Les voitures les plus rapides du monde - Blitzen Benz, 200 km/h avant les autres
Si la Jaguar XK 120 est la première auto de série à franchir la barre des 200 km / h. Une auto de course a dépassé cette vitesse exactement quarante ans avant l'Anglaise. La Benz 200PS, surnommée "Blitzen Benz" et sa cylindrée de 21,5 l ont atteint les 200 km/h, et même plus, en 1909.
Les records et la vitesse, c’est pas son truc. Carl Benz n’a qu’une obsession : fabriquer des voitures solides, confortables, fiables et plutôt abordables. Ce qu’il fait tranquillement dans son usine de Mannheim en Allemagne, en ce tout début du siècle dernier. Et cette ligne de conduite lui réussit plutôt bien, en cette année 1900, il est même le plus grand constructeur au monde, avec 603 autos construites, ce qui est un chiffre très légèrement en deçà des plus de 10 millions de voitures assemblées par Toyota en 2023.
La course auto ? Pas nécessaire
Mais en ce siècle nouveau, Benz & Cie est une affaire plutôt rentable. Un succès qui attise la concurrence, notamment du côté d’Untertürkheim, non loin de Stuttgart, toujours en Allemagne. C’est là que Gottlieb Daimler a installé son entreprise. Et la Daimler-Motoren-Gesellschaft fait parler d’elle. Car contrairement à Benz, plutôt discret, son rival adore la pub. Celle des Mercedes qu’il fabrique (du nom de la fille d’Émile Jelinek, le plus gros concessionnaire de la marque en France), celle aussi que lui apportent les retombées retentissantes de la course auto.
Alors Carl Benz se résout lui aussi à fabriquer une voiture uniquement destinée aux records, une « auto plutôt inutile » comme il le confie à ses collaborateurs qui le pressent d’investir dans ce domaine. il va même finir par se piquer au jeu. En 1908, une première auto de course participe très honorablement à quelques épreuves comme celle qui relie Saint Petersbourg à Moscou qu'elle remporte. Mais l’engin, de 150 ch tout de même, n’est pas suffisamment puissant pour Benz, et surtout pas pour son ingénieur Julius Ganns. Leur idée ? Frapper plus fort et rouler plus vite que tout ce qui existe. Plus vite qu’un avion ou un train. Pour y parvenir, il faut dépasser les 200 km/h.
Alors Julius se met au boulot et accouche d’un monstre. La carrosserie de la 150 et son châssis sont peu ou prou conservés mais le moteur va radicalement évoluer. Pour parvenir aux 200 ch nécessaires, l'ingénieur crée un bloc de quatre cylindres et de 21,5 l, une bagatelle. L’énorme moteur de plus de 405 kg tourne à 1 650 t / mn à son maximum et il est dépourvu de collecteur et de pot d’échappement. Ceux qui ont approché la Benz 200, n’oublieront jamais le bruit d’enfer qu’elle produit. C'est le cas de la petite troupe réunie le 8 novembre 1909.
Tout ce petit monde se retrouve à Brooklands au Royaume-Uni. Pourquoi ce voyage depuis Mannheim ? Parce que c’est la seule piste en Europe suffisamment longue pour accueillir le record que Benz veut pulvériser. Brooklands est même le premier véritable circuit automobile au monde, avec des virages relevés et un développement de 4,2 km. Il est ouvert depuis 1907 non pas pour des raisons purement sportives, mais tout simplement, parce qu’en Grande Bretagne, une loi, le Motor Act de 1903, limite la vitesse des voitures à 20 miles à l’heure (soit 32 km/h), d’où l’obligation d’aller sur des circuits pour rouler plus vite.
A Brooklands, donc, en ce début novembre, c’est un pilote Français, et Sarthois de surcroit, qui prend le volant. Victor Hemmery est secondé par un autre Français, un autre Victor : Demogeot. Ce dernier est notamment chargé d’activer la pompe à essence de l’engin, qui est manuelle.
Après quelques tours de chauffe, le record tombe. La Blitzen Benz, comme elle sera rebaptisée, atteint 205,666 km/h et détiendra le record du moteur à combustion le plus rapide du monde, pour quelques années du moins.
Carl Benz quant à lui, a pris goût à la publicité et il ne manquera pas de faire connaître son exploit jusqu’aux Etats-Unis ou quelques exemplaires, sur les 6 Blitzen Benz qui seront construits, se produiront devant un public assourdit par le bruit, notamment à Daytona Beach. Quant à sa rivalité avec Gottlieb Daimler, elle s’éteindra avec la mort de ce dernier. C’est avec son fils Paul, que Benz va créer, en 1926, ce qui deviendra Mercedes-Benz.
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