Les radars ne prennent pas de vacances
Les départs en vacances des juillettistes ont donné l’occasion à nos dirigeants et autres sommités en charge de notre sécurité routière de lancer une vaste campagne de communication sur la famille radar. Un message teinté d’autosatisfaction et imprégné de la seule certitude d’une vitesse seule cause accidentogène alors que l’on pensait le débat aujourd’hui enfin ouvert aux conduites addictives, imprudentes sans oublier les dangers d’une somnolence au volant en vogue. Alors allons-y pour l’inventaire.
Le Délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe, se frise les moustaches. Pour cet été, ce sont 4 200 radars en tous genres, fixes ou mobiles, signalés ou non, qui seront disposés sur le territoire. Un parc qui devrait être par ailleurs porté à 4 700 d'ici fin 2018. Le contingent se compose de 2 100 radars « cabine » apparus en 2003, dont 400 flashent en double sens. Il y a aussi entre 250 et 300 radars discriminants fixes qui font la distinction entre les différents types de véhicules, notamment les poids lourds qui font l'objet de limitations spécifiques.
Les nouveaux venus sont les radars « tronçon » qui calculent la vitesse entre deux points. Au point d'entrée, une caméra prend un cliché de chaque véhicule, de sa plaque et relève son heure de passage. Au point de sortie, un autre cliché permet de calculer la vitesse moyenne sur la section et un éventuel dépassement de la limite légale. Ils sont une centaine, soit à peu près autant que les radars autonomes ou radars « chantiers ». Ces radars semi-fixes sont posés sur des remorques blindées, placées sur des zones de danger temporaires (comme les chantiers) où la limitation de vitesse est abaissée. Inaugurés en juillet 2015, ils flashent dans les deux sens de circulation.
Le radar, ça bouge aussi. C’est le cas des machines embarquées à bord d'un véhicule peuvent être utilisées à l'arrêt au bord de la route ou débarquées. Il y en a 500 de ce type en fonction. Une génération prometteuse puisque depuis mars 2013, ces radars sont mis en place à bord d'une voiture banalisée et sont destinés notamment à lutter contre les grands excès de vitesse. Le parc actuel compte 319 voitures et l'objectif est de le porter à 440 d'ici deux ans. Mieux, le pilotage de ces voitures sera confié à des prestataires privés agréés par l'État à partir de fin août dans le cadre d'une expérimentation, avant une probable généralisation en janvier 2017. Mais les infractions seront toujours traitées comme actuellement au Centre automatisé de constatation des infractions routières à Rennes.
La vitesse n’est pas la seule cible du radar. Il y a en effet aussi les radars feu rouge et radars passages à niveau. Leur présence n'est pas signalée car les feux qui marquent ces intersections constituent en eux-mêmes une signalisation. Ils prennent deux clichés, un lors du franchissement de la ligne d'arrêt et un deuxième pour voir si le véhicule s'est arrêté au-delà de la ligne ou s'il a poursuivi sa course. Généralement, une amende n'est envoyée que dans ce dernier cas. Au total, 712 sont disposés aux feux rouges, et 80 aux passages à niveau.
Et puis il y a le radar leurre, pour renforcer l'incertitude des contrôles. Le Premier ministre Manuel Valls nous en a promis entre 10 000 et 12 000. Certains sont des « leurres par panneaux », c'est-à-dire des panneaux signalant des zones de contrôle où les radars sont parfois présents mais aussi parfois retirés. Les autres sont des cabines identiques à celles des radars, où le système de mesure peut être déplacé de telle sorte que les automobilistes ne savent pas s'il s'agit d'un leurre.
Plus tard, enfin, il y aura des drones pour détecter les « conduites à risques ». Mais il faut examiner la faisabilité financière et la faisabilité technique des contrôles utilisant ces matériels sophistiqués.
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