LOA: l'horizon s'obscurcit
Mais qui achète encore sa voiture? Pas les automobilistes français, qui en octobre sont 58% à avoir financé leur véhicule neuf par l'intermédiaire d'une location longue. Si ce type de formule dynamise le marché, il comporte des pièges pour le client. De plus, les organismes prêteurs seront bientôt soumis à des règles plus sévères.
Après des années à végéter dans l’ombre du bon vieux crédit, les formules de location avec option d’achat (LOA) ou location longue durée (LLD) ont maintenant pris leur envol, même et surtout auprès des particuliers.
En octobre, les LOA ont ainsi représenté 58% des financements auto, contre 40% quatre ans plus tôt. Ce chiffre constitue un record…mais un record qui devrait être rapidement battu.
En effet, cette formule permet à nombre d’automobilistes de disposer de voitures neuves, pouvant accéder sans encombres au Zones à Faibles Emissions, et qu’ils n’auraient pas forcément les moyens de s’offrir autrement tant les tarifs ont explosé ces derniers temps.
C’est donc aussi un moyen de contribuer au dynamisme du marché automobile, dont le volume global dépassait déjà à la fin novembre le niveau établi sur l’année 2022 : « Sur les onze premiers mois de l’année, 1,59 million d’unités ont ainsi été écoulées contre 1,53 million sur l’ensemble de l’année dernière », commente le cabinet AAA Data, spécialisé dans l’analyse du marché automobile.
La sérénité a un prix, élevé.
Le succès des formules locatives repose sur la souplesse qu’elles apportent : on raisonne uniquement en termes de budget mensuel, avec des loyers moins élevés que les mensualités d’un crédit car on ne finance qu’une partie de la valeur à neuf de la voiture convoitée. Celle-ci bénéficie généralement d’une extension de garantie et de l’entretien assuré pendant la durée du contrat.
On s’offre ainsi une parfaite sérénité, mais en oubliant parfois un peu rapidement que ces formules reviennent finalement plus cher que le bon vieux crédit.
De plus, le tout s’inscrit en outre dans un cadre très normé, puisqu’il faut respecter le kilométrage initialement prévu au contrat (faute de quoi des pénalités dissuasives s’appliquent) et rendre une voiture en bon état de présentation.
Pas de miracle, donc, mais la tranquillité d’esprit est à ce prix dans un marché où les automobilistes sont un peu perdus entre les SUV (qu’ils continuent d’acheter en masse malgré les injonctions des écologistes), les motorisations électriques encore onéreuses et pas facile à recharger pour quiconque vit en immeuble, et les hybrides pas toujours très convaincantes à l’usage, notamment pour les versions rechargeables très onéreuses et qui ne sont intéressantes que si on joue parfaitement le jeu de la recharge (mais en ce cas, autant prendre une électrique).
Pour toutes ces raisons, les LOA et LLD (qui s’adressent surtout aux entreprises) ont encore de beaux jours devant elles. En 2024, où une érosion des immatriculations de voitures neuves est à craindre du fait d’un ralentissement des commandes, elles devraient contribuer à tirer le marché vers le haut.
L'Europe s'en mêle
Cette martingale - du point de vue des constructeurs, s’entend - devrait perdurer au moins jusqu’à la fin 2026. En vertu d’une nouvelle directive européenne sur le crédit à la consommation, les LOA seront considérées comme des crédits, et soumises aux mêmes contraintes. La réglementation, plus stricte, obligera ainsi les pros à afficher le Taux annuel effectif global (TAEG) de chaque formule, et donc son coût total. De quoi refroidir les ardeurs des clients, même si la LOA peut contenir des services que le crédit n’offre pas.
Surtout, cela supposerait que la LOA soit soumise au taux d’usure, c’est-à-dire le taux maximal auquel une banque peut prêter, mécanisme permettant de protéger l’emprunteur. Au 1er novembre, ce seuil d’usure était fixé à 7,01% pour les prêts d’un montant supérieur à 6 000 €. Or, ce taux apparaît trop faible pour les organismes de financement, qui pourraient alors avoir des difficultés à proposer des formules de location alléchantes.
Les services de Bercy ont maintenant trois ans devant eux pour travailler à la transposition de cette directive en droit français, de façon à ce que celle-ci ne « plombe » pas un marché automobile en pleine électrification, avec des voitures qui promettent de rester onéreuses encore longtemps.
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