Les taxes automobiles rapportent de plus en plus mais le budget de l'entretien des routes chute
C'est un paradoxe. Alors que les recettes liées à l'automobile augmentent, portées notamment par la hausse des taxes sur les carburants, les dépenses pour l'entretien des routes baissent année après année !
Un sondage vient de le confirmer : en matière de sécurité routière, s'ils ne sont pas opposés à toutes les formes de répression, les Français veulent avant tout une amélioration de l'état des routes.
Et nombreux sont ceux qui pensent que le réseau hexagonal se dégrade. Une impression qu'a validée un rapport* publié il y a deux ans : en 2012, la France détenait la 1re place du classement mondial de la qualité des infrastructures, en 2015 elle avait chuté en 7e position. Ces jours, on se rend compte que la situation est préoccupante sur les axes malmenés par les vagues de froid, qui ont multiplié les nids-de-poule.
Le problème, c'est que le budget de la route baisse depuis plusieurs années. Selon un rapport de l'URF (Union Routière de France), les dépenses des administrations nationales et locales pour la route sont tombées en 2016 à 13,3 milliards d'euros, dont 11,9 milliards pour les collectivités territoriales. Pour ces dernières, il y a eu 6,9 milliards d'euros d'investissement et 5 milliards de frais de fonctionnement.
Selon l'URF, les dépenses des administrations publiques ont baissé de 26 % depuis 2012. En 2015, le budget global était supérieur à 15 milliards d'euros, et en 2013, il tournait autour de 19 milliards ! Cette situation s'explique notamment par la baisse des dotations de l'État, qui nuit fortement à la capacité de financement des collectivités locales. Bien souvent, faute de moyens, on fait le minimum avec des pansements sur le goudron, plutôt qu'une vraie réfection de la chaussée.
Mais le paradoxe que souligne l'URF, c'est que dans le même temps, les recettes liées à la route grimpent sans cesse. En 2016, la fiscalité routière et automobile a rapporté près de 40 milliards d'euros (sans la TVA). Une grande partie provient de la TICPE, la principale taxe sur les carburants, qui a permis à l'État de récolter 28 milliards d'euros. Le souci, c'est que comme l'écrit l'URF "contrairement aux modes ferroviaires, fluviaux et aériens, le financement de l'entretien des routes n'est pas garanti par une ressource affectée". Ainsi, la TICPE part bien dans les caisses de l'état, des régions et des départements, mais rien ne garantit qu'elle va servir à entretenir le réseau !
L'URF dénonce une explosion de la différence recettes/dépenses, qui a progressé de 54 % depuis 2012, passant de 17 à 25 milliards d'euros ! Le pire, c'est que les taxes sur les carburants progressent toujours, rapportant davantage d'argent… mais l'État se pose la question de la création d'une nouvelle taxe pour les poids-lourds qui servirait à financer l'entretien des routes !
* The Global Competitiveness Report 2016–2017
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