Les sociétés d'autoroutes veulent privatiser des nationales
Les sociétés concessionnaires sont très intéressées par les portions d'autoroutes non concédées et par des nationales. Avec un argument pour convaincre l'État : celui-ci n'a plus les moyens de les entretenir.
Plus de 9 000 km d'autoroutes ont été concédées par l'État depuis 2006. Mais les sociétés qui les gèrent ont de l'appétit. Elles en veulent plus. Elles lorgnent sur les autoroutes qui n'ont pas été privatisées. Parmi les tronçons encore gratuits, il y a par exemple l'A75 entre Clermont-Ferrand et Montpellier (à l'exception du viaduc de Millau).
Et ce n'est pas tout. Les concessionnaires autoroutiers veulent mettre la main sur des routes nationales, un réseau qui représente près de 10 000 km. France Info a eu accès à une note interne de l'ASFA, l'association des sociétés françaises d'autoroutes, datant de 2014. On peut y lire : "ce modèle vertueux [des concessions] pourrait s’élargir à l’ensemble du réseau routier national".
Pour convaincre l'État, l'argument numéro 1 est bien sûr l'argent : "le transfert de tout ou partie du réseau routier national est de nature à provoquer un choc budgétaire très significatif, soulageant le budget de l’État et pérennisant les capacités d’entretien du réseau". Le gouvernement pourrait se laisser convaincre car les finances manquent pour entretenir le réseau rapide non concédé, dont l'état se dégrade. Évidemment, la privatisation se ferait avec une contrepartie : un péage ou un allongement de la durée de la concession !
Interrogé par France Info, Arnaud Hary, président de l'ASFA, ne cache pas la volonté des sociétés de récupérer des nationales. Mais pour lui, cela concerne les portions que l'État veut lui-même transformer en autoroutes : "Prenons l’exemple de la route Centre-Europe Atlantique (RCEA), entre Mâcon, Limoges et Poitiers : l’État a décidé de transformer 100 kilomètres de routes nationales en autoroutes. Les sociétés d’autoroutes répondent toujours à l’appel d’offres pour moderniser." L'idée n'est pas nouvelle, elle a déjà été appliquée dans les Landes. Il y a quelques années, la RN10 a été transformée en portion d'A63 concédée à Atlandes, avec un péage de chaque côté du département.
Du côté du gouvernement, l'heure est à la réflexion. Les ministres des Transports et des Comptes publics ont mis en place un groupe de travail sur "l'évolution de la gestion" du réseau routier national non concédé.
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