Les automobilistes en plein doute
Dans son étude 2024, l'Observatoire Cetelemn de l'automobile souligne les vents contraires qui agitent le marché et destabilisent l'automobiliste. Entre les zones à faibles émissions, les interrogations sur l'intérêt de l'électrique et les questions liées au financement, nombre d'entre nous avouent évoluer dans le brouillard.
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Toujours très attendue, cette étude annuelle menée par l’Observatoire Cetelem de l’automobile*. Celle-ci revêt en effet une dimension internationale - 16 pays dont la Chine et les Etats-Unis ont été sondés, représentant 70% du parc automobile mondial -, et on se rend compte de nombreuses convergences de préoccupations entre automobilistes d’un pays à l’autre.
Pour la France, l’Observatoire souligne l’inquiétude suscitée parmi les automobilistes par la mise en place des Zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), qu’accompagne l’électrification à marche forcée soutenue par les pouvoirs publics.
Alors que 59% des Français connaissent l’existence des ZFE-m, lesquelles concerneront d’ici 2023 les 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants que compte le pays, seuls 56% d’entre nous disposent à ce jour d’une voiture autorisée à y circuler.
Dans le même temps, 53% ignorent encore l’interdiction de vente des voitures à moteur thermique (essence, gazole ou hybride) à l’horizon 2035. On le voit, il existe encore un décalage entre les mesures édictées par le pouvoir politique et la réalité du terrain.
Ainsi, 82% des Européens - Français compris, donc - estiment injuste cette mesure pour les ménages qui pourraient ne pas pouvoir revendre leur voiture à moteur thermique. De même, 71% des personnes interrogées jugent le calendrier trop court, et 62% qualifient d’irréaliste cette réglementation qui selon eux ne verra pas le jour, voire sera annulée. Le fait est que les mises en places de certaines ZFE sont aujourd’hui retardées, à l’image de celle de Bordeaux dont l’application n’interviendra pas avant 2030.
A ces incertitudes réglementaires s’ajoutent celles qui concernent les voitures électriques, dans un contexte où seulement 26% des Européens estiment que l’automobile aura une place plus importante qu’aujourd’hui dans les 5 ans à venir.
Si 81% des personnes interrogées pensent que les progrès techniques amélioreront le bilan environnemental de l’automobile, seuls 60% associent ces mêmes progrès à la voiture électrique (parlez d’un paradoxe !). De même, seuls 50% des Européens (et 38% des Français) croient au fait que l’électrique remplacera complètement à terme la voiture thermique.
« L’électrique a pris un petit coup en termes d’image », commente Flavien Neuvy, Directeur de l’Observatoire Cetelem. Et celui-ci de mettre en avant certains obstacles à venir sur la route du « zéro émission », dont le principal est le tarif de l’électricité pour trois européens sur quatre (74%).
Autre motif d’inquiétude, celui de la capacité des pays à produire suffisamment d’électrons pour alimenter les batteries des voitures : seuls 38% des automobilistes estiment que les infrastructures existantes pourront assumer cette tâche, et ce chiffre tombe même à 29% en France, pays pourtant leader sur le nucléaire !
Dans ces conditions, on comprend mieux cet autre chiffre issu de l’étude, selon lequel seuls 21% des Français imaginent de changer de voiture dans les 12 mois à venir, dans un contexte où on nous incite à acheter des voitures dites propres, mais où l’on ignore hélas encore la teneur du bonus 2024. Or, ainsi que le rappelle Flavien Neuvy : « aujourd’hui, sans aide de l’Etat, on ne vend pas une seule voiture électrique. »
*Etude conduite par Toluna Harris Interactive du 28 juin au 17 juillet 2023 dans 16 pays : Allemagne, Autriche, Belgique, Chine, Espagne, États-Unis, France, Italie, Japon, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Turquie. Au total, 15 000 personnes ont été interrogées en ligne (mode de recueil CAWI). Ces personnes âgées de 18 à 65 ans sont issues d’échantillons nationaux représentatifs de chaque pays. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas (sexe, âge). 3 000 interviews ont été réalisées en France et 800 dans chacun des autres pays.
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