce que le « mouse-jacking » justement évite. Le travail de l’expert sera donc essentiel. Il devra lancer des diagnostics pour vérifier par exemple que des puces ont bien été reprogrammées, afin de confirmer s'il s'agit bien d'un vol. Cependant, prouver qu'un programme ou un circuit électronique a fait l'objet d'une manipulation extérieure reste difficile.
Face à cette évolution, les assurances en sont à une réflexion pour adapter dans le futur les contrats aux évolutions technologiques. En attendant, il faut regarder ses clauses et constater avec soulagement que son contrat couvre le vol sans effraction. A défaut, il faudra passer sous les fourches caudines d’une longue bataille judiciaire avec sa compagnie.
Mais il semble que la justice commence à comprendre le problème. La cour d'appel de Paris en septembre dernier, a exigé in fine de l'assureur qu'il indemnise son client, malgré l'absence de ces fameuses preuves d’effraction. L'avocat de la victime espère que cela poussera les compagnies d'assurances encore réfractaires à changer leurs conditions générales de vente. A terme, toutes ces clauses restrictives seront, peut-être un jour, considérées comme abusives.
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