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Les femmes dans l'auto en général et dans la F1 en particulier ? C'est pas gagné

Dans Sport Auto / Formule 1

Michel Holtz

Elles sont inexistantes dans les baquets et très rares dans le paddock. Pour tenter de féminiser la filière, Claire Mesnier, la directrice des ressources humaines d'Alpine tente le pari de la formation de jeunes pilotes au féminin et des recrutements au-delà du seul milieu ultra-fermé et masculin de la Formule 1.

Les femmes dans l'auto en général et dans la F1 en particulier ? C'est pas gagné

À la veille de la grande passe d'armes de ce dimanche, le paddock du circuit Paul Ricard est une fourmilière. Dans les allées et entre les stands du Grand prix de France, des ingénieurs s'agitent et des mécaniciens courent, d'un moteur à un train de pneus. Ce sont des hommes, pour la grande majorité d'entre eux. Dans les baquets, aucune femme ne risque de succéder à Charles Leclerc, vainqueur il y a quinze jours en Autriche. La grille de cette de cette douzième manche du championnat du monde de F1 sera, comme toutes les courses, exclusivement masculine.

Ce milieu, ultra testostéroné, Claire Mesnier tente de le transfomer. Elle est la DRH d'Alpine, une drôle d'entreprise dont les effectifs, à l'image de ceux de Ferrari à ses débuts, sont constitués, pour deux tiers d'un effectif total de 1 800 personnes, de salariés qui se consacrent à la F1. Les recrutements dans ce domaine sont de son ressort "sauf les pilotes, qui ne sont pas salariés". Pour elle, plutôt que de dénicher l'introuvable, à savoir une femme capable de s'aligner sur la piste à bord d'une F1, il faut remonter en amont, avec une filière de formation qui leur est dédiée, en espérant que les vocations naîtront. Ce qu'elle tente de faire avec le programme Rac(h)er. Mais elle souhaite également que les filles travaillent au sein de l'écurie et de la production des voitures de série.

2% de filles seulement dans les formations mécaniques

Sauf qu'elle ne se heurte pas à des vibreurs, mais carrément à un mur. " À l''Estaca, la grande école d'ingénieurs en mécanique française, il n'y a que 8 % de filles", Dans les filières moins cotées, les Bac Pro, CAP et BEP mécaniques, le chiffre est encore plus bas : les garçons forment 98 % de leurs promotions. Elle est tout de même parvenue à recruter 10 ingénieures, dont Ellie Williams, en charge des pièces en carbone durant la saison. Elle est présente sur l'ensemble des Grands Prix et, durant les courses, c'est elle qui veille au bon fonctionnement des arrêts au stand, décidant, en actionnant le feu vert, de la fin des opérations et du redémarrage des autos de Fernando Alonso et d'Esteban Ocon.

Ellie Williams, dans les stands du Grand Prix de France 2022, exclusivement entourée de garçons.
Ellie Williams, dans les stands du Grand Prix de France 2022, exclusivement entourée de garçons.

Une exception ? Certes. "Le recrutement en F1 se fait par cooptation, on ne passe pas de petites annonces, on se croise dans le paddock et on se voit à l''extérieur". Claire Mesnier participe à une dizaine de courses dans la saison à ces fins. Mais les femmes étant rares sur les circuits, elle est obligée d'en passer par d'autres filières.

C'est ainsi que le responsable de projets de l'écurie, est une responsable, débauchée chez l'Oréal. Des chargés de la logistique, autres postes indispensablse en F1, viennent quant à eux de chez Amazon. De plus, quatre femmes sont aujourd'hui au comité de direction de la marque, autour de Laurent Rossi, le patron de la maison.

Bien sûr, cette féminisation voulue par Luca de Meo le boss du groupe, n'a pas pour seul but de répondre à une mode, et n'est pas juste destinée à céder à une tendance #meetoo dans l'air du temps, même si c'est important pour Claire Mesnier. "Dans notre clientèle, il n'y a que 7 % de femmes, c'est moins que chez Porsche". La parité doit donc aussi être un moyen d'attirer les filles dans les concessions, et d'augmenter le chiffre d'affaires d'Alpine, qui en a bien besoin. "On assemble aujourd'hui 7 autos par jour, et on peut monter jusqu'à 30". Quand l'éthique se combine aux affaires, les entreprises n'ont aucune raison de ne pas y céder.

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