Mais où sont passés les phares escamotables ?
Accessoires incontournables des voitures de sport des années 70 et 80, les phares escamotables, ou pop-up, ont totalement disparu de la production mondiale. Pour des raisons sécuritaires, notamment…
Vous vous rappelez la Matra 530 ? Cette petite sportive de la fin des sixties arborait un accessoire affriolant en diable : des projecteurs escamotables. Ceux-ci, apparus en 1935, aux Etats-Unis, sur la Cord 810, n’ont guère connu de succès avant les années 60. Les voitures de sport devenant de plus en plus fuselées pour des raisons empiriquement aérodynamiques, on commence à se demander comment conserver un éclairage performant. Car oui, comment installer de gros projecteurs sur un museau tout fin sans perturber les flux d’air ?
Lotus propose une solution dès 1962 sur sa géniale Elan : revenir aux phares escamotables. La petite anglaise connaît un joli succès, à l’instar de l’autre sportive à arborer ce détail savoureux : la Chevrolet Corvette C2, en 1963. Là encore, la clientèle approuve en masse. Puis, en 1967, la petite Matra 530 y vient, suivie des Ferrari Daytona USA, Lamborghini Islero et Opel GT en 1968. Même les berlines s'en dotent, aux USA, avec les Ford Thunderbird en 1967 (oui, à l’époque, elle s’équipe de quatre portes) et Chevrolet Caprice en 1968, pour des raisons purement esthétiques. Car oui, le fait de cacher les optiques confère à une voiture un parfum exotique, ce qui constitue un bel argument de vente, pour qui souhaite se différencier de son voisin de lotissement…
Dans les années 70, ces phares qu’on ne voit pas continuent de plaire, équipant des sportives populaires telles que les Fiat X1/9, Matra Bagheera et autre Porsche 924. Car ils rappellent toujours des engins inaccessibles, tels les Lamborghini Countach, Ferrari BB, Maserati Bora… L’effet s’amplifiera dans les années 80, où encore plus nombreuses seront les autos abordables à s’en parer : Toyota MR2, Pontiac Fiero, Nissan 200 SX, mais aussi une paire de Mazda qui s’écouleront à des centaines de milliers d’exemplaires. On pense à la 323 F, une petite berline aux faux-airs de coupé et surtout la mythique MX-5, toutes deux apparues en 1989. La France demeure en retrait du phénomène, proposant seulement l’éphémère Matra Murena en 1980 et l’onéreuse Alpine A610 en 1991.
Mais, progressivement, les projecteurs escamotables vont disparaître, de la vue comme de la production. Ferrari commence à y renoncer en 1994 avec la F512M, une Testarossa modernisée et signalée par ses phares fixes. Le constructeur anticipe la norme européenne R127e entrant en vigueur en 1995 et stipulant que pour protéger les piétons en cas de choc, l’avant des voitures devra gagner en souplesse ainsi qu'en rondeur.
Les phares escamotables, ornant des museaux pointus et comportant, pour fonctionner, des mécanismes rigides, ne peuvent que très difficilement y satisfaire ! Alors, ils vont progressivement disparaître, d’abord en Europe, ensuite dans le reste du monde, les constructeurs souhaitant uniformiser la production et réduire les coûts. La dernière voiture à sortir équipée de tels projecteurs sera d’ailleurs une américaine, la Chevrolet Corvette C5, lancée en 1997. Elle prendra sa retraite en 2004, emportant avec elle les fameux phares « pop-up », aujourd’hui tellement cools.
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