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Les automobilistes qui roulent à l’E85 dans le viseur de Bercy

Dans Economie / Politique / Budget

Michel Holtz

Interrogé par nos confrères du Parisien, un haut fonctionnaire de Bercy s’épanche : si la part du superéthanol continue de croître, le phénomène va représenter un problème pour les finances publiques, tout comme la voiture électrique. Et pour y remédier, une seule solution : la taxation.

Les automobilistes qui roulent à l’E85 dans le viseur de Bercy

C’est un succès logique. Selon le collectif du bioéthanol, qui regroupe les professionnels du secteur, la hausse du nombre d’automobilistes qui se sont convertis à l’E85 ces dernières années dépasse les 300 %. Et toujours selon l’étude réalisée par le groupement, ce n’est pas, pour 74 % d’entre eux, en raison des vertus écologiques de ce carburant, mais bel et bien à cause de son prix : 0,80 euro en moyenne du litre.

D’ailleurs, note l’étude, 42 % des clients de la reprogrammation de leur auto (69 %), ou de l’achat d’une voiture convertie à cette énergie (31 %), sont des employés (30,74 %) et des ouvriers pour 12,36 % d’entre eux qui utilisent leur auto au quotidien et connaissent des baisses de pouvoir d'achat.

Un carburant composé, à 65 % d'éthanol qui contient, entre autres, de la betterave.
Un carburant composé, à 65 % d'éthanol qui contient, entre autres, de la betterave.

Pourtant, cet engouement justifié par la cavalcade du prix des carburants n’est pas du goût de tous. Les associations de défense de l’environnement l’accusent de prendre la place des cultures de denrées alimentaires, alors que les plantes qui le composent, notamment la betterave ne représentent que 0,7 % des terres agricoles. Les mêmes associations accusent aussi ces cultures de consommer trop d’eau. L’E85 a également un ennemi plus officiel du côté de Bercy.

42 milliards de taxes sur les carburants qui pourraient représenter un manque à gagner pour l'État

On s’en doute, l’État, en raison de ses finances en berne, voit d’un mauvais œil le moindre centime réduire son budget. Les carburants lui permettent d’engranger 42 milliards par an sous forme de taxes, et le superéthanol n’a donc pas la côte à Bercy. Tant qu’il restait confidentiel, les financiers publics acceptaient de fermer les yeux. Mais depuis l’engouement pour le pétrole vert, ils s’inquiètent. Une inquiétude qui est également de mise pour les voitures électriques.

Si l’on se doutait bien de cet embarras qui règne au ministère, on ne disposait jusqu’ici d’aucun témoignage formel. Mais le Parisien a recueilli celui, anonyme, cela va de soi, d’un haut fonctionnaire des finances. Et que dit-il ? « Que le jour où l'immense majorité des voitures auront basculé en électrique, et peut-être en partie au superéthanol, il faudra inventer une nouvelle fiscalité. » Voilà qui confirme ce dont on se doutait déjà.

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