Les entreprises restent accros au diesel
85 % des véhicules livrés aux sociétés en 2017 carburaient au gazole. Mais la tendance à la baisse du diesel est enclenchée, même si elle sera moins rapide que chez les particuliers.
L'année dernière, pour la première fois depuis 2000, sur le marché des voitures particulières, il s'est vendu plus d'autos à moteur essence que d'autos à moteur diesel. Les modèles fonctionnant au gazole ont vu leur part de marché chuter à 47 %, alors qu'elle était de 73 % en 2012 ! Mais il y a un secteur où le diesel fait de la résistance, c'est celui du véhicule d'entreprise.
Selon les données de l'Observatoire du Véhicule d'Entreprise, relayées par les Échos, sur les 800 000 voitures et utilitaires légers immatriculés pour les sociétés en 2017, 84,5 % étaient équipés d'un bloc diesel. Rien de vraiment étonnant il est vrai, car pour les pros, le diesel continue d'être le plus intéressant, en prenant en compte le prix des carburants et surtout les avantages fiscaux. C'est un choix qui continue d'être rentable, surtout avec des véhicules aux forts kilométrages annuels.
Mais là aussi, il y a une évolution du marché. En effet, la part de marché (PDM) du diesel a reculé de 1,5 point en un an. La baisse a surtout concerné les voitures particulières de société, avec 76,6 % de diesel, en recul de 2 points. Cela s'explique par l'évolution de la fiscalité, avec notamment un changement majeur pour la déductibilité de la TVA. Petit à petit, les règles seront les mêmes pour le sans-plomb et le gazole. Jusqu'à début 2017, seule la TVA sur le gazole pouvait être déduite, ce qui a grandement participé à la "diésélisation" du parc automobile français. Les entreprises seront aussi concernées par la hausse des prix à la pompe, l'État ayant engagé le processus pour aligner les tarifs d'ici 2021.
Reste que pour le milieu des voitures de société, on ne s'attend pas à un plongeon du diesel comme cela a été le cas pour les particuliers. La plupart des véhicules sont sous location avec option d'achat, avec donc des conditions connues à l'avance. Cela évite l'inconnu de la reprise ou revente, un aspect qui semble en ce moment créer la psychose chez les particuliers. La décote des véhicules diesel sur le marché de l'occasion s'est accélérée ces derniers mois. La situation est inverse pour l'essence, la demande augmentant alors que l'offre reste limitée.
L'évolution progressive de la fiscalité fait aussi que le diesel reste pour les trois prochaines années plus avantageux pour les entreprises. Et une fois que l'on sera à l'équilibre, le diesel gardera l'avantage de la consommation. Avec des véhicules qui parcourent plusieurs dizaines de milliers de kilomètres par an, atteindre le point de rentabilité restera possible. On s'attend alors à un équilibre des ventes, s'il y a un équilibre des gammes ! En 2017, côté utilitaires, le diesel est resté un réflexe automatique avec 95 % de PDM, mais c'est aussi parce que les moteurs sans-plomb se font rares sous le capot de ces véhicules.
Chez les particuliers, la chute devrait se poursuivre. Certains constructeurs et équipementiers font leur maximum pour s'adapter au plus vite, certains planchant sur des scénarios catastrophes ! Yann Vincent, qui travaille chez PSA, déclare ainsi à nos confrères de Challenges que des marchés matures pourraient tomber à 0 % de diesel entre 2020 et 2025 !
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