Les constructeurs occidentaux ont abandonné la Russie aux Chinois
Michel Holtz , mis à jour
Qui va à la chasse perd sa place. Alors que les constructeurs occidentaux ont tous fui le marché russe, les marques de l'Empire du milieu y sont plus implantées que jamais. S'ils détenaient 9,6 % de parts de marché avant le conflit ukrainien, ils atteignent un score de 31,3 % en cette fin d'année.
Le marché russe n’est pas une bérézina pour tout le monde. Les chiffres de l’AEB (Association of European Business) ont beau être formels et la Russie a beau voir ses ventes plonger depuis le début de la guerre de 60 %, le pays de Poutine continue, bon gré mal gré, à acheter quelques voitures et ce sont beaucoup d’autos chinoises.
Depuis le début de la guerre, ils sont tous partis. Renault et Stellantis, bien sûr, mais aussi BMW, Mercedes, le groupe Volkswagen, les Japonais et les Coréens. Tous se sont retirés de Russie dans le mois qui a suivi la guerre en Ukraine. Résultat : les Russes ne peuvent plus compter que sur leurs constructeurs nationaux. Sauf que ce serait sans compter sur la Chine qui, depuis le début du conflit affiche une pseudo-neutralité dans le conflit. Et non seulement l’Empire du milieu s’allie avec Moscou pour relancer la marque Moskvitch, mais il importe comme jamais ses propres productions en Russie.
Au début de l’année, avant la tentative d’invasion de l’Ukraine, les constructeurs chinois avec, à leur tête, Chery, Geely et Haval (Great Wall), se contentaient de seulement 9,6 % de parts de marché. Aujourd’hui, ils en détiennent 31,3 % et pourraient, selon les analystes, atteindre 35 % en 2023.
Certes, ce bond spectaculaire se déroule dans un tout petit marché de 600 000 voitures seulement prévues pour toute l’année 2022. Pourtant, l’opportunisme chinois pourrait bien se prolonger après la guerre, puisqu’il y aura forcément un après. Et même lorsque les sanctions contre Moscou seront levées, si ce jour arrive, et que les constructeurs occidentaux reprendront le chemin de la Russie, les Chinois seront solidement implantés dans la place.
Un potentiel que les Chinois comptent bien exploiter
Car ce pays de 140 millions d’habitants, représente un marché de plus de 1,7 million de voitures vendues dans ses bonnes années. Les constructeurs étrangers le savent bien et Toyota, en quittant le pays, a abandonné l’un des plus importants marché en Europe au sens large, puisqu’il y vendait plus de 90 000 autos, sans compter 20 000 Lexus. À titre de comparaison, la marque premium du groupe japonais n’a vendu que 4 700 autos en France l’an passé.
Aujourd’hui, les Chinois creusent donc leur trou en Russie et entendent bien y rester à la fin des opérations militaires. Pour y parvenir, ils ont un secret : ils laissent les autos low cost aux constructeurs russes et se concentrent sur le segment généraliste, avec des modèles à plus de 20 000 euros. Les marques de l’Empire du milieu savent que ce marché redécollera après la guerre, lorsque les Russes devront changer de voiture, et auront retrouvé un peu de pouvoir d’achat. Et si la Russie était le laboratoire chinois de l’offensive vers l’Europe ?
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